Animosity – Tome 1 – Le Réveil. Marguerite BENNET et Rafael DE LA TORRE – 2017 (BD)

Par Vivrelivre @blandinelanza

Post-apocalypse, fantastique, road-trip, animalisme (CLIC), prise de conscience, végéta*isme

Il y a désormais un après.

Entre les deux, le moment où tout a basculé, cet instant T, c'est le Réveil.

Le moment où les animaux se sont réveillés, se sont mis à parler, à agir, à penser et surtout, à se venger.

Vengeance contre ces humains qui les ont dressés, violentés, agressés, dominés de multiples façons (domestique, alimentaire, de loisirs).

Certains ont profité de l'aubaine pour piller, tuer, faire régner la loi du plus fort et la terreur.

D'autres se sont regroupés, organisés, ont formé des milices animilitaires.

Ils s'opposent aux militaires américains, et aux hommes en général.

Mais ils en restent, peu, qui ne veulent pas de cette dualité. Fini le carnisme et finie la soumission mais pas l'amitié, voire l'amour, ou tout du moins les liens qui les unissent aux humains.

Un respect mutuel peut exister.

Au centre de ce chaos, l'intrigue se centre sur le duo Jesse/Sandor.

Jesse est une jeune ado d'environ 13-14 ans. Ses parents, Oscar et Shannon, ont été tués par des charognards.

Sandor le limier, qui doit son nom au personnage de Game of Thrones, Sandor McLeane, est un Saint-Hubert adopté par Jesse lorsqu'elle avait 5 ans. Elle l'avait choisi car il était le plus faible et chétif de la portée.

Ensemble, le chien protégeant l'humaine, et l'appelant " cowgirl " ou " sa fille " (mais pourquoi donc ? j'ai ma petite idée mais la réponse ne se trouve pas dans ce tome), cherchent à se rendre en Californie, retrouver la seule personne capable de la protéger dans ce nouveau monde.

Road-trip post-apocalyptique, oscillant entre l'horreur (nombreuses présences de sang et de souffrance) et le fantastique, ce récit aborde un sujet sociétal d'actualité et qui nous pousse à nous interroger sur le lien qu'entretient l'Homme avec l'animal.

Végéta*ienne et antispéciste, je ne pouvais qu'être attirée par le synopsis de cette BD. Mais je suis dubitative sur certains aspects.

Oui, les animaux sont doués de sensibilité, d'intelligence (sans qu'il soit question de proportionnalité avec l'Homme - Lire Le règne du vivant d'Alice Ferney à ce sujet), de conscience

Mais le scénario prête aux animaux des sentiments et des pensées bien trop humains à mon sens. Cela m'a gênée.

Les quelques humains cohabitant avec les animaux, sont enchaînés et à leur service. Parmi eux, un jeune homme, vegan. Mais il est si peu loquace, même libéré, qu'il semble mou, insipide. Gagnera-t-il en consistance dans les autres tomes ? Je l'espère.

Le fil de l'histoire, divisé en cinq parties, jongle entre le présent et le passé, sans que cela soit toujours clair. Il en résulte des zones d'ombre qui abîment la fluidité du récit.

Par contre, j'ai adoré les références et clins d'œil disséminés ça et là, comme une ode à nos différences., au passage du temps, au vivre ensemble.

Quant aux dessins, ils sont un atout indéniable de cet album (et série certainement).

En pleine page, bandes, cases qui alternent en taille comme en orientation, ils nous immergent dans l'action.

Les expressions animales sont très travaillées, à l'inverse des décors plus simples, pour ne pas disperser notre attention.

Animosity est un comics à succès aux Etats-Unis.

Loin des héros bodybuildés du genre, il nous présente un album militant donc, mais sans manichéisme, qui nous incite à la réflexion sur nos comportements envers les animaux, et en particulier alimentaires, mais aussi sur nous-mêmes. Repenser notre relation et notre rapport au vivant.