En cherchant des docus et autres émissions à voir récemment, je suis tombée sur le replay de La Grande Librairie.
L’émission, datant du 14 septembre, est disponible 30 jours en ligne. Elle m’a particulièrement attirée du fait de ses thématiques, qui me parlaient beaucoup : psychologie du fait religieux et avenir de l’espèce humaine.
Le thème de la religion était principalement abordé à travers l’ouvrage Psychothérapie de Dieu de Boris Cyrulnik. Ce neuropsychiatre s’attache à analyser notre rapport au divin et le besoin de Dieu chez l’homme.
Aujourd’hui, sur la planète, 7 milliards d’êtres humains entrent plusieurs fois par jour en relation avec un Dieu qui les aide.
Ils sont mus par le désir d’offrir à Dieu et aux autres humains leur temps, leurs biens, leur travail et parfois leur corps pour éprouver le bonheur de donner du bonheur.
Méditer, trouver son chemin de vie personnel, éprouver la joie de se sentir vivant parmi ceux qu’on aime – la spiritualité élargit la fraternité à tous les croyants du monde.
La psychothérapie de Dieu nous aide à affronter les souffrances de l’existence et à mieux profiter du simple bonheur d’être.
Il y a certainement une explication psychologique à cette grâce.
Ce livre est le résultat de cette quête.
Le débat autour de ce thème impliquait notamment Éric-Emmanuel Schmitt, Marie Darrieussecq et Lambert Wilson. Il dépeignait des visions et des relations à Dieu très variées et complexes, très personnelles. D’un côté, il y a l’angle psychologique notamment abordé par le livre, selon lequel Dieu répond à un besoin fondamental de l’homme : celui d’ordre et de structure, d’un sens à notre présence sur Terre, ainsi que d’une figure protectrice, presque paternelle. Mais le rapport à Dieu se décline sous bien d’autres formes : certains invités avaient fait l’expérience de moments de « révélation », ce « sentiment océanique » (quelle belle expression…) qui vous donne l’impression d’entrer en contact avec quelque chose d’immense.
Fascinée par la spiritualité, j’ai beaucoup aimé entendre ces témoignages… On voit ici que si notre attachement ou absence d’attachement à telle ou telle religion, création foncièrement humaine, est très lié à des facteurs familiaux et culturels — toute Église est une communauté —, la relation de chacun à Dieu, au divin ou à l’univers est intimement personnelle. Pour ma part, je me sentais la plus proche du point de vue de Marie Darrieussecq, athée mais qui exprimait un rapport très fort au monde et à l’humanité : on peut s’émerveiller de la beauté et de la complexité de la création, d’un univers aussi superbe que chaotique, de l’homme dans ses failles et ses grandeurs sans ramener tout cela à une présence divine, une transcendance. Dieu, si on choisit de l’appeler Dieu, est partout. Moi-même non-croyante, j’aime beaucoup entendre comment des personnes de toutes religions « vivent » leur foi, parce qu’à mes yeux c’est une vraie relation entre un être et le sacré… C’est toujours fascinant de voir ce que chacun peut mettre derrière des traditions différentes.
Éric-Emmanuel Schmitt était aussi présent pour évoquer son recueil de nouvelles, La Vengeance du pardon.
Recueil de quatre nouvelles : deux soeurs jumelles que tout oppose moralement s’aiment et se haïssent tout au long de leur vie, un homme jouisseur abuse d’une fille candide et lui arrache son enfant, un père dur et fermé s’humanise au contact de sa petite fille avec qui il se plonge dans le lecture du «Petit Prince» et une femme rend régulièrement visite à l’assassin de sa fille en prison.
Le thème, psychologiquement et philosophiquement, est très intéressant — pourquoi pardonne-t-on ? Y cherche-t-on un apaisement pour soi-même, ou pour l’autre ? Le pardon accordé est-il toujours un cadeau — ou parfois un poids, telle une dette ? Est-ce toujours accepter de se détacher du passé pour aller vers l’avenir ? Et bien sûr, où débute le champ de l’impardonnable ? Tant de facettes, comme dans toute dynamique humaine où la fierté, la souffrance, la bienveillance, l’espoir jouent chacune leur rôle.
Marie Darrieussecq présentait Notre Vie dans les forêts, une dystopie traitant notamment de robots, et l’universitaire israélien Yuval Noah Harari proposait dans Homo Deus : Une brève histoire de l’avenir divers destins possibles pour l’humanité. Les deux se retrouvaient autour de notre rapport à la technologie, à l’intelligence artificielle, au Big Data — allant jusqu’au « Dataisme », par lequel l’autorité sur nos vies pourrait se trouver confiée à des algorithmes plutôt qu’au religieux ou à l’humanité. Nous accepterions alors, par confort, mais aussi pour assurer notre santé ou notre sécurité, de livrer toutes nos informations personnelles et de voir nos vies contrôlées par nos machines, qui nous soumettraient les meilleures attitudes pour notre bien-être. On n’échappe pas à Big Brother… À l’heure des neurosciences et du transhumanisme, ça fait un peu froid dans le dos !
En tout cas, tout ça fait beaucoup réfléchir. Mais point trop n’en faut — allez, je retourne finir Rose Madder 😉
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