Je ne vous cache pas que j'avais gardé sous le coude cette chronique, pressentant les récents avis " chafouins ". Donc, j'ai fini le mois dernier (déjà ??!!) mon road-trip " Perlouzes #EditionsSarbacane " avec Les Petites reines de ma meilleure amie qui-l'ignore-encore, tarataratatatata... Clémentine Beauvais.
Subjuguée par le talent dans son Songe à la douceur dont je vous avais parlé avec moult éloges et roses j'tées au vent (cliquez ici), il était impensable que je passe à côté du roman à la couv' pimpée qui avait tant séduit la blogosphère.
Sous vos yeux ébaubis, Mesdames et Messieurs... LES PETITES REINES.
De ce que de quoi ça cause
Mireille, Astrid et Hakima, collégiennes dans le même établissement, ne se connaissent pas. Et pourtant, elles partagent un point commun : ce sont des boudins de compèt'. Elues ainsi grâce à un concours cruel, les trois filles décident de ne pas se laisser abattre. Au contraire, elles sont bien chaudes pour montrer qu'elles en ont dans le ventre (et dans les mollets) : prendre leur vélo et partir à Paris, en vendant... des boudins. Tout ça pour aller crash-gater la Garden Party de l'Elysée.
Un boudin pour tous, tous pour un boudin
Lire un Clémentine Beauvais (ou un Sarbacane collection Exprim', ça l'fait aussi), provoque plusieurs réactions.
La première : Pourquoi je n'ai pas pu lire ce bouquin quand j'étais ado ? Que faisait donc Clémentine Beauvais quand j'avais besoin à 13 ans de livres pour me remonter le moral et mieux gérer mes complexes ? On me signale qu'elle devait sans doute à cette époque manger son goûter à la récré entre le cours de Math et de SVT (la madame a mon âge).
Les Petites reines aurait fait un bien fou à l'ado que j'étais. Parce que entre les romans sur l'anorexie qui racontaient la descente aux enfers d'une pré-ado ou sur la drogue juvénile (le CDI de mon collège était au top du top vous remarquerez), je me souviens pas d'avoir lu un roman jeunesse aussi optimiste, lucide et drôle. Ça m'aurait peut-être donné des armes pour répondre à certains petits péteux qui se croyaient en droit de te dire (avec l'idée de te faire un super compliment) : " Nan mé té pas la + moche de la class', sava ".
La seconde: Mais que font les réalisateurs français NOMDEDIOU ! Ils savent au moins qu'il y a des potentiels films de guedin à faire là, en ce moment même ? Faudrait peut-être qu'on les prévienne. Nan parce qu'avec La Fourmi rouge et maintenant Les Petites reines, ces joyaux d'entre les joyaux de la couronne, on aurait de quoi faire briller un peu plus le cinéma français.
J'vous l'dis, en toute simplicité, on est entre nous, IL FAUT QU'ILS SE BOUGENT LES FESSES.
Pourquoi ?
1) C'est du pur road-trip
dans les plus belles régions de France (notamment la Bourgogne) qui sentent bon le boudin, le crottin de Chavignol et la baguette fraîche. Si vous êtes sensibles au plaisir simple que nous offre la gastronomie française, j'vous préviens ça fait saliver. Du coup au cinéma, ça donnerait : des plans superbes et une belle pub pour les petits villages made in France.
2) On tape là dans du destin, de la chienne de vie, du gland tombé loin, très loin du chêne, bref de la marginalité.
Et la marginalité au cinéma c'est ce qui fait tout le sel d'un bon film. Vous vous rappelez de Little Miss Sunshine, cette famille de losers qui traverse l'Etat pour un ridicule concours de mini-Miss ? Bah là c'est quasi la même : ce n'est pas l'arrivée qui prime, mais tout l'accomplissement du voyage qui tisse les liens. Qui de mieux pour représenter les laissés-pour-compte que trois adolescentes complexées et leur accompagnateur, un ex-soldat français cul de jatte (beau comme un Soleil)(dixit Mireille) ?
3) Des ados, des vrais.
Je l'avais remarqué dans La Fourmi rouge d'Emilie Chazerand, et ici ça se confirme : la tendance actuelle est de montrer des ados (filles) qui font vrai. Et c'est vraiment une bonne chose de souligner que non les adolescentes ne sont pas toutes des pouffes en puissance qui se crêpent le chignon entre elles (souvent stéréotypées dans plein de séries tv ou livres Young Adult). Prenez Mireille, la leadeuse. Tête de pioche, drôle, nombriliste avec une légère tendance à péter les noyaux de son entourage, Mireille reste extrêmement attachante. Comme Vania, la sublime héroïne d'Emilie Chazerand. Casses-noisettes = ados crédibles. CQFD.
4) Pas de " faux " message d'espoir
Les trois boudins ne se transformeront pas en ado bonasse, elles ne se découvriront pas un amour inconsidéré pour les tuto beauté ni pour les fringues cool. Elles resteront boudin et fières de l'être. Ou pas d'ailleurs. Rien nous dit qu'elles s'accepteront tout à fait. Ni qu'elles ne seront plus touchées par les humiliations ou les moqueries. Tout n'est pas tout beau dans la vie et tout ne se passe exactement comme on l'avait espéré. Mais le simple fait d'avoir agi, de s'être confrontées à leurs propres peurs et d'avoir porté leur faiblesse comme un étendard auront permis à ses trois filles de ressortir de là pas plus belles mais bien plus fortes.
Conclusion
Encore une fois pari réussi, et pour Clémentine Beauvais et pour Sarbacane qui font éblouir de mille feu la littérature de jeunesse. Les Petites reines va ainsi aller rejoindre le triumvirat de mes amours livresques.
Quant à moi, après cette lecture, j'ai envie de :
- Faire un road-trip en vélo
- Réécouter Indochine
- Manger du Chavignol
- Visiter Bourg-en-Bresse
- Voir sur FB ce qu'est devenu le petit péteux qui m'a fait de " si jolis compliments " au collège.