Un crash d'avion au-dessus de l'Afrique ne fait - à priori - aucun survivant. Mais grâce à (ou plutôt à cause de) Google Earth, 16 ans plus tard, une photo satellite capte la présence d'un enfant blanc, au milieu du peuple africain, bébé lors du crash, et qui a été recueilli et élevé dans la jungle. Ramené à ce qui lui reste de famille sans qu'on lui demande son avis, Charles va découvrir la vie en Europe, avant de tout faire pour rentrer chez lui retrouver la fille qu'il aime.
Premier livre de Thomas Gunzig que je lis, j'ai commencé par aimer l'écriture et le point de départ du roman. Charles qui débarque de la jungle, trouve finalement la vie en Europe aussi sauvage que chez lui. Nous voyons tout avec son regard, et ce n'est pas follement réjouissant : ados désœuvrés voûtés sur leurs Smartphone ou jouant aux jeux vidéos. Adultes au bord du burn out ou pétris d'ennui (la psy et la tante) ...
J'ai d'abord compatis avec Charles, puis je l'ai progressivement pris en grippe. Extrêmement manipulateur, il brûle de rentrer en Afrique rejoindre Septembre, son amour laissé là-bas, et n'y va pas par quatre chemins pour y arriver. Il n'hésitera pas à chambouler les vies de ceux qui seront sur son chemin (chambouler est un bien gentil mot, il va plutôt complètement les anéantir, pour certains), avec une froideur et un calcul qui glace le sang.
Le roman passe donc d'une critique de la société européenne d'aujourd'hui et de ses travers (les réseaux sociaux, l'école, les psys, l'argent, les ados) à une histoire machiavélique qui part complètement en cacahuètes.
Un élément m'a dérangée : le fait que Charles, élevé dans la jungle, soit si féru de littérature et si savant qu'il cite des passages entiers de Baudelaire ou Rimbaud, soit incollable sur la psychologie et son histoire, entre autres, ou s'y connaisse si bien sur les moeurs de l'Europe. Il est censé ne pas savoir se servir d'Internet mais reconnaît une musique de lady Gaga et connaît quantité de choses de la vie occidentale, je n'ai absolument pas compris comment. Et même s'il est initié à la lecture par celui qui l'a recueilli bébé, son savoir littéraire paraît totalement improbable.
J'ai lu le livre avec intérêt, mais je l'ai refermé sans pouvoir dire si j'ai aimé ou pas, tellement je l'ai trouvé sombre et pessimiste.
En tout cas, il ne m'a pas laissée indifférente, ce qui est déjà pas mal ...
"La vie sauvage", Thomas Gunzig, Au Diable Vauvert, 2017