Me revoilà pour encore trois films pas tout gais !
J’ai commencé par Sous le soleil de Satan, adaptation par Maurice Pialat du roman de Georges Bernanos, avec Gérard Depardieu et Sandrine Bonnaire. C’est l’histoire d’un jeune prêtre qui semble errer entre sainteté et perdition, confronté au péché des hommes et au poids de sa charge. Un prêtre rongé par le doute, épuisé par les mortifications, et à la foi pourtant puissante et pure… Sandrine Bonnaire, elle, incarne Mouchette, adolescente en révolte qui se perd dans les bras des hommes, jusqu’à tuer l’un de ses amants. L’abbé tente de sauver son âme… Mais ses aspirations ne seront que vaines.
C’était un très beau film, à l’atmosphère étrange et grave, aux personnages profonds. Le texte est magnifique et fait beaucoup réfléchir — le roman éponyme y est sans doute aussi pour beaucoup. Et les deux acteurs portent ces rôles avec un véritable brio, aussi bouleversants l’un que l’autre. Depardieu est humble et hanté, possédé par l’amour de Dieu et une sorte de mélange d’espérance et de défaitisme. Mouchette, elle, est sombre, provocante, forte et fragile, rageuse et mystérieuse… Tous deux sont fascinants, un vrai mystère pour le spectateur. Mon seul regret est que leurs interactions ne soient finalement que brèves — deux mondes parallèles qui se heurtent, tentant en vain de se rencontrer. Comme deux étoiles filantes, ils sont chacun lancés dans une quête indicible.
Je suis ensuite passée à Sans toit ni loi d’Agnès Varda, avec Sandrine Bonnaire et Macha Méril. C’est l’histoire de Mona, jeune vagabonde que nous suivons au gré de sa vie d’errance. On ne saura jamais rien d’elle, de son passé, de sa vie — à peine un nom ; le film est surtout une suite de rencontres un peu décousues, mettant en scène les regards des autres sur elle. J’avoue qu’il m’a moins marquée, mais le personnage touche par son humanité, le mélange entre sa vivacité rebelle, provocante, et une grande solitude qu’on perçoit de plus en plus. Elle est, là encore, magnifiquement interprétée par Sandrine Bonnaire. On rencontre beaucoup de personnages en dérive, marginaux chacun à sa manière, avec leur complexité humaine. Une invitation à aller au-delà des apparences, et des choix de vie qu’on peut avoir du mal à comprendre…
Enfin, j’ai terminé par Rendez-vous d’André Téchiné, avec Juliette Binoche, Lambert Wilson, Wadeck Stanczak et Jean-Louis Trintignant. Une sorte de trio amoureux, si on peut dire, entre la jeune actrice Nina (Juliette Binoche), le torturé Quentin (Lambert Wilson) et Paulot (Wadeck Stanczak), qui se trouve pris entre les deux.
Nina est une jeune femme libre de son corps, qui se donne sans se laisser posséder ; depuis son arrivée dans la capitale pour vivre de sa passion du théâtre, elle passe de bras en bras en savourant sa liberté. Une liberté qui ne semble guère convenir aux hommes autour d’elle. Ses rapports avec Quentin sont immédiatement passionnels et destructeurs : le jeune homme porte en lui une violence immense, évidente. Paulot, lui, est plutôt renvoyé à un rapport platonique qui ne le satisfait en rien… Très vite, le chaos intérieur de Quentin met les trois sur le fil du rasoir et semble mener tout droit à une tragédie imminente.
Cette histoire, comme Damage/Fatale que j’avais adoré, est extrêmement passionnelle et sexuelle. J’ai cependant fait une grande différence entre les deux, et celle-ci m’a plutôt dérangée. Ce que je n’aime pas, c’est le regard que les hommes du film portent sur Nina. Pendant tout le long du film, dans la manière dont ils lui parlent, la touchent, l’empoignent même, elle n’est qu’un corps — voire même une pute… L’incapacité de la posséder crée chez ses amants ou ses soupirants une véritable rage qui semble sous-tendre le film, et même si c’est intéressant psychologiquement, le manque total de considération m’a heurtée. Nina semble revendiquer le droit de vivre et de jouir sans être la femme d’un homme. Les autres personnages le lui refusent.
Détail intéressant, le film tourne aussi autour d’une pièce, Roméo et Juliette, dont l’histoire est aux antipodes des relations entre les héros. Mais cette œuvre a marqué le passé de Quentin, et est associée aux blessures qui le hantent. Lorsque Nina reprend le rôle de Juliette, c’est un autre interdit qu’elle brise… une nouvelle transgression à lui faire payer.
Je vais peut-être partir dans du moins lourd pour la suite ! Au programme : Lelouch, Woody Allen et Alain Resnais 🙂
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