Une maison de poupée, de Henrik Ibsen, traduit du norvégien par Marc Auchet, Le Livre de Poche, 1990 (originale : 1879), 160 pages
L’histoire
Dans cette maison où la femme est et n’est qu’une poupée, les hommes sont des pantins, veules et pleutres. Sans doute Nora incarne-t-elle une sorte de moment auroral du féminisme, alors qu’être, c’est sortir, partir. Et Ibsen, grâce à ce chef-d’œuvre, accède au panthéon de la littérature mondiale. Mais si sa poupée se met, sinon à vivre, du moins à le vouloir, au point de bousculer au passage l’alibi de l’instinct maternel, c’est qu’autour d’elle les hommes se meurent. Ibsen exalte moins Nora qu’il n’accable le mari, l’avocat Helmer, ou Krogstad par qui le chantage arrive.
Note : 4/5
Mon humble avis
L’un des livres de la dernière session du club de lecture « Une chambre à nous » qui tourne cette fois-ci autour du théâtre ! Je ne savais rien du tout de cette pièce et je me suis lancée dedans à l’aveugle : au début j’étais un peu perplexe mais j’ai très vite compris que l’auteur était là pour renverser les préjugés et idées reçues sur les personnages féminins. Nora paraît au départ superficielle, enfoncée confortablement dans ses privilèges au point de ne pas voir les problèmes des autres. On se rend compte au contraire, qu’elle fait tout pour protéger les siens alors que la loi même l’en empêche à l’époque. Elle trouve les moyens, aussi dangereux cela soit-ce pour sa réputation.
Bien sûr, il ne faut pas que cela se sache et surtout pas Helmer, son mari. Ce dernier d’ailleurs est l’archétype du mari qui prend son rôle très à cœur… surtout quand il s’agit que sa femme lui obéisse, s’occupe de lui et de leurs enfants.
NORA. — Une idée superbe. Mais moi aussi je suis gentille de tout faire pour te plaire.
HELMER, lui caressant le menton. — Gentille ? … De plaire à ton mari ? Allons, allons, petite folle, je sais bien que ce n’est pas cela que tu voulais dire. Mais je ne veux pas te déranger ; tu dois essayer, je pense.
C’était absolument fascinant de lire l’histoire de cette femme qui fait tout pour garder secret ses actions passées, honteuses pour une femme de son époque… jusqu’à ce qu’elle s’émancipe complètement de son rôle genrée et décide de faire ce qui est important pour elle, peu importe les désirs et besoin de sa famille.
NORA. — Que considères-tu comme mes devoirs les plus sacrés ?
HELMER. — Ai-je besoin de te le dire ? Tes devoirs envers ton mari et tes enfants, n’est-ce pas ?
NORA. — J’en ai d’autres tout aussi sacrés.
HELMER. — Tu n’en as pas. Quels seraient ces devoirs ?
NORA. — Mes devoirs envers moi-même.
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