Docteur Jekyll & Mister Hyde. D’après l’œuvre de R. L. Stevenson. Mattoti et Kramsky – 2002 (BD)

Par Vivrelivre @blandinelanza

Thèmes : identité, fantastique, Bien/Mal, schizophrénie/ manichéisme, sciences, enquête

Je crois que nous connaissons tous, peu ou prou, le court roman de Robert Louis Stevenson publié en 1886 et intitulé L'étrange cas du Dr Jekyll et de Mister Hyde (ou Le cas étrange du Dr Jekyll et de Mister Hyde)

C'est au collège, en lecture scolaire -et donc obligatoire- que je l'ai lu.

Et bien qu'il m'ait laissé un souvenir plutôt désagréable (certainement plus dû au contexte qu'à l'œuvre), j'ai souhaité le relire (à l'inverse de tant d'autres !) avec cette BD. Et le très bel album (au texte intégral) édité par Marmaille et Compagnie suivra CLIC

Londres, fin XIXe siècle.

Le Docteur Jekyll est un médecin réputé et au faîte de sa carrière mais qui travaille sur une théorie controversée : la dualité des âmes.

Il est persuadé que tout être est composé d'une association d'identités diverses, avec une prédominante Bien/Mal.

Dans son laboratoire, attenant à sa demeure, il a créé un sérum qu'il s'injecte dans l'espoir d'arriver à séparer ces deux entités. Ce qui entraîne non seulement d'atroces douleurs, mais aussi un changement radical de la personnalité comme du corps, dont il n'est que le reflet : difforme, hideux, torturé...

Une représentation assez manichéenne du Bien et du Mal.

Ainsi naît Mister Edward Hyde, le double maléfique du Dr Jekyll, sa face obscure et inavouable, qui peut se permettre de réaliser tous les désirs refoulés du premier.

Par un contre sérum, il peut reprendre son apparence première.

Il pense s'être prémuni de tout, mais il n'a pas pensé à lui-même.

Car cette liberté goûtée et cette mise en opposition des deux facettes de sa personnalité ne sont pas sans conséquences.

Bien que les deux se côtoient toujours, en proportion très inégale, mais avec une conscience accrue du Mal, la face sombre prédomine, terrifiant mais surtout, fascinant, l'être scientifique qu'est le docteur.

Dans cette adaptation, l'enquête du notaire Utterson n'est pas. Il vient " seulement " chez le Docteur suite à l'appel du domestique, Poole, pour enfoncer la porte du laboratoire derrière laquelle se retranche quelqu'un... Mais qui ?

Les dessins de ce récit schizophrénique ne sont pas beaux (bien qu'ils me rappellent quelques-uns du début XXe siècle - visages ronds aux yeux en billes noires...). Ils sont torturés à l'image des pensées et actes de Hyde.

Un Mr Hyde resplendissant de beauté n'aurait pas été crédible, non? (Bien qu'il existe une parution de ce texte chez Delcourt qui semble le représenter moins hideux).

Les couleurs sont exagérément vives, dans des teintes chaudes, sanguines, oppressantes et violentes.

Elles sont le parallèle de ces endroits qu'aime à fréquenter Hyde (et là, on apprécie toute la symbolique de son nom)...

Malgré les dessins (quoique !), cette libre adaptation me réconcilie avec ce texte bien que l'atmosphère glauque qui s'en détache m'ait impactée tout au long de ma lecture. Je ne sais pas si je l'aime ou non, mais ses thèmes si !

Ils posent des questions éthiques sur les théories scientifiques, la folie, leur crédibilité, soins possibles, leurs frontières, et ce qui fait l'Homme : une somme de contraires et de conciliations.

NB: Alros que j'écris cet article, ma fille (en 4e) me dit: "Oh! on étudie ce livre en anglais!". Je n'ai pas osé lui donner cette BD en raison des dessins violents, et surtout crus, qui s'y trouvent.

A la place, je lui ai mis entre les mains le très bel album (texte intégral) des Editions Marmaille et Compagnie CLIC

Belles lectures et découvertes,

Retrouvez-moi sur Facebook, Twitter, Pinterest, Instagram, tumblr, Google+, Babelio et Livraddict.