Quatre livres en un an, un cinquième et un sixième en gestation très avancée, voilà le beau bilan d'une nouvelle venue en édition jeunesse, L'étagère du bas. Une nouvelle venue en édition autonome, pas une nouvelle venue en littérature de jeunesse. Delphine Monteil, aux commandes de la jeune maison française, en connaît en effet une bonne tranche et anime un blog du même nom (voir ici). Sur les quatre albums actuellement parus, deux sont des traductions et deux des créations.
"Plupp construit sa maison", d'Inga Borg (traduit du suédois par Fredrik Monteil, L'étagère du bas, 32 pages), est sorti en octobre 2016. Ce curieux personnage, petit troll à cheveux bleus et écharpe orange, culte en Suède où il est sexagénaire et inconnu en terres francophones, a décidé le couple Monteil. Lui le connaissait par les lectures que lui en faisait sa mère suédoise quand il était petit et l'adorait. Elle est également tombée sous son charme et a eu envie de le faire découvrir ici.
Dans cet album simple et joyeux, Plupp teste différents habitats en compagnie de ses amis Hermine et Lemming, avant de construire finalement le sien en compagnie de toute une série d'animaux. Toute une aventure, pimentée de petits événements. Une façon originale de mettre la faune en scène dans les beaux paysages de la Suède et de montrer que les saisons se succèdent inexorablement malgré l'intérêt pour les constructions que manifeste Plupp. Quand l'hiver est là, il faut attendre le printemps - mais il y a de quoi s'occuper avec Plupp et ses amis. Dès 4 ans.
Plupp en bonne compagnie dans sa maison. (c) L'étagère du bas.
Ce premier album de Plupp a été complété fin août d'un second, "Plupp fait un grand voyage" (traduit du suédois par Fredrik Monteil, L'étagère du bas, 32 pages) qu'Inga Borg publia en 1957, un an après le précédent. On y retrouve la même atmosphère douce et le même intérêt pour l'aventure. Tout commence quand une grue informe Plupp que son radeau perdu dans l'épisode précédent est retrouvé. Et tout continue quand l'oiseau emporte les chaussettes rayées du petit troll.
Cet autre épisode sympathique se déroule principalement sur l'eau et invite aussi d'autres animaux pour faire avancer l'histoire jusqu'à son terme, non sans avoir vécu mille péripéties entre-temps. Dès 4 ans.
Gurga la grue a une nouvelle à annoncer à Plupp. (c) L'étagère du bas.
J'apprends à l'instant le décès d'Inga Borg, ce 24 octobre 2017, à l'âge de 92 ans. L'artiste suédoise était née le 25 août 1925 à Stockholm. Avec une œuvre forte de plus de cinquante albums, elle a été une figure incontournable de la littérature suédoise pour enfants.
"Le cri de Zabou", premier livre pour enfants de Pauline de Tarragon (L'étagère du bas, 32 pages), est un moyen format carré et cartonné sorti au printemps. Il met en scène un petit garçon de cinq ans, Zabou, aussi en colère que son chien Miko est grognon. A deux, ils font la paire. Mais Zabou aimerait que sa mauvaise humeur cesse. Le recours? Sa mère. Cette dernière va lui concocter une potion magique qui va lui faire beaucoup d'effet. L'histoire ne s'arrête heureusement pas là et rebondit joyeusement.
Maman, potion magique et ingrédients. (c) L'étagère du bas.
La jeune auteure, elle a tout juste vingt ans, par ailleurs chanteuse, possède un graphisme dynamique fort agréable, composé de gros traits à l'encre de Chine sur fond blanc, rehaussés d'aquarelle et de crayon de couleur. Tout cela derrière une belle couverture orange vif. Dès 3 ans.
Enfin, datant de cette rentrée, "Louise" de Stéphanie Demasse-Pottier pour le texte et Magali Dulain pour les illustrations (L'étagère du bas, 36 pages), est un très joli album sur la solitude, l'apparence et l'amitié, traité de façon fort originale. D'abord, il est en noir et blanc, ce qui n'est pas fréquent. Ensuite, il joue habilement sur le rapport entre le texte, court et fort, et l'image, diantrement expressive, chacun apparaissant sur sa propre page, le texte à gauche, l'image à droite, sauf quand le récit exige l'inverse.
Louise pleure en cachette. (c) L'étagère du bas.
On découvre d'abord Louise, ou plutôt l'apparence de Louise, "fière et forte comme une petite guerrière". Et puis Louise elle-même, qui pleure en cachette, rêve de fuir, parle aux arbres... Comment va-t-elle s'en sortir, cette solitaire aux longs cheveux blonds? Par hasard comme souvent, quand arrive son homonyme, son contraire, celle avec qui elle va devenir amie, celle avec qui elle va parler, pleurer et rire, celui qui fait que le monde paraît plus doux.
Tout l'art de ce très bel album réside dans la confrontation entre le texte, en empathie avec le personnage de Louise, et les images faciles à décrypter et pleines d'imagination. Un univers graphique intéressant et abouti qui permet de dépasser la souffrance et de s'ouvrir à la vie. Dès 5 ans.
Voilà pour les quatre albums déjà parus, les deux suivants sont annoncés pour le 10 novembre et le 10 février.