Editeur : Libretto
Genre : Drame, gothique
Parution : 1954
Pages : 260
Au lendemain de la guerre, une jeune fille élevée dans le meilleur monde se laisse épouser par un hobereau de la Haute-Auvergne. Tournant le dos à une existence parisienne vouée à la mondanité, elle ira vivre avec lui dans la retraite anachronique d’un vieux manoir de famille, au cœur des Bois-Noirs, ce petit massif forestier perché entre la Loire et l’Allier, et que le temps semble avoir oublié. Dans ce lieu d’un autre âge, elle découvre avec quelque stupeur un monde qui n’a pas encore dépouillé son antique barbarie – monde auquel elle décide, tant bien que mal, de s’adapter. Elle y sera aidée par l’amitié affectueuse – et bientôt passionnée – de son beau-frère. Mais leur inclination, d’abord inavouée, ne tarde pas à s’opposer à la sauvagerie native du mari, personnage taciturne, emmuré dans sa solitude, et qui nourrit pour sa femme un sombre et insatiable amour. Au point de devenir à son tour, poussé par ses démons, le ministre d’un destin qui a fait séculairement de la vieille demeure le royaume de la Mort la plus cruelle.
Suite à la vidéo de la pétillante Lemon June sur ce roman, je me suis empressée de l’acheter afin de comprendre l’intérêt qu’il a suscité chez la booktubeuse. Et je suis très contente de mon achat car j’ai beaucoup aimé cette lecture ! Il faut dire que cette histoire réunit plusieurs éléments qui ne pouvaient que me plaire : un manoir perdu au fin fond de la campagne en total délabrement, une jeune femme mariée à un homme rustre et froid qu’elle connait à peine, un mystère qui plane autours de la famille de cet homme, et surtout une ambiance pesante et glauque.
L’histoire de ce roman est assez simple : on suit dans les années 1950 Hélène, une jeune femme de 28 ans tout juste mariée à Gustave un homme de 45 ans propriétaire d’une fortune. La jeune femme quitte Paris pour aller vivre dans le château de celui-ci. Si à la base, son mariage lui promet une riche vie de châtelaine, Hélène va très vite déchanter lorsqu’elle descend du train pour rejoindre son mari. Une vieille voiture dans un état lamentable l’attend pour l’emmener dans un château qui se révèle lui même dans un état de délabrement à faire fuir n’importe qui.
Le château n’est plus entretenu depuis des années : les trois quarts des pièces sont plongées dans le noir, si ce n’est le plafond détruit par endroit, ainsi qu’un parc rempli de ronces le rendant impraticable. Mais ce n’est pas tout, le gentlemen qu’Hélène pensait avoir épousé, une fois arrivé au manoir, va revêtir ses vêtements de paysan et ne plus quitter sa chambre pour collectionner des timbres. Peu loquace, les seuls moment où Gustave s’approchera de sa femme ne sera que pour une partie de jambes en l’air, le reste du temps préférant largement la solitude et le silence aux balades et divertissements de sa femme.
Mais que ce livre est glauque ! Si aucune scène de violence ou de gore n’est présente dans ce roman, on ne peut s’empêcher d’éprouver un sentiment de malaise totale vis à vis de Gustave et de ce château morbide. J’ai été plus d’une fois répugnée par le personnage de Gustave qui est vraiment égoïste et immonde, malgré son insupportable passivité. Plusieurs fois je me suis demandée comment Hélène a pu tomber amoureuse de lui et l’épouser… L’amour rend aveugle mais quand même ! Pour moi, Gustave est juste un gros pervers et psychopathe sur les bords, il m’a horrifié.
L’auteur a habilement décrit ce sentiment de malaise et d’ennui qui est éprouvé par Hélène sans jamais ennuyer le lecteur. On suit Hélène qui déambule dans ce château froid et humide, complètement coupé de l’extérieur. Au final ce roman peut s’apparenter à un huit-clos, tant on quitte si peu le château et son parc.
La dernière partie du roman change radicalement de style et j’ai trouvé le dénouement intelligent et particulièrement bien amené ! Malgré le fait que l’on devine une partie de la résolution finale, j’ai quand même été surprise par toute la manigance mise en place. On voit peu à peu les personnages basculer dans un état de lassitude et de dépression, donnant l’impression que le château exerce un pouvoir sur eux. On peut pratiquement dire que la grande bâtisse est un personnage à part entière tant elle a son importance dans l’histoire.
En bref, j’ai passé un très bon moment avec ce roman que j’ai dévoré en trois jours. Si vous aimez les ambiances gothiques, froides et pesantes, ce roman est fait pour vous !
9/10
Publicités