Il y a parfois des livres qui ont un écho particulier en vous, à des moments précis de votre vie…
Pour moi, récemment, c’est avec le premier roman de Martin Diwo, Pour te perdre un peu moins (Plon, août 2017) que cela s’est produit.
Dans ce roman, il est question d’un amour qui se termine. Un amour qu’il croyait indestructible, et pourtant… La réalité est bien là. Entre Elle et Lui, tout est fini…
Sans rentrer dans les détails, je vous dirais simplement que j’ai voulu lire ce livre pour une raison personnelle, évidente cependant, au regard du résumé de ce roman…
Un garçon, une fille, une histoire universelle. Ils s’aiment, se déchirent, elle s’en va. Lui s’écroule. La jeunesse et l’innocence avec. Un roman qui frappe, âpre, enlevé, emporté, qui ne s’oublie pas. Une signature, une écriture, une voix, une époque, une génération.
« Pendant un temps, tout reste normal. On saute et on rebondit, on s’élance et on atterrit, pourtant la fin est proche, très proche. Lorsqu’on en prend conscience, qu’on réalise que l’on ne saute plus aussi haut qu’avant et qu’on peine à atteindre les sommets que l’on caressait du bout des doigts en se hissant sur la pointe des pieds, il est déjà trop tard. Le fil se détache, et il faudrait courir s’agripper là où on le peut, mais on ne le fait pas, et on s’élance, certain que tout va rentrer dans l’ordre. La chute n’en est que plus douloureuse. Mort d’inquiétude à l’idée de heurter le sol qui, seconde après seconde, se rapproche, on hurle, on se débat, et plein d’espoir, on attrape le fil encore pendu à notre cœur, mais ce fil, ah ! ce fil, il n’est plus relié à rien. »
Pour ne rien vous cacher, en lisant ce roman, la première chose qui me soit venue à l’esprit, c’est le titre d’une chanson de Dalida. Ce roman, c’est « l’histoire d’un amour ». L’histoire d’un amour qui se finit, comme il en existe chaque jour que la vie fait. L’amour commence, dans un cri de joie et l’amour se finit, dans un cri de désespoir. Ainsi va la vie. Mais parce qu’il s’agit d’un sujet à la fois commun et personnel, quoi de mieux que l’écriture d’un roman pour en parler ?
Le narrateur, jeune homme d’environ vingt-cinq ans, se livre sans faux-semblants à son lecteur. Parler de sa rupture, c’est tenter d’accepter la réalité. La nier, dans un premier temps. Écrire pour qu’Elle continue d’exister dans sa vie, bien qu’Elle soit déjà partie. Écrire, pour s’accrocher à son souvenir, et finalement la perdre un peu moins. Difficile de mettre un point final à cette histoire, à leur histoire. Le temps et l’écriture finiront-ils par guérir ses blessures ?
La construction de l’histoire est à l’image de ce que l’esprit devient pendant un moment pareil : déstructurée. Mais ça ne gêne en rien la lecture. Au contraire, elle fait sens. Face à un tel bouleversement personnel, difficile d’organiser sa pensée. On se souvient, on analyse chaque petit détail qui aurait pu nous échapper, on ressent de la colère, de la tristesse. On idéalise, on espère que tout reprenne, on se résigne… Et cette ronde des émotions ne peut s’apaiser qu’avec le temps. Ici, on ose espérer qu’elle s’apaisera lorsque le moment sera venu de mettre un terme à l’écriture du roman.
Que l’on soit un homme ou une femme, et peu importe l’âge, on ne peut s’empêcher de se sentir terriblement proche du narrateur. Parce que beaucoup d’entre nous sont certainement passés par là. Même si chaque personne vit les choses à sa façon, et que chaque histoire est unique, les étapes traversées pendant un processus de deuil amoureux sont finalement universelles.
En bref : un roman bouleversant et une écriture vibrante d’émotion et de justesse. Le genre de livre qu’on a envie de garder précieusement dans un coin de sa bibliothèque. Un roman, pour mettre des mots sur ce que l’on peut vivre intimement. Une béquille, au cas où nous aussi, comme Lui, nous aurions à faire face à une rupture amoureuse plus que douloureuse…