"L'improbabilité de l'amour", une enquête historique autour d'un chef-d'oeuvre perdu


Jamais je n'aurais jeté ne serait-ce qu'un coup d'oeil à ce livre s'il n'y avait pas eu ce billet d'Abracadabooks, merci à elle ! 
Comme elle le dit bien, le titre, le nom prout-prout de l'auteur et surtout le rose et le kitsch de la couverture auraient suffi à me faire passer mon chemin. Comme quoi, les apparences importent, finalement ...
Et pourtant, j'aurais manqué un bon gros pavé (700 pages, ma bonne dame), mi enquête historique, mi satire du monde de l'art, qu'on déguste avec plaisir !
La quatrième : 
Ce jour-là à Londres, les flashs crépitent devant la maison de vente aux enchères Monachorum & Sons. Des collectionneurs de tous bords aux puissants marchands d'art, des oligarques russes aux magnats du pétrole, du rappeur esthète à la star du sport, tous défilent pour une des plus grosses ventes de l'histoire : celle de L'Improbabilité de l'amour, un tableau d'Antoine Watteau, disparu au milieu du XXe siècle et miraculeusement retrouvé. 


Celle qui, par un incroyable hasard, a remis la main sur le trésor dans une petite brocante poussiéreuse se nomme Annie McDee. Fascinée par la poésie et le raffinement du tableau, cette jeune chef cuisinière au coeur tendre va entreprendre d'en percer les secrets. Un périple à travers l'Histoire qui verra l'inestimable toile voyager de l'atelier parisien d'un peintre du XVIIIeà cette petite échoppe londonienne d'aujourd'hui, en passant par les salons cossus de la grande aristocratie européenne...
Gros gros pavé donc, qui met un peu de temps à démarrer, et qui donne la parole à tous les protagonistes de l'histoire, même au tableau. J'ai eu un petit coup de coeur pour le personnage d'Annie, un peu naïve, même si l'envie de la secouer m'est venue plusieurs fois tout au long du récit (mais qu'est-ce qu'elle attend pour aller faire authentifier le tableau, au lieu de le trimbaler au milieu de ses légumes comme un sac à patates ?!).
Une fois installée dans l'intrigue, j'ai retrouvé ce roman avec plaisir plusieurs soirées d'affilées (vous savez, c'est le genre de bouquin tellement gros et mou qu'il tient ouvert tout seul, et auquel vous pensez dans la journée "ah, vivement ce soir, mon canapé et mon pavé" - en mode cocooning).
L'intrigue tient bien le lecteur en haleine, et j'ai regretté que ce fameux tableau n'existe pas, car je mourrais d'envie de le voir. Le procédé narratif qu'utilise l'auteur, en donnant la parole au tableau lui-même, permet de faire une pause dans l'intrigue au présent, et de faire un bond dans l'Histoire, à travers le périple de cette oeuvre vieille de 300 ans, et qui a connu rois, reines, empereurs et nazis ...La Seconde guerre mondiale et les oeuvres d'art volées aux juifs par les nazis sont également en toile de fond du roman.
Mêlant le suspense, une histoire d'amour et une critique du monde de l'art (ça ne parle que d'argent !), l'auteur réussit à nous passionner tout le long de ce périple. J'ai juste regretté quelques longueurs en rapports avec des personnages secondaires (Barty, Vlad, ...) et que j'ai lues parfois à la va-vite, pressée de retrouver Annie, Rebecca ou le tableau. Le roman aurait été plus condensé et peut-être encore plus passionnant s'il était restreint à ces trois protagonistes ...
J'ai passé un très bon moment de lecture avec gros roman, paru en poche assez récemment (je vous met la couverture ci-dessous). Passez outre vos à priori sur le titre et foncez si vous aimez les intrigues historiques !
"L'improbabilité de l'amour", Hannah Rothschild, Belfond, 2016 (ou 10/18 en poche !)