Scott Snyder fait sa crise, terme utilisé par DC Comics pour parler des grands événements qui chamboulent son univers. Autant dire que cette mini-série, Dark Nights: Metal dessinée par Greg Capullo, remplit ce cahier des charges...
J'ai eu une illumination durant la lecture de cet épisode : le nombre de ventes ne dépend pas de la qualité. Je suis un peu bête de ne pas m'en être souvenu pourtant j'ai de bons exemples prouvant que les deux ne sont pas liés : les films Transformers et David Guetta. Dark Nights: Metal risque de devenir mon nouvel exemple parce que, sincèrement, il y a trop peu de choses à sauver.
En fait, j'explique le succès du Batman de Snyder - et de Dark Nights: Metal qui est une aventure de Batman même lorsqu'il est absent - comme j'explique le succès de la série Scorpion ou de Walker Texas Ranger. D'un côté, c'est tellement stupide qu'on a envie de lire la suite pour voir comment on peut faire plus stupide[1], de l'autre, je pense que c'est tellement bas du front que certains lectures apprécient de ne pas à avoir à brancher leur cerveau pendant la lecture de l'épisode. Malheureusement pour moi, je n'y arrive pas.
Par contre, et c'est bien là le problème, même si l'ensemble peut paraître fun, Snyder nous prend de haut en nous laissant miroiter une histoire qui pourrait rivaliser avec Crisis on Infinite Earths ou Infinite Crisis ou Multiversity. C'est ambitieux, limite pédant par moment, mais mal foutu. Il complexifie le tout avec du name dropping à tout va, des dialogues explicatifs verbeux (et trop longs) dans lesquels il ne se raconte pas grand chose, il essaie même de nous faire croire qu'il va se passer des choses de fou dans les prochains tie-ins (alors qu'il nous révèle leur début et leur fin). En plus, il fout la zizanie dans la continuité en nous faisant intervenir des éléments qui ne devaient pas exister dans le monde depuis New 52. Mais, dans les faits, cette histoire est très simple à raconter...
Pour expliquer le contexte, Batman est parti dans une quête qui lui a fait ouvrir un portail vers le Dark Multiverse afin d'affronter Barbatos. Forcément, ça ne s'est pas passé comme prévu. La Terre-Un s'est faite dévastée par des Dark Knights, les versions de maléfiques de Batman représentant les plus grandes peurs de Bruce Wayne (à noter qu'il y a Flash et Green Lantern dedans). Wonder Woman et Superman, témoins de l'arrivée de ces Chevaliers Noirs, se réveillent alors dans un monde étrange où ils se font attaquer. Sauvés par Flash, ils sont conduits dans un lieu sûr - que tout le monde connaît a priori - où ils retrouvent la chef des Blackhawks qui leur explique qu'ils doivent s'unir afin de finir la quête de Batman.
Je n'arrive pas à trouver des choses que j'ai apprécié dans cet épisode : l'attaque de la Terre me paraît tellement exagérée qu'il est difficile de croire qu'il n'y ait aucune conséquence (qui n'apparaissent pas dans les sollicitations des mois à venir), Wonder Woman attache le bras de Superman au sien mais ce dernier se libère comme par magie, la prise de bec entre Green Lantern et Aquaman est ridicule par sa mise en scène, on nous explique en large et en travers tout mais on ne justifie pas la présence d'une flèche en Nth Metal, et puis je me suis tapé le front en me rendant compte que la chef des Blackhawks sait que Superman à rêvé de Batman alors qu'il ne l'a jamais évoqué et que, clairement, il n'a pas eu le temps d'en parler avant.
Enfin la conclusion qui se voudrait maline arrive comme un cheveu sur la soupe. Sincèrement si au début d'épisode, les notes de musique nous avaient été montrées distinctement, ça aurait pu être rigolo mais, là, c'est comme un lapin qui sort d'un chapeau magique que tient Snyder avec un regard prétentieux alors que l'animal est atrophié. En plus, vous voyez, on parle là de Metal, le style musical, qui a le même nom que le métal, le matériau comme ceux que cherchait Batman. C'est malin, hein ? Ou lourd, chacun jugera comme bon l'entendra.
Ma plus grosse déception vient surtout de l'aspect graphique. Je suis fan de Greg Capullo depuis X-Force, j'ai tout lu ce qu'il a dessiné et m'a motivé à suivre la série Batman. Mais, là, tout est moyen. Ses redesigns sont de mauvais goûts, il gère mal les perspectives, les décors sont vides, il y a de nombreux problèmes anatomiques, tous ses visages sont identiques et sans expression. Il n'y a bien que la deuxième et troisième page où il semble s'éclater et offre une prestation digne de son talent. En tout cas, nous n'avons même pas la chance de lire un bel épisode.