Madame Couette qui n’aime pas un roman de Ron Rash? Eh ben, on aura tout vu! J'étais loin de me douter que ça puisse m'arriver un jour. J’ai lu Par le vent pleuré avec curiosité, avidité même. Mais tout du long, une lassitude diffuse m'habitait. Je n’ai surtout pas eu l’impression de retrouver le Ron Rash auquel je suis habituée: celui de Une terre d’ombre et d’IncandescencesAu coeur d'une petite ville paisible au cœur des Appalaches. Eugene, la soixantaine maganée, tombe sur un article de journal. Des ossements viennent d’être retrouvés. Ce sont ceux de Ligeia, une hippie dont il a été amoureux fou à l'adolescence. Eugene croyait la jeune fille évaporée dans la nature, quelque part en Floride. Mais non. Il veut éclaircir le mystère entourant sa mort.
Je ne prendrai pas de pincettes ni de gants blancs: Par le vent pleuré est une cuisante déception. J'ai eu l'impression de me retrouver au coeur d'une bluette fleur bleue. Tous les
personnages m’ont exaspérée. Eugene est une épave; Bill, un mouton; Ligeia, une manipulatrice; le grand-père, un tyran exécrable; la mère des garçons, un fantôme soumis. Eugene est un loser de première. J'aime les losers. Beaucoup, même. Mais les losers complaisants qui passe leur temps à se gratter le nombril, j’ai ben de la misère. Des personnages statiques, sans grande aspérité.Je vais donner à César ce qui lui revient. J’ai trouvé l’intrigue mollassonne, mais tout de même habilement menée. L’alternance entre le passé et le présent a maintenu mon intérêt. L’atmosphère brumeuse d’un petit patelin à l’aube des changements culturels qui ont balayé l’Amérique est bien rendue. Mais à part de ça? Pas grand-chose. Je retiendrai à quel point l'alcool peut faire des ravages et détruire des vies. C'est bien mince, mais c'est déjà ça!Clete a été enchanté, Eva a été touchée et Krol a été séduite. Mais... Samantha a été frustrée et Jules l'a abandonné. Du coup, je me sens moins seule! J'aime bien, moi, quand un roman ne fait pas l'unanimité!Par le vent pleurer
, Ron Rash, trad. Isabelle Reinharez, Seuil, 208 pages, 2017.★★★★★