Naomi Fontaine est une jeune innue de la réserve de Uashat sur la Côte-Nord. Après Kuessipan(dont le tournage de l’adaptation filmique est en cours), qui avait frappé fort dans l’imaginaire littéraire québécois et des Premières Nations, l’enseignante et écrivaine retourne une autre fois aux sources, mais avec un bagage de vie différent.
Kuessipan décrivait la vie sur la réserve de Uashat et, de façon plus prononcée, l’on sentait son intérêt pour la condition féminine. Manikanetish s’inspire de son expérience alors que, après avoir quitté à l’enfance la réserve qui l’a vu naître, elle y retourne des années plus tard pour enseigner à des jeunes du secondaire. Bien que la narratrice ne soit pas présentée comme l’auteure, Naomi Fontaine s’efface subtilement derrière son personnage pour donner une place, une voix à ses étudiants.
C’est donc tout un choc qui l’attend à l’école
Manikanetish, ou Petite Marguerite. Réapprivoiser les codes de la réserve, se réapproprier la nature et ses grands espaces, reprendre contact avec les membres de sa famille élargie, et par-dessus tout, réaliser que peu de choses, malheureusement, ont changé depuis son départ. Face à une classe dont la plupart des étudiants ne sont pas motivés, s’absentent, ont des obligations parentales diverses et qui vivent des difficultés de toutes sortes, l’enseignante s’investit dans la mise en scène d’une pièce de théâtre, avec l’espoir d’entraîner ses élèves dans son élan. Derrière l’amour qu’elle donne à ses élèves, il y a aussi un peu la fuite d’un amoureux québécois, qui n’a pas sût la suivre jusqu’au bout dans sa passion et son engagement envers sa communauté. Un projet rassembleur, donc, qui redonne un peu d’espoir à tous envers l’esprit de communauté qui les unit, un projet qui sort ses étudiants de leurs routines complexes et de leurs obligations diverses pour leur redonner ultimement un peu de fierté.Maud est émue...
Le premier roman de Noami Fontaine avait été un coup de poing pour moi. Je crois qu’il s’agissait d’un ou du premier roman autochtone sur la réalité dans les réserves que je lisais, et l’écriture et la sensibilité m’étaient allés droit au cœur. C’est la même finesse que j’ai retrouvée dans Manikanetish
Le portrait que nous propose Naomi Fontaine est senti, vrai et sans fards, dans ce qu’il a de plus rude et de plus beau. J’ai aimé sentir la solidarité entre les personnages et surtout, avoir accès au point de vue d’une Autochtone qui retourne dans sa réserve après s’être émancipée. Alors que la pièce de théâtre m’a semblée, au premier abord, comme du déjà-vu en littérature (je pensais notamment à
L’orangeraie de Larry Tremblay), je me suis bien rendue compte que la valeur de ce récit ne réside pas dans l’originalité ou dans la part de fiction, mais plutôt dans l’hommage qui y est rendu. Une belle lecture, émouvante.★★★★★Madame Couette aussi...
Contrairement à Maud, je n'ai pas lu Kuessipan. Étant plutôtfamilière et très friande de romans canadiens autochtones (Thomas King, Richard Wagamese, Joseph Boyden, Marie-Christine Bernard, James Bartleman, Waubgeshig Rice), il n'était pas question que je passe à côté du nouveau roman de Naomi Fontaine.
J’ai aimé le ton intimiste de
Manikanetish, la sincérité qui s’en dégage. La compassion avec laquelle l'auteure innue dépeint ses personnages rend compte de l’amour profond qu’elle voue à cette jeunesse cabossée. Elle traque la vie sur la réserve sans aucun atermoiement ni misérabilisme.La jeune enseignante débarque à Uashat remplie de bonnes intentions.
Confrontée à la dure réalité de la réserve (suicide, grossesse précoce, fille-mère, alcoolisme, ennui), elle déchante vite, mais s’adapte, ne baisse pas les bras. La détermination et la résilience dont font preuve les jeunes de la réserve m’ont profondément émue. De monter Le Cid, projet ambitieux et rassembleur, les amène à se dépasser et à repousser leurs limites. Le retour aux sources de la jeune femme se révélera éprouvant, mais salutaire.
Porté par de courts chapitres, un style concis et harmonieux,
Manikanetish jette un regard authentique sur la réalité autochtone d'aujourd'hui. Une autofiction lumineuse et bien sentie. Une ode à la vie. ★★★★★Manikanetish, Naomi Fontaine, Mémoire d'encrier, 150 pages, 2017.* Le premier roman de Naomi Fontaine, Kuessipan, est paru en France en 2015 aux Serpent à plumes.