À l’occasion de la sortie de son roman intitulé Celle qui venait des plaines (La chronique), Charlotte Bousquet a accepté de répondre à quelques questions. Entre Les Pages la remercie chaleureusement et souhaite une bonne lecture à tout le monde !
Crédit image Charlotte Bousquet: Les Imaginales
Charlotte Bousquet, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs qui ne vous connaîtraient pas ?
Bonjour, et merci de m’inviter sur votre blog. Me présenter ? Ce n’est jamais très évident. Je suis autrice et scénariste. J’ai publié une quarantaine d’ouvrages pour adultes et adolescents principalement, dans des genres très différents (historique, fantastique, fiction contemporaine, BD, etc.) Je suis également directrice de collection aux éditions Lynks, maison toute jeune qui a vu le jour en 2017 !
L’idée de travailler sur les Amérindiens remonte à quelques années déjà, quand j’ai écrit pour la première version du jeu de rôles Project : Pelican (Fabien Fernandez, Les XII Singes), qui se passe au moment de l’occupation d’Alcatraz par les différentes nations indiennes. J’ai découvert notamment l’horreur de la vie dans les réserves, et de l’acculturation forcée… Une première nouvelle, parue dans L’École de la mort, anthologie dirigée par Thierry Lefèvre aux éditions Gulf Stream évoquait déjà le calvaire des pensionnats.
En lisant – sur le tard – Les Trois mousquetaires, de Dumas, j’ai été extrêmement choquée par le décalage entre le mythe rattaché aux héros de Dumas et la réalité du récit. Je me suis rendu compte que D’Artagnan était un violeur, Athos un sociopathe, Portos un opportuniste vénal… et que Milady, avant de devenir l’espèce de dangereuse cinglée entrée au service de Richelieu, était une fille enfermée contre son gré dans un couvent, qui avait usé de ses charmes et de son intelligence pour s’en sortir, cru au grand amour avant d’être laissée pour morte par celui-là même qu’elle aimait.
Milady et les Amérindiens se sont mélangés dans ma tête – et c’est ainsi qu’est venue l’idée de Celle Qui venait des plaines.
L’un des thèmes, je pense, que j’ai vraiment eu envie de développer, et qui apparaît dans la structure même de l’histoire, c’est le jeu permanent entre fiction et réalité, entre mensonges et vérité. C’est pour cela d’ailleurs qu’il y a plusieurs narrations dans le récit : les deux voix principales, qui sont celles de Winona et de Virgil, puis celle de la « légende de l’Ouest », à travers Les Aventures des Steele men, biographie ultra-romancée, mal écrite, comme pouvaient l’être les récits à deux cents et autres feuilletons de l’époque.
Pensez-vous que l’histoire de l’Ouest Américain, aussi importante soit-elle, n’est pas assez connue ou mal connue ?
Je pense qu’on connaît les légendes, pas nécessairement la réalité. Et même quand on s’intéresse de manière plus approfondie à l’histoire, il faut fouiller pour se rendre compte de certains éléments, qui sont tus : les métissages entre fermiers blancs et Amérindiens (Cherokee notamment), le fait qu’ils vivaient plutôt bien, jusqu’à ce que des investisseurs capitalistes de l’époque décident qu’ils faisaient tache dans le paysage. La signification réelle du massacre des bisons. Les génocides amérindiens, leur acculturation forcée, etc. L’existence réelle de femmes portant un revolver et montant à cheval, ou de cowboys noirs…
Avez-vous eu besoin de faire beaucoup de recherches pour ce roman ?
Comme toujours, lorsque que j’écris un roman historique ! Il y a à la fois un travail documentaire (essais historiques et sociologiques, autobiographies de chefs indiens, témoignages d’Amérindiens canadiens à propos des pensionnats, etc.) et un travail d’imprégnation, qui passe aussi bien par la lecture de romans que du visionnage de films.
Est-ce que ce livre a une place particulière dans votre cœur d’écrivaine ?
Je crois que c’est l’un des romans que j’ai préféré écrire. Je me suis beaucoup attachée à Winona, qui est l’un des personnages les plus zen que j’ai créés. Et puis, il y avait les paysages, les chevaux, l’impression que mon siège d’ordinateur était une vielle selle de cuir…
Vous avez déjà traité de nombreux sujets dans vos livres. Y en a-t-il un en particulier sur lequel vous aimeriez écrire ?
Il y en a énormément…
Avez-vous des projets en cours ?
Je travaille en ce moment sur un roman choral pour adolescents, qui se déroule sur deux jours, durant une manif et sur mon prochain roman de fantasy, une triple quête initiatique à paraître en mai prochain aux éditions Mnémos.
Quels sont vos livres de chevet, si vous en avez, et/ou vos auteurs fétiches ?
Proust. Toujours et encore. Après, j’ai la chance d’être directrice de collection et donc, de travailler avec des auteurs que j’adore : Christine féret-Fleury, Johan Héliot ou Fabien Clavel par exemple.
Quel livre auriez-vous aimé avoir écrit ?
Detroit, de Fabien Fernandez. L’Électrogène sorti juste avant le mien. Un roman coup-de-poing, noir, urbain, humain.
Au moment où vous répondez à ces questions, quel livre êtes-vous en train de lire ?
Tous les noms, de José Saramago.
De nouveau merci d’avoir répondu à ces questions. Je souhaite beaucoup de succès à Celle qui venait des plaines.
Présentation de l’éditeur :
Le vert des hautes herbes surplombées par le feu orangé du soleil couchant sur les plaines du Dakota, les récits de victoires autour d’une flambée à la tombée de la nuit, les chevaux couleur de cendres, le tonnerre des canons, les rivières de sang… Et soudain, le déracinement et l’enfermement à la Mission Saint-James, l’apprentissage de la haine d’une culture immémoriale, la purification par la souffrance et une éducation de fer pour briser les volontés les plus tenaces. Voici l’histoire de Winona, fille aînée du vent et de la lumière, héritière de traditions ancestrales qu’elle fut contrainte de recracher comme le pire des venins, métisse éprise de liberté et de justice dont la route ne cesse de croiser celle des célèbres Steele men, cow-boys et mercenaires – pour le meilleur et pour le pire.
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