Il me hante."
511 pages
Éditions Milady (2017)
Collection new adult
Tu t’es un jour demandé si les étoiles nous regardaient. Est-ce qu’elles ressentent de la pitié pour des ratés comme nous ? Mais maintenant, je vois la vérité. Maintenant, c’est moi qui ai pitié des étoiles. Oui, les humains foirent tout, tout le temps. Mais il nous arrive aussi de tomber amoureux.Extrait :
Lexi est en dernière année à l’université d’Alabama. Elle semble avoir une vie parfaite, mais derrière ce masque heureux se cache une funambule au bord du gouffre. Austin est footballeur dans l’équipe de l’université. S’il pouvait être recruté par la ligue professionnelle, il réussirait enfin à subvenir aux besoins de sa famille. En attendant, le crime est sa seule source de revenus : le voilà prisonnier d’un gang.
Ces deux êtres que la vie n’a pas épargnés pourront-ils surmonter ensemble leurs épreuves ? Ne risquent-ils pas de tomber ensemble ?
« Lorsque la foule commence à quitter le stade au compte-gouttes, l’équipe de pom-poms se retranche dans le tunnel, grisée par la victoire, mais je reste seule derrière, m’attardant pour contempler la scène. Il y a quelque chose de singulier – d’apocalyptique, presque – à voir le stade soudain si calme, comme au sortir d’une catastrophe naturelle. Des gobelets en plastique rouge jonchent les tribunes, des confettis la pelouse, et une puissante odeur de bière imprègne l’air humide.
— C’est étrange, pas vrai ? lâche une voix masculine à l’accent marqué de l’Alabama.
Surprise, je lâche mes pompons sur le sol et pose une main sur ma poitrine. Lorsque j’aperçois le carmin d’un maillot, je lève les yeux vers l’inconnu, une main en visière pour mieux le voir, et en reste bouche bée…
— De… de quoi ? demandé-je d’une toute petite voix, levant un peu plus la tête pour m’assurer de l’identité du joueur qui se tient à quelques pas de moi.
Ma main m’offre assez d’ombre pour que je le voie enfin correctement : c’est Austin Carillo, receveur éloigné. Le numéro 83. Il s’approche de moi depuis l’entrée du tunnel qui court sous les tribunes.
— Ça. Le calme après la tempête. (Il désigne le stade vide d’un geste de la main.) C’est le moment que je préfère les jours de match. »
Mon avis :
Ce troisième volet de la série Sweet Home de Tillie Cole est sûrement le plus émouvant. L’auteure, comme elle nous l’indique dans son prologue, s’inspire de son vécu pour nous narrer l’histoire de Lexi, cette jeune femme qui souffre d’anorexie mentale. C’est une histoire magnifique, touchante que j’ai apprécié parcourir. Sweet Fall est, à mon avis, le meilleur volet de cette saga.
Lexigton Hart est une pom-pom girl pleine d’entrain et joyeuse, c’est en tout cas l’image qu’elle renvoie d’elle. Mais, en réalité, elle manque énormément de confiance en elle. Elle déteste son corps qu’elle cache sous une apparence gothique. Elle ressent ce besoin de contrôler son alimentation pour se sentir bien. Contrôler son corps et sa vie, c’est ce qui amène la jeune femme à dissimuler sa vraie personnalité sous un maquillage et des vêtements sombres. Sa lutte contre les démons qui l’agitent est constante. Austin Carillo est celui qui va savoir traverser ses défenses pour découvrir qui elle est réellement, l’accepter telle qu’elle est et lui donner envie de se battre. Mais, le jeune homme a également ses propres démons à exorciser, un gang qui a profondément enfoncé ses griffes dans sa famille, et dont il ne parvient pas à se défaire. Quand Lexi tombe sur le frère d’Austin en train de dealer sur le campus, Austin l’effraie, la menace, ne pouvant se permettre de se faire expulser de l’équipe à cause de son frère. Mais, il se rend vite compte qu’il ne supporte pas de voir la peur dans le regard de Lexi. Il doit la protéger. Mais, peut-il concilier ce lien naissant avec sa vie désordonnée ?
En parcourant le récit, j’ai vraiment ressenti l’insécurité de Lexi, son impuissance face à cette voix qui la tenaille sans cesse. Elle est touchante dans le combat qu’elle mène quotidiennement. C’est une héroïne qu’on a envie de protéger, même si une partie d’elle est forte pour faire face à cette maladie. Elle est d’autant plus touchante qu’on sait que l’auteure met une part d’elle-même dans ce personnage. Austin, de son côté, est également émouvant à sa façon. Il n’a pas choisi de faire partie d’un gang. Il a vécu toute sa vie dans une caravane, dans les quartiers difficiles et, aujourd’hui, alors que sa situation semble s’améliorer, il doit passer cette ligne qu’il s’était promis de ne plus franchir, pour aider sa mère qui est gravement malade.
Les émotions que nous ressentons à la lecture de ce volet sont fortes, brutes. Le fait que l’auteure nous offre une part d’elle-même dans ce livre donne une authenticité au récit à laquelle je ne m’attendais pas. C’est fort. C’est douloureux. Mais, c’est aussi envoûtant et beau. Une lecture que je recommande.
★★★★☆
Stéphanie
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