« S’habituer… S’habituer à passer du rire aux larmes en
quelques secondes. De la plaisanterie la moins fine à la peur la plus forte.
Avec la mort infiltrée. Mais sérieusement, quand on a dix-sept ou dix-huit ans,
ça veut dire quoi, mourir, si on n’a rien vécu ? »
Mary, Monelle, Julien et Sami. Ils sont quatre. Lycéens. Au début des années 90. Dans leur quotidien débarque sans prévenir cette saloperie de sida dont trop peu de monde parle. C’est l’heure des premiers amours, des premières fois, des premières confrontations avec l’hypocrisie des adultes, des premiers engagements politiques, de la prise de conscience effrayante qu’avec ce virus la jeunesse n’est plus forcément synonyme d’avenir et d’insouciance.
Cathy Ytak signe avec ce Trait de fusain un splendide roman. C’est beau, triste, touchant, à la fois d’un réalisme cru et traversé par beaucoup de douceur. Elle montre la surprise, le coup de massue, l’impossibilité d’y croire (« Parce que ce genre de chose, ça n’arrive pas à des gens comme eux. Ils sont trop jeunes, trop ordinaires, trop… quelconques. »). Elle dit la rage, la colère et la résignation, la joie de vivre, les amitiés qui se fissurent ou se renforcent, la perte définitive de l’innocence. Elle revient aussi sur les premiers pas d’Act Up en France, ses actions coup de poing pour frapper l’opinion, l’élan de vitalité qui portait les militants malgré l’ombre de la mort planant sur beaucoup d’entre eux.
Plus que tout, j’ai trouvé ce texte d’une grande dignité, loin du tire-larmes vers lequel il aurait été facile de basculer. Pas de pathos ni de jugement mais une empathie débordante et contagieuse qui met du baume au cœur en dépit de la douleur et de l’injustice qui laboure les tripes. Un bijou de sensibilité.
D’un trait de fusain de Cathy Ytak. Talents hauts, 2017. 255 pages. 16,00 euros.
Une pépite jeunesse évidemment partagée avec Noukette.
Mary, Monelle, Julien et Sami. Ils sont quatre. Lycéens. Au début des années 90. Dans leur quotidien débarque sans prévenir cette saloperie de sida dont trop peu de monde parle. C’est l’heure des premiers amours, des premières fois, des premières confrontations avec l’hypocrisie des adultes, des premiers engagements politiques, de la prise de conscience effrayante qu’avec ce virus la jeunesse n’est plus forcément synonyme d’avenir et d’insouciance.
Cathy Ytak signe avec ce Trait de fusain un splendide roman. C’est beau, triste, touchant, à la fois d’un réalisme cru et traversé par beaucoup de douceur. Elle montre la surprise, le coup de massue, l’impossibilité d’y croire (« Parce que ce genre de chose, ça n’arrive pas à des gens comme eux. Ils sont trop jeunes, trop ordinaires, trop… quelconques. »). Elle dit la rage, la colère et la résignation, la joie de vivre, les amitiés qui se fissurent ou se renforcent, la perte définitive de l’innocence. Elle revient aussi sur les premiers pas d’Act Up en France, ses actions coup de poing pour frapper l’opinion, l’élan de vitalité qui portait les militants malgré l’ombre de la mort planant sur beaucoup d’entre eux.
Plus que tout, j’ai trouvé ce texte d’une grande dignité, loin du tire-larmes vers lequel il aurait été facile de basculer. Pas de pathos ni de jugement mais une empathie débordante et contagieuse qui met du baume au cœur en dépit de la douleur et de l’injustice qui laboure les tripes. Un bijou de sensibilité.
D’un trait de fusain de Cathy Ytak. Talents hauts, 2017. 255 pages. 16,00 euros.
Une pépite jeunesse évidemment partagée avec Noukette.