Besoin de s’épanouir..
Nawel (une voisine mitoyenne, essayant de me réconforter): Je t’avais dit que je voulais partir pour enfin m’épanouir. Je ne veux plus ressentir cette impression d’être enfermée entre 4 murs et de ne plus pouvoir respirer. Je dois aller de l’avant, tu comprends ?
Moi (acquiesçant de la tête avec des larmes aux yeux): Je sais, je sais… Mais tu es une de mes meilleures amies, ma confidente, ma pote de blagues morbides…
Nawel ( me prenant dans ses bras): Arrête de faire ton bébé et soit contente pour moi.
Moi (essuyant mes yeux et d’une voix plaintive): On pourra toujours se voir ?
Nawel (éclatant de rire): Mais Klo, je déménage juste à 15 minutes à pied de chez toi. Je ne vais au bout du monde, je loue une grande maison pour quitter mon F1.
Moi (faisant moue): Mais c’est loin quand même…
AUTEUR: Chang Kang-Myoung
TITRE: PARCE QUE JE DÉTESTE LA CORÉE
ÉDITEUR, ANNÉE: Editions Philippe Picquier, 2017
NOMBRE DE PAGES: 163 pages.
Oui, je suis très sensible… Parfois. Bref ! Nous connaissons tous quelqu’un , voire même soi-même, qui a eu l’envie de partir espérant trouver mieux ailleurs et enfin s’épanouir. Cela se concrétise par le désir de changer de ville, de région, voire même pour certains , de changer de pays. Ce qui fut le cas de Kyena dans « Parce-que je déteste la Corée » de Chang Kang-Myoung.
Résumé:
« Pourquoi j’ai décidé de partir ? En deux mots, c’est parce que je déteste la Corée. »
Kyena, vingt-sept ans, a tout, semble-t-il, pour être heureuse. Alors pourquoi décide-t-elle de tout quitter ? Son pays, sa famille, son boulot, tout ça pour émigrer en Australie alors qu’elle ne parle même pas l’anglais !
Mais Kyena a tout prévu, enfin presque : elle quitte son petit ami à l’aéroport, laisse derrière elle la compétition, la hiérarchie et le moule trop étroit de la société coréenne ; pour elle, c’est maintenant que tout commence !
La coloc, les rencontres, les petits boulots ou encore les puces de lit, tout ne se passera pas exactement comme elle l’avait prévu. Et pas facile d’échapper au racisme, aux préjugés et à l’esprit de classe.
Mais quel bonheur de se réinventer loin des siens !
Kyena nous ressemble, avec sa bonne humeur, sa jeunesse et son désir de vivre. Dans cette comédie enlevée, elle est aussi la voix d’une nouvelle génération de femmes pour qui le monde est à conquérir ! »
Est-ce un mal de ne pas se sentir à sa place dans son pays ? De ne pas vouloir se satisfaire de ce que la société actuelle nous offre et surtout, attends de nous ?
Pour Kyena, il est clair que non. Elle n’arrive pas à s’épanouir dans son travail, dans sa relation de longue date avec le « garçon idéal » selon son entourage et le peu de perspective que lui offre son avenir:
– Soit se complaire d’être la femme d’un homme de haut-rang ou s’épuiser à grimper les échelons dans une société en sacrifiant sa vie intime.
La seule solution pour elle: quitter la Corée pour l’Australie…
Dès le début du roman, l’auteur place le lecteur en tant qu’interlocuteur. Nous avons l’impression de retrouver Kyena après une longue absence. Elle viendrait nous raconter comment furent ses premières années en Australie, de ses premières impressions loin du pays, ses études, de ses nouveaux amis, de petites anecdotes croustillantes… Mais pas seulement… Il y’aura aussi les difficultés rencontrées pour trouver un logement, le travail, le racisme, le désir plus d’une fois de rentrer au pays… Bref ! A travers la voix de Kyena, nous aurons une vision sur les différentes facettes, bonnes comme mauvaises de la société coréenne, mais aussi ce sentiment qui a poussé plus d’un à vouloir trouver son bonheur au-delà des frontières de son pays…
La Corée du Sud… La première fois où je me suis vraiment intéressée à ce pays, c’est lorsque j’ai découvert les dramas asiatiques au début des années 2000 (oui, ça fait longtemps. Oui, je suis vieille). Bien sûr, comme beaucoup, j’avais des étoiles dans les yeux et je me voyais déjà visiter ce pays qui devait être un monde merveilleux… Ah, la naïveté !
Malheureusement, la société parfaite n’hésite pas et chacune a ses défauts. En ce qui concerne la Corée du Sud, c’est le poids de la réussite sur la société qui n’est plus un secret, la différence de classe dans une union qui peut être très mal vu, les responsabilités d’une femme envers sa belle-famille qui peuvent être étouffante etc… Ce que l’auteur souligne au sein du récit n’a rien de nouveau pour ceux ayant une bonne connaissance de la culture coréenne.
Pour ma part, ce que je vais surtout retenir de ce roman, c’est d’avoir su mettre des mots sur les divers sentiments que peuvent ressentir les expatriés loin de chez eux:
– L’euphorie du début, quand tout est nouveau et plein de promesse. Puis le découragement face aux problèmes qui arrivent: les finances, le manque de ses proches et de ses amis qui se ressent, le besoin de voir des compatriotes ou des gens de sa communauté etc… La réalité prend place sur le rêve. Pourtant, il leur reste le sentiment d’être bien plus proche du bonheur recherché et cela est bien suffisant.
Conclusion:
Kyria emploie un mot très fort pour expliquer son départ de la Corée du Sud, « détester ». Pourtant, je n’ai pas ressenti une seule fois une haine de la part de la jeune femme pour son pays de naissance. Elle est proche de la communauté coréenne en Australie et dès qu’elle a pu quitter les terres australiennes pour voyager, elle est retournée voir ses proches en Corée. Certes, elle porte un regard assez critique et lucide envers ses compatriotes, expatriés ou non, mais ce n’est pas pour autant qu’elle rejette ses racines.
Malgré une lecture plaisante, je suis quelque peu déçue, car je m’attendais vraiment à une vision bien plus profonde de la société coréenne. Mais l’auteur reste à la surface et dévoile des faits qui peuvent être déjà connus par ceux qui s’intéressent à ce pays. Je le répète encore, mais le texte est plus intéressant en le prenant comme le récit des premières années d’une expatriée dans un nouveau pays que d’une critique de la Corée du Sud (bien qu’elle ne soit pas mise en valeur dans le texte).
Un roman que je conseille surtout à ceux qui commencent à s’intéresser à la culture coréenne.
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