Une année studieuse

Par Sebulon

Une année studieuse – Anne Wiazemsky

Gallimard (2012)
Un jour de juin 1966, j’écrivis une courte lettre à Jean-Luc Godard adressée aux Cahiers du cinéma, 5 rue Clément-Marot, Paris 8e. Je lui disais avoir beaucoup aimé son dernier film, Masculin Féminin. Je lui disais encore que j’aimais l’homme qui était derrière, que je l’aimais, lui. J’avais agi sans réaliser la portée de certains mots, après une conversation avec Ghislain Cloquet, rencontré lors du tournage d’Au hasard Balthazar de Robert Bresson. (Page 11)

Après trois rencontres « ratées » entre la jeune fille et le cinéaste, c’est cette lettre d’Anne qui va inciter Jean-Luc Godard à la rejoindre près d’Avignon où elle passe ses vacances chez une amie. Et c’est là que va démarrer leur histoire d’amour au fil de quelques visites.
C’est une année qui ne sera pas uniquement studieuse que raconte Anne Wiazemsky car, si elle obtient finalement son baccalauréat de philosophie à la session de septembre grâce aux cours particuliers de Francis Jeanson et qu’elle s’inscrit à la faculté de Nanterre où elle côtoiera Daniel Cohn-Bendit , elle va aussi poursuivre sa relation avec le cinéaste, tourner dans son film, La Chinoise, et finalement épouser Jean-Luc Godard, tourner le dos à des études qui lui pèsent et dont elle ne voit plus l’intérêt.
J’avais aimé Jeune fille, le précédent livre d’Anne Wiazemsky où elle racontait sa première expérience cinématographique sur le tournage d’Au Hazard Balthazar.
J’ai encore plus aimé celui-ci où j’ai eu l’impression d’assister à la naissance d’un papillon, de voir celle qui n’est au début qu’une jeune fille peu assurée déployer ses ailes au fur et à mesure, prendre des décisions, se libérer de son cocon familial, découvrir une autre vie.
Et ce n’est pas seulement sa rencontre avec Godard et leur histoire d’amour qui vont être le déclencheur, mais aussi les leçons de Jeanson, le tournage du film, ses cours à la fac, les trajets en train, la découverte de la banlieue pour la petite parisienne des beaux quartiers. Autant d’expériences racontées avec candeur et sincérité, dans un style fluide et sans artifice que j’apprécie toujours autant.