La vénitienne des Pénitents de Jean-Luc Fabre

La vénitienne des Pénitents de Jean-Luc Fabre

Publié aux éditions Privat.

Montpellier, janvier 1709. La cité renaît de ses cendres après un siècle de guerres de Religion. Espérance, que son défunt père a placée sous la protection de Magnol, directeur du Jardin des plantes, pénètre dans une ville paralysée par un hiver de glace. Avec François de Lapeyronie, chirurgien réputé de la ville, ils vont chercher à élucider le meurtre d'une femme dont le corps a été retrouvé dans la chapelle des Pénitents blancs.
Au fil de l'enquête, Magnol et ses amis de la Société royale des sciences découvrent les agissements des envoyés de Venise : du fond des ateliers de potiers des quais du Merdanson ou autour du Jardin royal des plantes, ils convoitent la recette d'un remède universel se vendant à prix d'or, la thériaque. Leur but ? Redorer le blason d'une puissance vénitienne qui ne tolère plus de se voir supplanter par sa rivale méditerranéenne.
Tous les moyens semblent bons pour s'en emparer...

Merci aux éditions Privat pour l'envoi de ce roman. Le polar historique n'est pas vraiment un genre que j'apprécie plus que ça d'habitude mais avec La vénitienne des pénitents blancs, je dois reconnaître que j'ai été bien embarquée et que l'auteur a su me convaincre d'adhérer à son intrigue.

C'est avant tout l'atmosphère du roman qui m'a plu. Jean-Luc Fabre situe son action à Montpellier en 1709. Jusque-là rien de bien extraordinaire si ce n'est le temps. Un hiver glacial, tel qu'on en a jamais vu, s'est abattu sur la cité. Le froid est si intense qu'on ne peut même pas enterrer les morts décemment. C'est malheureusement ce qui va arriver à Espérance. Elle perd son père, médecin de surcroît, qui dans son dernier souffle la confie à son collègue Magnol, botaniste de renom. La jeune femme abandonne le cadavre de son père, impossible à inhumer, pour se perdre dans les rues glaciales, enneigées de Montpellier. Elle va y croiser des pauvres bougres qui y cherchent avec désespoir un abri, un quignon de pain ou même un peu d'eau alors que les fleuves sont eux-mêmes gelés. Bref, avec cette entrée en matière, l'auteur du roman nous plonge dans un polar froid, glacial. On imagine sans peine la glace, le gel s'insinuant sous les vêtements de la pauvre Espérance. Croyez-bien que du fond de mon lit, j'étais heureuse d'être au chaud!

L'auteur nous plonge ensuite dans un monde de scientifiques à la pointe en ce début de 18ème siècle. Espérance va être amenée à côtoyer Magnol, botaniste de renom qui va l'accueillir comme sa fille et lui imaginer un avenir dont elle ne rêvait pas. Il la confie à Lapeyronie, chirurgien reconnu. Jean-Luc Fabre s'est inspiré de personnages réels et nous raconte ici une cité montpelliéraine qui fait la part belle aux sciences au point de supplanter Paris. Magnol et Lapeyronie vont s'allier pour enquêter. En effet, Magnol découvre un cadavre gisant dans une église. Nous baladant de tables de dissection en jardins botaniques, Jean-Luc Fabre mène bien sa barque. A travers une intrigue qui semble opposer les marchands vénitiens aux marchands montpelliérains, il nous laisse entrevoir la vie telle qu'elle pouvait être vécue à cette époque-là.Certains passages m'ont d'ailleurs (presque) effrayée tant ils sont criants de vérité: les passages mettant en scène la procédure de la question et ceux sur l'exécution sont impressionnants!

La seule chose qui m'aura manqué dans ce polar sera finalement le dénouement de l'intrigue. Il arrive trop brusquement pour moi et j'aurais aimé qu'il soit un plus emmêlé et compliqué!

La vénitienne des pénitents est un polar historique qui se savoure un bon thé à la main et un plaid sur les épaules histoire d'affronter le vent glacial de Montpellier. Un roman idéal pour cet hiver!