Prodigieuses créatures, de Tracy Chevalier, traduction de l’anglais (États-Unis) par Anouk Neuhoff, Folio, 2011 (originale : 2013), 432 pages
L’histoire
« La foudre m’a frappée toute ma vie. Mais une seule fois pour de vrai ». Dans les années 1810, à Lyme Regis, sur la côte du Dorset battue par les vents, Mary Anning découvre ses premiers fossiles et se passionne pour ces « prodigieuses créatures » qui remettent en question les théories sur la création du monde. Très vite, la jeune fille issue d’un milieu modeste se heurte à la communauté scientifique, exclusivement composée d’hommes. Elle trouve une alliée inattendue en Elizabeth Philpot, vieille fille intelligente et acerbe qui l’accompagne dans ses explorations. Si leur amitié se double de rivalité, elle reste, face à l’hostilité générale, leur meilleure arme.
Note : 2/5
Mon humble avis
J’ai lu ce livre à l’occasion d’une session du club de lecture « Une chambre à nous » qui portait sur la fiction historique, et qui allait de paire avec La part des flammes de Gaëlle Nohant. Même si ce dernier m’avait plutôt convaincu que les romans historiques n’étaient pas pour moi, j’ai tout de même décidé de tenter Prodigieuses créatures puisqu’il se déroule en Angleterre et que je connais bien plus l’histoire de ce pays, notamment sur la période en question, que ce que je connais du contexte de la France au temps de La part des flammes. Bon, il se trouve que ça n’a pas fonctionné du tout, mais pour des raisons différentes, même si les deux romans ont le même avantage : ils se lisent facilement.
L’histoire se centre sur l’histoire de deux femmes qui ont véritablement existé et qui ont beaucoup apporté à l’essor de la paléontologie à l’époque et ont contribué à la découverte de nombreux fossiles. L’autrice précise bien qu’elle a pris des libertés sur leur histoire, ce qui est tout à fait normal et j’ai d’ailleurs particulièrement apprécié qu’elle éclaircisse ce point. Parler de deux femmes dont l’importance est historique dans un domaine particulier est tout à fait admirable, mais à titre personnel, je suis moyennement intéressée pour lire un roman de plusieurs centaines de pages où l’action principale consiste à découvrir et nettoyer des fossiles. Il y a donc très peu d’action, et si je ne m’attendais pas à des courses poursuites ou autre activité dantesque, il me semble que ça manque tout de même de conflit.
D’ailleurs, autre chose qui m’a fait grimacer : le peu de conflit qu’on trouve dans le livre consiste principalement en une rivalité entre Mary et Elizabeth… à cause de l’attention des hommes qu’elles croisent ou qui les entourent. Pourquoi pas, mais on aura vu plus féministe, révolutionnaire ou original que le sempiternel « vielle fille » contre « jeune demoiselle », la première ne pouvant trouver de mari et la seconde attirant les regards des hommes de leur entourage. On ne sort pas du lieu commun de la vieille fille aigrie par sa situation, même si elle a une certaine importance dans le domaine des fouilles et de l’archéologie et donc une indépendance relative (liée également à sa classe), elle reste stéréotypée. Le personnage de Mary a aussi ce petit côté « jeune innocente naïve » qui a tendance à m’agacer quand il est poussé à cet extrême.
Bien sûr, cela n’est que mon avis personnel et tout ne m’a pas déplu ! J’ai beaucoup aimé les interrogations qu’amènent les découvertes de Mary quant au créationnisme et aux arguments auxquels Mary et Elizabeth vont faire face quand elles vont tenter d’expliquer que non ces créatures n’existent plus et que ce ne sont pas des fabrications ou des reptiles étranges. À mon goût ce n’était pas assez développé et finalement assez anecdotiques dans le roman…
Pour contrebalancer mon avis, n’hésitez pas à aller écouter et lire ceux de Tête de Litote, Orianne et Oriane (décidément !). Je vais faire une pause sur la fiction historique en tous cas…
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