Jim Harrison : Dernières nouvelles

jim harrisonJim Harrison (1937-2016), de son vrai nom James Harrison, est un écrivain américain. Il a publié plus de 25 livres dont les renommés Légendes d'automne, Dalva, La Route du retour, De Marquette à Vera Cruz… Membre de l'Académie américaine des Arts et des Lettres, Jim Harrison a remporté la bourse Guggenheim et a déjà été traduit dans 25 langues. Dernières nouvelles vient tout juste de paraître.

Toujours, quand parait un ouvrage posthume, l’inquiétude de tomber sur de vieux rogatons dont l’auteur n’était pas entièrement satisfait mais que l’éditeur, profitant de l’émotion morbide, lâche sur les tables des libraires pour en tirer un appréciable bénéfice. Je vous rassure immédiatement ce n’est pas le cas, je dirais même plus, ce n’est pas du tout le cas ! Je vais donc tenter de ne pas utiliser de superlatifs déraisonnables car je reconnais avoir lu ce bouquin avec les yeux de Chimène.

Il s’agit d’un recueil de trois nouvelles, des novellas ou de petits romans, tant les textes sont denses en évènements et personnages hauts en couleur ou forts en gueule. Rapide survol des intrigues : dans « Les Œufs », Catherine vit une relation conflictuelle avec ses parents, adore les poules et n’aspire qu’à vivre dans une ferme et avoir un enfant tout en restant célibataire. Avec la seconde nouvelle, « Le-Chien », nous retrouvons Chien Brun qui aime Gretchen (laquelle vit une relation lesbienne avec Cheryl) et aimerait fonder une famille avec elle et sa fille. Le dernier texte, « L’Affaire des Bouddhas hurleurs » ramène sur le devant de la scène, l’ex-inspecteur Sunderson mêlé à une invraisemblable aventure où se côtoient des bouddhistes zen poussant des hurlements de singes et notre héros plus sex-addict que jamais, courant « la gueuse derrière sa queue aveugle » !

Que vous dire tout en restant objectif ? Une excellente cuvée (c’est le cas de le dire) qui nous fait regretter encore plus le départ du Grand Jim. Ce recueil est parfait car il condense ici, tous les thèmes chers à l’écrivain, ses tics et ses obsessions, et nous fait croiser à nouveau mais pour la dernière fois, Chien Brun et Sunderson. Le premier texte est très beau, le second est excellent et le dernier particulièrement lubrique et paillard. Dans tous il y a un ragoût qui mijote, une odeur d’ail dans l’air et une bouteille entamée, autant dire que le lecteur habituel se sent comme un qui rentre à la maison.

Les dernières lignes du recueil proposent un point final aussi étonnant que radical, pour clore un ouvrage et une œuvre qui nous ont donné tant de plaisir durant ces longues années… Si nous avons réellement là, les derniers écrits de Jim Harrison, l’écrivain américain nous quitte sur un magnifique feu d’artifice.