Hommage aux gueules noires
Le Jour d’avant de Sorj ChalandonMerci aux éditions Grasset et à PriceMinister pour cette magnifique lecture faite dans le cadre du Match de la rentrée littéraire #MRL17
L’histoire :
Sorj Chalandon nous emmène sur les pas de Michel dont le frère est mineur en 1974 . Ce frère qu’il idolâtrait est décédé, emporté par la mine. Cette catastrophe a régi sa vie et aujourd’hui il décide d’affronter les fantômes du passé.
« Venge-nous de la mine », avait écrit mon père. Ses derniers mots. Et je le lui ai promis, poings levés au ciel après sa disparition brutale. J’allais venger mon frère, mort en ouvrier. Venger mon père, parti en paysan. Venger ma mère, esseulée à jamais. J’allais punir les Houillères, et tous ces salauds qui n’avaient jamais payé pour leurs crimes.
Editeur : Grasset / 336 pages | Sortie : 16/08/2017
Sorj Chalandon :
Après trente-quatre ans à Libération, Sorj Chalandon est aujourd’hui journaliste au Canard enchaîné. Ancien grand reporter, prix Albert-Londres (1988), il est aussi l’auteur de sept romans, tous parus chez Grasset. Le Petit Bonzi (2005), Une promesse (2006 – prix Médicis), Mon traître (2008), La Légende de nos pères (2009), Retour à Killybegs (2011 – Grand Prix du roman de l’Académie française), Le Quatrième Mur (2013 – prix Goncourt des lycéens) et Profession du père (2015).
Sources :Editions Grasset
Mon avis :
Cet auteur dont j’apprécie le style à de nouveau su m’alpaguer pour entraîner dans un récit prenant, parfois étouffant et terriblement marquant. Ce récit c’est celui de la vie des mineurs, à travers les souvenirs d’enfance de Michel et de sa volonté que justice soit faîte. Sorj Chalandon situe son récit en parallèle de la catastrophe de la fosse 3-3 bis de Liévin en 1974, celle qui emporta 42 mineurs dans un coup de grisou. C’est donc un hommage à travers le « témoignage » de Michel à ces hommes et leurs familles. On ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec le roman Germinal, mais c’est presque cent ans qui séparent ces 2 périodes. Celle qui nous concerne n’est « vieille » que de 43 ans…
Michel donc, est un jeune garçon pour qui Joseph, son grand frère, est un modèle. Ce dernier a tourné le dos à l’exploitation agricole de son père pour gagner sa vie, comme tant d’autres, au fond d’une mine. Michel décrit avec ses mots d’enfants cet univers, s’appuyant sur de petits détails du quotidien de ces gens là : Mais la catastrophe changea sa vie. Et ne cessera de le hanter. Il va vouer sa vie à ce cruel jour, devenant une espèce de gardien d’un mausolée créé au sein de sa cave, un veilleur du passé. Plus âgé, il décidera après le décès de son épouse de faire front et de demander justice pour ces gueules noires et son frère, mort dans l’indifférence et oublié de tous.
Outre le récit sur les corons, Sorj Chalandon nous surprend totalement dans le devenir de Michel après son retour sur ses terres d’enfance. Un événement auquel nous n’avons rien vu venir va totalement changer la donne de ce roman. Le livre prend une toute autre dimension, pour notre plus grand plaisir. Je ne veux pas vous dévoiler la suite, mais Michel sera confronté à bien plus que ses fantomes, il le sera face à lui-même.
Ce roman m’a complètement accaparé et tenu en alerte pendant mes soirées de lecture. Certains livres vous marquent plus que d’autres, et celui-ci en fait partie, un beau récit plein d’humanité et de modestie
Le style
Un style tout en sensibilité. Les descriptions sont saisissantes et les acteurs de ce récit ont une touche de réalisme prenante. L’auteur nous aspire dans un récit extrêmement bien construit avant de nous y substituer pour nous entraîner dans un second acte surprenant.
Un très beau roman, émouvant et captivant, un contre-pied qui saura surprendre le lecteur.
Pour en savoir + :
La page de France 3 qui retrace l’histoire de la catastrophe