J’ai du mal à réaliser mais il y a déjà quarante ans Goscinny nous quittait. Une exposition rassemblant plus de deux cents œuvres (planches et scénarios originaux) et de nombreux documents inédits sortis des archives Goscinny, retrace le parcours de ce fils d’immigrés.
René Goscinny (1926-1977) est un scénariste de bande dessinée, journaliste, écrivain et humoriste français, également réalisateur et scénariste de films. Il est l'un des rédacteurs en chef de Pilote, créateur d’Astérix, d’Iznogoud et du Petit Nicolas, scénariste de Lucky Luke durant une longue période, c’est l’un des auteurs français les plus lus au monde.
Son père, Stanislas, né en 1887 à Varsovie (Pologne), fils de rabbin, s'installe à Paris après la Première Guerre mondiale pour suivre des études d'ingénieur chimiste. Sa mère, Anna, née Beresniak, née en 1889 à Khodorov alors en Russie (aujourd'hui Ukraine), est issue d'une famille d'éditeurs et doit quitter avec sa famille son village à la suite des pogroms. La famille s'établit à Paris en 1912, où le grand-père maternel de René Goscinny, tient une imprimerie. C’est dans la capitale que Stanislas et Anna se rencontrent et se marient en 1919.
Ils ont d’abord un premier fils, Claude Goscinny, né en 1920 et en 1928, deux ans après la naissance de leur fils René, les Goscinny partent pour Buenos Aires, en Argentine, où le père a décroché un poste d’ingénieur chimiste. René Goscinny étudie dans les écoles françaises de la ville. Il commence à dessiner très tôt, inspiré par les histoires illustrées comme Zig et Puce, Superman, Tarzan et surtout Les Pieds Nickelés.
René Goscinny, accompagné de sa mère, quitte l’Argentine pour New York en 1945, afin de rejoindre son oncle Boris, le frère de sa mère. « Résolu à tenter une carrière de dessinateur dans le cinéma d’animation, René entre en apprentissage dans une agence publicitaire new-yorkaise. En 1946, alors que s’offre à lui la possibilité d’obtenir la nationalité américaine en servant comme GI, il choisit de rester français et effectue son service militaire en France. De retour à New York en 1947, il travaille comme illustrateur peinant, durant quatre ans, à subvenir à ses besoins. Il y rencontre le dessinateur Harvey Kurtzman, futur créateur de Mad. (…) Kurtzman lui présente Will Elder, John Severin et Jack Davis qui l’initient à l’art du comic book. Toute son œuvre sera marquée par cette expérience. A New York, Goscinny fait aussi la connaissance de Jijé, installé dans le Connecticut depuis 1947, pilier de l’hebdomadaire franco-belge Spirou, qui lui présente le jeune dessinateur belge Morris. »
En 1951, Goscinny quitte New York pour la France. Il fournit textes et dessins à divers magazines (Bonnes soirées, Spirou…) et se lie avec Jean-Michel Charlier et Albert Uderzo. Scénariste très demandé dans les années 1953-1955, Goscinny collabore avec les dessinateurs Franquin, Jijé, Morris, Sempé, Tabary, Uderzo… Entré dans l’hebdomadaire Tintin, il intensifie sa collaboration avec Uderzo et Morris.
En 1955, Goscinny, Jean-Michel Charlier et Uderzo tentent de monter un syndicat au sein de la World Press afin que les dessinateurs soient considérés comme les propriétaires de leurs œuvres, et non les éditeurs. Goscinny, suspecté d’avoir fomenté ce mouvement, est licencié de l’agence de presse. Charlier, Uderzo et Jean Hébrard l’accompagnent par solidarité et fondent le syndicat d’édition Edipress/Edifrance. A la même époque, Goscinny abandonne progressivement le dessin pour se consacrer exclusivement à l'écriture. Sous le pseudonyme d’Agostini, Goscinny écrit Le Petit Nicolas pour Jean-Jacques Sempé dans Le Moustique et plus tard dans Sud Ouest, puis Pilote.
Pour moi, Goscinny débute avec le journal Pilote au tout début des années 60’ (en fait le premier numéro date du 29 octobre 1959) et Astérix la fameuse autant qu’increvable BD qui continuera bien après la mort de son scénariste. Il faudra que j’écrive un long billet hommage sur Pilote un de ces jours tant ce journal a compté pour moi… Mais c’est aussi Iznogoud (« Je veux être calife à la place du calife ») sans oublier Lucky Luke (dont je n’ai jamais vraiment été fan) ou Le Petit Nicolas délicieux de finesse.
Une exposition à ne pas manquer.
Exposition René Goscinny « Au-delà du rire » : Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, 71 rue du Temple 75003 Paris – du 27 septembre au 4 mars 2018 –
Et si vous en voulez encore plus, une autre exposition « Goscinny et le cinéma » se tient à la Cinémathèque française, 51 rue de Bercy 75012 Paris, du 4 octobre au 4 mars 2018.
Photos : Le Bouquineur