Voici trois bonnes raisons de lire ce livre:
1. Parce qu’il aura fallu attendre cinq ans depuis le prometteur premier roman de Sonia David Les petits succès sont un désastre pour découvrir un second opus.
2. Parce que Marine Stisi en résume si bien le propos lorsqu’elle écrit: « Sonia David, dans ce deuxième roman, traite avec une lucidité frappante et énormément de sincérité, la réalité du deuil et des ressentiments familiaux. Elle évoque sans gêne les questionnements et les doutes, les coups de gueule et la jalousie. David Bowie n’est pas mort est un livre qui se lit avec frénésie, presque d’une traite, et qui émeut tendrement sans discontinué. »
3. Parce que, comme l’auteur, nous avons tous un David Bowie, un chanteur ou une musique qui a bercé notre enfance et qui, presque inconsciemment, a tissé des liens avec notre histoire personnelle. David Bowie, c’est la madeleine de Proust de Sonia David.
David Bowie n’est pas mort
Sonia David
Éditions Robert Laffont
Roman
180 p., 17 €
EAN : 9782221200285
Paru en août 2017
Ce qu’en dit l’éditeur
« Ma mère est morte. Mon père est mort. David Bowie est mort. Ce ne sont pas uniquement de mauvaises nouvelles. »
À un an d’intervalle, Anne, Hélène et Émilie perdent leur mère, puis leur père. Entre les deux, David Bowie lui aussi disparaît. Dans l’enfance d’Hélène, la «soeur du milieu», le chanteur a eu une importance toute particulière, dont le souvenir soudain ressurgit. Alors, elle commence à raconter… Sur les thèmes inépuisables de la force et de la complexité des liens familiaux, de la place de chaque enfant dans sa fratrie, voici un roman d’une déconcertante et magnifique sincérité.
Les critiques
Babelio
Toute la culture (Marine Stisi)
Blog Anita et son book club
Blog Les livres de Joëlle
Blog Les facéties de Lucie
Blog Les lectures d’Hatchi
Sonia David présente David Bowie n’est pas mort. © Production Librairie Mollat
Les premières pages du livre
« Ma mère est morte le 23 mai 2015. Sans crier gare. Elle n’était ni malade ni franchement âgée, mais ni une ni deux, elle fait un AVC, et meurt, nous prenant tous de court, pour un peu on en rirait, quelle bonne blague ! D’autant que le surlendemain, nous devions déjeuner ensemble, et depuis quand la mort tient-elle d’excuse pour se soustraire à un déjeuner avec sa fille ?
Lorsque nous étions enfants, puis adolescentes, mes sœurs et moi, inlassablement elle nous répétait qu’elle se suiciderait à soixante ans. Depuis notre jeunesse nous l’écoutions, sans protester, ça faisait tellement loin. Et puis nous la comprenions : quel intérêt de vivre à un âge si avancé ?
Mais enfin elle a fini par l’atteindre, cet âge, voilà une quinzaine d’années. À l’époque, elle venait d’acheter un appartement, sujet de brûlante passion chez elle, chaque objet, chaque meuble, chaque tableau, chaque couleur, chaque matériau comme une attestation d’incontestable goût, comme une preuve d’elle-même au-dessus de la mêlée. Du coup, plus question de mourir, et certainement pas avant d’achever son nouveau grand œuvre, 95 mètres carrés dans le dixième arrondissement de Paris, rendez-vous compte, le parquet peint en noir mat, des bibliothèques en chêne brut, des trésors de famille, des lampes d’architecte, des trouvailles de brocantes, tout ça passé au filtre de ses métamorphoses, un coup de peinture, un détournement de fonction, l’art du dépareillé, inventer avec du pauvre, de l’imagination, de l’habileté. Ce sanctuaire du style, ensuite, il fallait bien entendu le faire visiter, convier les amateurs, et tout le monde – les admirateurs tiennent lieu de témoins, ils s’extasient, racontent, retiennent, imitent. Maman est entourée d’apôtres. À tout âge, c’est une bonne raison de vivre. Reste qu’une promesse est une promesse, et à quelques mois de son soixantième anniversaire, elle fait tout de même semblant de mourir. »
Extrait
« Notre père est alors au bloc opératoire. Elle [ma soeur] me dit « Je ne devrais pas évoquer ça, je ne peux le confier qu’à toi, mais parfois je me demande s’il ne vaudrait pas mieux qu’il ne se réveille pas ». Je me colle à elle, au plus près, parce que je suis d’accord. Et ce qui me désespère n’est pas que nous le pensions mais le fait que, sûrement, papa le pense aussi. Comment console-t-on quelqu’un de l’inconsolable, témoin de sa propre déchéance physique, humilié de ce manque d’autonomie qui n’en finit pas de l’empêcher d’être homme, et père ? Comment réconforter un mourant qui ne veut pas mourir? » (p. 99)
À propos de l’auteur
Sonia David, de son vrai nom Sonia Rachline, est journaliste, pour Vogue en particulier, et écrivain. Romancière dans l’âme, se choisir un pseudo pour son passage à la fiction s’est imposé comme une évidence. Les petits succès sont un désastre, son premier roman, est paru chez Robert Laffont en 2012. Son second, David Bowie n’est pas mort est paru en 2017. (Source: Éditions Robert Laffont)
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