Editeur : DonjonNombre de pages : 266Résumé : Une paix fragile règne entre les différents peuples de la forêt de Déremkas. Les habitants sont menacés par une prophétie oubliée qui annonce le retour des ténèbres. Parmi eux, Dairen, un jeune homme ordinaire, va se retrouver au milieu d’une lutte de pouvoir. Les rencontres seront nombreuses, mais ces personnes vont-elles l'aider à se frayer un chemin dans un monde cruel où les légendes sont devenues réalité ?
Un grand merci à Adrien Hortemel pour l’envoi de ce volume (et la petite dédicace) et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.
- Un petit extrait -
« – J’ai une question qui me brûle les lèvres, si tu veux bien ?– Vas-y, je t’écoute.– Comment une femme arrive-t-elle à s’imposer auprès des hommes ?– C’est-à-dire ?– Je t’ai vu lorsque nous étions dehors mais également ici. Ton comportement force les hommes à te montrer du respect. Pourquoi ?– Ce n’est pas du respect mais de la crainte. Si tu leur montres que tu es aussi dangereuse qu’eux, en général, ils ne font qu’aboyer.– Et si ce n’est pas le cas ?– Il faut espérer que tu saches manier efficacement ton arme. »
- Mon avis sur le livre -
Commençons par le commencement : j’ai découvert ce livre sur Simplement.pro, un site de mise en relation entre auteurs et chroniqueurs, et j’ai été immédiatement conquise par … sa couverture. Tout simplement. J’aime beaucoup l’ambiance qui se dégage de cette illustration, quelque chose d’à la fois magique et mystérieux, sombre et lumineux. C’est ensuite le titre qui a attiré mon attention : j’ai toujours été intriguée par les menhirs, leur signification, leur conception … Ajoutez à cela un résumé particulièrement prometteur, qui évoque une prophétie oubliée, la montée des ténèbres sur le monde, un jeune héros un peu perdu au milieu de tous ces chamboulements … et vous aurez la formule magique pour me donner irrésistiblement envie de postuler pour ce service de presse ! J’avais d’autres obligations et ne pouvais donc pas le lire dès son arrivée dans la boite aux lettres, mais autant dire qu’une fois mes autres engagements tenus, je me suis jetée dessus … pour le dévorer en une petite après-midi !
Aux yeux des habitants de Kerstrud, l’Arbre Cité, Dairen restera toujours un étranger, et quels que soient les efforts qu’il fera pour s’intégrer et participer à la vie de la communauté, il sera toujours considéré comme le profiteur qui vient leur ôter impunément le pain de la bouche. A la fin de son apprentissage, le jeune garçon est envoyé dans la garde … Mais tandis qu’il effectue sa toute première mission de surveillance nocturne en compagnie de son responsable, Raudan, la ville se fait attaquer par d’étranges et immatériels morts vivants. Dairen est aidé par une mystérieuse lumière bleue émanant de sa main, qui semble décupler sa force et le protéger des coups. A l’issue du combat, un des habitants est mort et les assaillants se sont volatilisés … les deux jeunes soldats sont aussitôt accusés de ce meurtre. Ils parviennent à fuir grâce à la complicité de deux anciens camarades de Dairen, Alyssa et Tosla. Pour eux commence alors une véritable quête pour comprendre d’où peut bien venir cette fameuse lueur bleue sur laquelle Dairen n’a aucun contrôle …
L’idée de départ avait donc un grand potentiel : des personnages atypiques et attachants (un gros coup de cœur pour le taciturne Dairen, la sarcastique Alyssa et la mystérieuse Sigrid), de la magie, des luttes de pouvoir, des complots politiques, un système sociétal apparemment idéal mais proche de la tyrannie (de la fantasy dystopique, quelle merveille !) … que d’éléments encourageants ! J’ai particulièrement apprécié la richesse de cet univers : un Arbre Cité au sein duquel les tâches sont réparties selon les aptitudes de chacun et régi par un Conseil apparemment démocratique, des légendes et des créatures fantastiques tout droit sorties des folklores celtiques … Quant à l’intrigue, elle était également particulièrement prometteuse : un jeune homme solitaire qui se heurte à l’hostilité des habitants de cette ville où il est venu se réfugier, qui se découvre des pouvoirs magiques étranges, qui se voit obligé de fuir pour rester en vie tandis qu’une conspiration se met en place … On sent que l’auteur a de l’imagination à revendre et qu’il avait à cœur de proposer un ouvrage palpitant à son lectorat !
Et finalement, le problème vient peut-être de là : à vouloir intégrer tant d’éléments à son histoire, le risque est grand de perdre le lecteur. Et c’est précisément ce qui m’est arrivé : trop d’informations à assimiler, trop d’actions trop rapidement survolées, trop de dialogues et de longues tirades à suivre … je me suis noyée. Plus d’une fois, je me suis demandée comment on en était arrivé là, comme si j’avais loupé un épisode : il se passe énormément de choses en très peu de temps, et j’avais à peine le temps de comprendre ce premier bouleversement qu’un nouveau changement s’imposait à moi. Peut-être aurait-il fallu poser un peu plus les choses, s’attarder un peu plus sur certaines scènes cruciales, offrir un peu plus d’explications au lecteur … Je pense particulièrement aux dialogues : certains sont très longs, et il aurait été bon de rappeler plus régulièrement qui était en train de parler. Certaines tirades étaient également bien trop longues pour être naturelles. Quant à l’intrigue, si elle est très riche, elle est parfois un peu décousue : j’ai finalement eu du mal à lier le complot politique en train de se jouer dans l’Arbre Cité et la quête de notre personnage principal … C’est un peu comme s’il y avait deux histoires complétement dissociées au sein du même roman, et c’est un petit peu déconcertant : je ne sais pas trop comment les enjeux de ces deux intrigues peuvent être liés … Peut-être que cela sera plus clair dans le second tome !
Car tout n’est pas mauvais dans ce roman, bien au contraire. Comme je l’ai déjà dit, les personnages sont particulièrement intéressants, même s’ils auraient eu aussi mérités d’être un peu plus approfondis. Dairen est un jeune homme que j’apprécie énormément, car il me fait penser un peu à moi : il aime observer la nature et les gens, être dans sa petite bulle, il ne sait pas vraiment comment se lier avec les autres et n’a aucune idée de ce qu’on attend de lui. Il est bien différent des autres héros de romans fantasy, et cela est tout à son honneur. Mais sa personnalité, comme celle de ses compagnons, manque un peu de profondeur : il y a énormément de personnages, et pour que le lecteur ne soit pas perdu, il faut vraiment que chacun ait sa propre identité, son élément distinctif. L’histoire est captivante : même si je ne saisissais pas toujours très bien, j’avais envie de savoir ce qui allait se passer par la suite, alors je tournais les pages, j’enchainais les chapitres … On se laisse entrainer par ce rythme effréné qui n’offre aucune pause. A mes yeux, la fin est indéniablement la meilleure partie de tout le récit : il y a enfin un véritable enjeu ! Cette fin, elle donne envie de lire la suite, elle donne envie de savoir si les choses vont s’arranger, si nos héros vont parvenir à mener à bien leur mission. Car ils ont désormais une mission, une vraie, une tangible ! Finalement, c’est comme si tout ce qui se passait avant n’était qu’une préquelle, qu’un prologue, à la véritable histoire qui commence dans ces tous derniers chapitres. J’ai eu un véritable coup de cœur pour cette fin, à défaut de l’avoir pour l’intégralité du récit !
En bref, vous l’aurez compris, une lecture en demi-teinte qui se termine bien ! De très bonnes idées pas assez exploitées, c’est ce que je retiendrais de ce premier tome, qui ressemble finalement plus à une introduction qu’autre chose. C’est typiquement le genre de roman qui aurait mérité à être deux fois plus gros, afin que tous les éléments ici survolés soient mis en valeur … Si je n’avais qu’un conseil à donner à l’auteur pour la rédaction de son tome 2 (que j’attends avec impatience !), c’est celui-ci : allez au bout de vos idées, car elles sont bonnes. Lorsqu’un raisin est bien mur, on le presse autant que possible pour en extraire tout le jus. Dans l’écriture, c’est la même chose : il faut exploiter au maximum ces ressources que sont les idées. Vos idées ont du potentiel, alors ayez confiance en elles … et en vous ! Vous avez une belle plume (quelques coquilles ont échappées à la relecture, mais ce n’est pas grave), alors faites en profiter vos lecteurs : n’hésitez pas à leur offrir plus de descriptions, plus d’explications, cela ne les ennuiera pas du tout, au contraire, le lecteur a besoin d’être pris par la main par le narrateur pour entrer pleinement dans l’univers de l’auteur. Merci pour ce livre, merci pour ce partenariat, j’espère vivement que le second tome verra le jour et que j’aurai la chance de pouvoir le découvrir comme j’ai eu la chance de lire ce premier volume !