581 romans ont été publiés en cette rentrée littéraire 2017. Beaucoup de titres étaient attendus. J’en ai d’ailleurs évoqué quelques uns sur ce blog.
Mais dans ces parutions, 81 sont des premiers romans. Et au milieu de ceux-ci, j’ai repéré celui de Charlotte Pons, Parmi les miens, paru aux éditions Flammarion (août 2017).
C’est une avant-critique lue sur le site internet de Livres Hebdo qui avait attiré mon attention sur ce roman. L’enjeu : l’histoire d’une famille, confrontée à un terrible drame. Une intrigue qui me semblait donc très prometteuse. J’ai été confortée dans mon idée par le résumé en quatrième de couverture.
« Il y a peu de choses que je n’acceptais pas venant de maman. La voir mourir en faisait partie. » Quand le médecin leur annonce que leur mère est vivante mais en état de mort cérébrale, Manon laisse échapper qu’elle préfèrerait qu’elle meure. C’est trop tôt pour y penser, lui répondent sèchement Adèle et Gabriel.
Délaissant mari et enfant, Manon décide de s’installer parmi les siens. Au cœur de cette fratrie grandie et éparpillée, elle découvre ce qu’il reste, dans leurs relations d’adultes, des enfants qu’ils ont été. Et tandis qu’alentour les montagnes menacent de s’effondrer, les secrets de famille refont surface. Qui était vraiment cette mère dont ils n’ont pas tous le même souvenir ?
Charlotte Pons écrit une tragédie ordinaire tout en tension psychologique et révèle un talent fou pour mettre en scène, dans leur vérité nue, les relations familiales.
Manon a tout d’une femme à qui la vie sourit. Épouse et mère d’un tout jeune enfant, un bon métier, une maison en banlieue. Un tableau idéal. Pourtant tout bascule le jour où elle apprend l’accident de voiture de sa mère. L’état de celle-ci semble désespéré, l’espoir de la revoir un jour consciente est mince. Sa fille décide alors de quitter son quotidien à plus de 150 kilomètres de là, et de revenir s’installer sur les terres de son enfance. Elle, l’aînée, se sent responsable des autres membres du cercle familial.
Chaque membre de la famille est personnellement affecté par le drame qui est en train de se jouer. Il y a Adèle, qui refuse d’accepter qu’on puisse renoncer à la vie de leur mère. Gabriel, le frère, et le père, plus mutiques face à une pareille situation. Chacun a sa vie, et chacun vit les choses différemment, et les relations familiales s’en trouvent bouleversées. Entre secrets et non-dits, la tension est palpable…
Ce retour parmi les siens, c’est aussi un bon moyen pour Manon de fuir sa propre situation, dans laquelle elle ne parvient pas à trouver sa place, auprès de son homme et de son bébé. Et comment s’en vouloir, quand elle-même n’a pas eu une relation facile et proche avec sa propre mère ? Par ailleurs, l’accident d’Elsa réveille chez Manon les souvenirs de son enfance et des relations qu’elle entretenait avec sa mère, Gabriel et Adèle… Oscillant ainsi entre passé et présent, elle avance, entre douleur, doutes et incertitudes. Qui est (était?) vraiment la femme qui lui a donné la vie ?
Au cœur de ce drame se pose la question d’une ultime décision à prendre. La vie d’Elsa doit-elle être maintenue ? Que voulait-elle vraiment à ce sujet ? Tout au long du roman, c’est une problématique qui ne fait que creuser encore davantage le fossé qui s’est constitué entre Manon, son frère et sa sœur au fil des années. Faut-il continuer les soins, stopper le maintien d’une vie qui ne dépend plus de soi seul ?
A travers l’histoire d’Elsa, Charlotte Pons aborde habilement la question de la fin de vie d’un proche, et l’impact qu’un drame peut avoir sur l’équilibre d’une famille. Ces personnages confrontés à ça, après tout, ce pourrait être vous, ce pourrait être moi… Ce roman nous pousse instinctivement à nous interroger sur la question. Et au fond, c’est essentiel. De trop nombreuses familles, comme celles d’Elsa dans le roman, sont au bord du déchirement quand arrive le moment de se poser la question. En ça (mais pas seulement), ce roman est remarquable. L’écriture de l’auteure sert parfaitement le roman. Elle retranscrit l’atmosphère qui règne au sein de la famille avec justesse.
En bref : un premier roman réussi, un sujet pas forcément simple à aborder, mais un livre vraiment touchant.