Chronique promise hier, chronique livrée aujourd'hui ! Normal quoi.
Pour situer le contexte, il faut savoir que Titine, dans son panthéon livresque, elle a placé Les piliers de la terre bien haut dans la liste (et Un monde sans fin aussi, Titine est généreuse). Du coup, après avoir lu ces deux titres au moins une bonne dizaine de fois, et même sans avoir jamais ouvert d'autres titres de Ken Follett, l'auteur était attendu au tournant ! Titine s'est donc lancée, la fleur au fusil, dans les plus de 900 pages que dure la nouvelle épopée de la saga autour de la cathédrale de Kingsbridge. C'est une lecture qui a duré un bon moment, presque deux semaines, ce qui est extrêmement rare chez moi... Voyons donc pourquoi comment ça se fesse ?
Noël 1558, le jeune Ned Willard rentre à Kingsbridge : le monde qu'il connaissait va changer à tout jamais... Les pierres patinées de la cathédrale dominent une ville déchirée par la haine religieuse et Ned se retrouve dans le camp adverse de celle qu'il voulait épouser, Margery Fitzgerald.
L'accession d'Élisabeth Ire au trône met le feu à toute l'Europe. Les complots pour destituer la jeune souveraine se multiplient, notamment en France où la séduisante Marie Stuart - considérée comme l'héritière légitime du royaume anglais et issue de la redoutable famille française de Guise - attend son heure. Pour déjouer ces machinations, Élisabeth constitue les premiers services secrets du pays et Ned devient l'un des espions de la reine. À Paris, il fait la connaissance de la libraire protestante Sylvie Palot dont le courage ne le laisse pas indifférent...
Dans c e demi-siècle agité par le fanatisme qui répand la violence depuis Séville jusqu'à Genève, les pires ennemis ne sont cependant pas les religions rivales. La véritable bataille oppose les adeptes de la tolérance aux tyrans décidés à imposer leurs idées à tous les autres - à n'importe quel prix.
Au tout début, ça l'a fait. On suit tranquillou Ned, qui rentre chez maman, et donc à Kingsbridge. Quelques noms des titres précédents surgissent, et on se sent bien dans ce livre, comme à la maison, comme Ned en somme, Titine en a eu des frissons. Les personnages principaux apparaissent assez clairement, les méchants comme les gentils (l'ami Ken a toujours bien versé dans le manichéisme, ce qui ne me dérange pas des masses, ici). La cathédrale est là, bien présente malgré le temps passé et l'écriture est toujours aussi fluide.
L'intrigue est passionnante, les guerres de religion, c'est un peu ma came (et ça reste très actuel) et, même en connaissant les grandes lignes, j'ai appris plein de trucs. Par exemple, je ne savais pas que les protestants avaient subi autant de répressions et de tortures. Le clergé en place a bien peur de perdre son pouvoir, si le peuple pouvait enfin lire lui-même les écrits religieux, et c'est cette peur, plus que le conflit de deux doctrines religieuses (ils adorent le même dieu, hein, même s'ils n'ont pas toujours l'air au courant), qui met le feu aux poudres.
Hélas, si j'ai tant traîné à le lire, c'est pour plusieurs raisons. Si au tout début, on se sent bien, de retour à Kingsbridge, ce sentiment disparaît très rapidement, puisque la cathédrale et ses environs n'apparaissent que très sporadiquement. Ce qui a rendu Titine chafouine. Dans Les piliers de la terre et Un monde sans fin, il est toujours question de Kingsbridge et de son architecture, même si nos personnages s'octroient un petit road-trip de temps à autre. Ici, Ken Follett nous balade dans toute l'Europe, dans tous les salons de la royauté, légitime ou non, dans toutes les rues (Paris, Séville, etc...) et même outre-Atlantique. Conséquence directe : on finit par se détacher des personnages, certains vous passent même par-dessus la tête et sont oubliés instantanément (d'ailleurs, quel était vraiment leur but ?).
En gros, trop de personnages, trop de lieux différents.
Ensuite, au niveau de l'intrigue, alors que dans Les piliers de la terre et Un monde sans fin, on suivait la petite histoire aux côtés de la grande, ici, nous côtoyons de près monarque, reine en place et reine déchue. Ce n'est pas inintéressant en soi, mais cela force l'auteur à coller à la vérité et à la réalité historique et à moins rentrer dans la fiction... Dans les deux premiers, c'était l'histoire des "petites gens" qui était passionnante, pas le destin, connu, de Marie Stuart. Et pis, la cathédrale, personnage central, imposant, des deux premiers, manque sacrément à l'appel. Finalement, le coup de nous dire "c'est la suite de la saga, mes braves manants", c'est que d u marketing, hein, ce titre aurait carrément pu sortir dans aucune mention à Kingsbridge.
Bon oui, je me relis et j'ai l'air fâché et pas du tout ravi de ma lecture. Ce n'est pas le cas. J'ai passé un bon moment, j'ai été passionné et enthousiasmé par le destin de Ned. Après, certaines choses m'ont manqué (une histoire d'amour rocambolesque, des méchants ignobles, les descriptions architecturales, etc.) mais Une colonne de feu reste un chouette moment de lecture. Par contre, désolée Ken, je ne le relirais probablement pas autant que les deux premiers. Pour ceux qui se posent la question, ce serait dommage de ne pas lire les lire AVANT de découvrir celui-là. Déjà parce qu' ils sont bien meilleurs et que passer à côté serait désastreux (ouai, j'ai pas peur des mots) pour votre âme de lecteur, mais aussi parce vous manquerez de saisir quelques petites références sympathiques.