Après Le chagrin des vivants, un premier roman sensible très réussi, Anna Hope nous revient avec un nouvel opus au titre romanesque à souhait : La salle de bal.
Libres pensées...
En 1911, Ella est internée dans un hôpital psychiatrique, après un acte de rebellion dans l'usine où elle travaille depuis toujours. Elle y fait la rencontre de Clem, jeune fille de bonne famille qui a fui un mariage forcé avec un homme beaucoup plus âgé, et de John, irlandais, avec lequel elle danse le vendredi, dans la salle de bal de l'établissement. Mais une menace couve, car le docteur Charles Fuller, séduit par les thèses eugénistes et les applications pionnières envisageables au sein de l'hôpital, souhaite les associer à son projet, contre leur gré.
Le lieu choisi par l'auteur pour ce deuxième roman est un lieu de prédilection pour la fiction, qui encourage l'imaginaire et est porteur de nombreuses évocations.
On retrouve avec plaisir la prose efficace, douce, allante de l'auteur, qui parvient à nous entraîner dans son récit sans difficulté, d'autant plus que l'intrigue est très prévisible, comme on peut s'y attendre à la simple lecture du synopsis.
L'histoire racontée est gentille, les bons sentiments y sont exacerbés, les protagonistes très manichéens : rien en Charles n'est aimable, et si le passé de John est trouble, tout est fait pour le dédouaner, le faire apparaître comme "un bon gars", fiable, respectueux.
Clem, quant à elle, est l'indispensable sacrifiée, la caution "dramatique" du roman, ce qu'elle porte sur son front dès le début, si bien que le lecteur prend soin de ne pas s'attacher à elle, car il est évident que cela n'aurait pour conséquence que de créer une vive déception.
Vous l'avez compris, il y a donc peu d'audace dans ce deuxième roman, qui a toutefois le mérite de confirmer que Anna Hope peut écrire. La prochaine étape sera donc certainement de prendre davantage de risques, de creuser l'intrigue et les personnages, afin que la trame ne soit pas cousue de fil blanc.
Le choix du lieu est judicieux, mais, regrettablement, il ne fait pas tout!
Au plaisir, donc, de lire le prochain roman d'Anna Hope, que j'espère plus téméraire...
Pour vous si...
Morceaux choisis
"Au bout de son whisky se trouvait le néant. Au fond de la bouteille se trouvait un matin froid et nu où sa femme était partie, blottie dans une arrière-chambre de la maison de ses parents, comme si leur mariage n'avait jamais existé.
Il avait enterré sa fille et était parti dans la campagne, cherchant à travailler la terre, mais les récoltes étaient terminées, et les emplois rares. Il s'était retrouvé en périphérie des villes, ces endroits usés où des hommes usés faisaient la queue pour atteindre ceux qui pourraient les embaucher à la journée."
"Jusqu'à ce que, à un moment donné, sans qu'il puisse dire quand, il arrête. Arrête de la voir dans la rue. Arrête de penser à elle. Jusqu'à ce que le temps passé en mer soit devenu plus long que le temps à terre. Jusqu'à ce qu'il se sente devenir un homme différent. Jusqu'à ce que les années passent. Jusqu'à ce qu'il se mette à vieillir."
Note finale3/5(cool)
Libres pensées...
En 1911, Ella est internée dans un hôpital psychiatrique, après un acte de rebellion dans l'usine où elle travaille depuis toujours. Elle y fait la rencontre de Clem, jeune fille de bonne famille qui a fui un mariage forcé avec un homme beaucoup plus âgé, et de John, irlandais, avec lequel elle danse le vendredi, dans la salle de bal de l'établissement. Mais une menace couve, car le docteur Charles Fuller, séduit par les thèses eugénistes et les applications pionnières envisageables au sein de l'hôpital, souhaite les associer à son projet, contre leur gré.
Le lieu choisi par l'auteur pour ce deuxième roman est un lieu de prédilection pour la fiction, qui encourage l'imaginaire et est porteur de nombreuses évocations.
On retrouve avec plaisir la prose efficace, douce, allante de l'auteur, qui parvient à nous entraîner dans son récit sans difficulté, d'autant plus que l'intrigue est très prévisible, comme on peut s'y attendre à la simple lecture du synopsis.
L'histoire racontée est gentille, les bons sentiments y sont exacerbés, les protagonistes très manichéens : rien en Charles n'est aimable, et si le passé de John est trouble, tout est fait pour le dédouaner, le faire apparaître comme "un bon gars", fiable, respectueux.
Clem, quant à elle, est l'indispensable sacrifiée, la caution "dramatique" du roman, ce qu'elle porte sur son front dès le début, si bien que le lecteur prend soin de ne pas s'attacher à elle, car il est évident que cela n'aurait pour conséquence que de créer une vive déception.
Vous l'avez compris, il y a donc peu d'audace dans ce deuxième roman, qui a toutefois le mérite de confirmer que Anna Hope peut écrire. La prochaine étape sera donc certainement de prendre davantage de risques, de creuser l'intrigue et les personnages, afin que la trame ne soit pas cousue de fil blanc.
Le choix du lieu est judicieux, mais, regrettablement, il ne fait pas tout!
Au plaisir, donc, de lire le prochain roman d'Anna Hope, que j'espère plus téméraire...
Pour vous si...
- Vous êtes un romantique dans l'âme.
- Vous adorez danser - ou les internés psychiatriques, au choix.
Morceaux choisis
"Au bout de son whisky se trouvait le néant. Au fond de la bouteille se trouvait un matin froid et nu où sa femme était partie, blottie dans une arrière-chambre de la maison de ses parents, comme si leur mariage n'avait jamais existé.
Il avait enterré sa fille et était parti dans la campagne, cherchant à travailler la terre, mais les récoltes étaient terminées, et les emplois rares. Il s'était retrouvé en périphérie des villes, ces endroits usés où des hommes usés faisaient la queue pour atteindre ceux qui pourraient les embaucher à la journée."
"Jusqu'à ce que, à un moment donné, sans qu'il puisse dire quand, il arrête. Arrête de la voir dans la rue. Arrête de penser à elle. Jusqu'à ce que le temps passé en mer soit devenu plus long que le temps à terre. Jusqu'à ce qu'il se sente devenir un homme différent. Jusqu'à ce que les années passent. Jusqu'à ce qu'il se mette à vieillir."
Note finale3/5(cool)