Charles Soule étant lui-même avocat, il connaît et apprécie les rouages de la justice américaine. Ce qui est fort pratique quand on met en scène les aventures d'un super-héros en collant la nuit, spécialiste du barreau le jour. Bref, les histoires de Daredevil ne sont pas uniquement que des prétextes à une énième joute à pouvoirs, mais pointent du doigt les failles ou les subtilités d'un système judiciaire complexe et souvent déroutant. Ici le lecteur est prié de se pencher sur le cas de l'immigration clandestine (depuis le premier tome) et de la difficulté d'obtenir des papiers, et rester sur le sol américain (un des soucis majeurs de Blindspot, le nouveau side-kick de Daredevil). Mais aussi sur la juridiction propre aux états souverains. Par exemple, depuis que les Inhumains ont installé New Attilan de par chez nous, et qu'ils constituent un peuple toujours plus nombreux (merci le nuage terrigène), ils ont signé des contrats de collaboration avec la mairie de New-York, leur permettant d'arrêter et juger les criminels issus de leur race. Pas de bol pour Daredevil, le méchant du jour est de ceux-là. Si la presse l'a surnommé Vincent Van Gore, lui même préfère se faire appeler La Muse, en référence à ses talents d'artistes. Un peintre spécialiste de l'art moderne, dont les oeuvres sont réalisées avec le sang des victimes, ou leurs corps démembrés, selon l'inspiration du moment. Un cas d'école inédit qui remet en question le rôle, le sens même de l'oeuvre d'art, et questionne les limites de la décence dans une société moderne qui tourne tout en spectacle, en source de profit. Pensez donc, le propriétaire de l'appartement où est produite la première fresque homicide est transformé en musée, et les curieux se pressent pour donner dix dollars et voir un tableau qui suinte la mort. Ne riez pas, ce genre de chose pourrait bien arriver dans la vraie vie, que le frisson ressenti par beaucoup serait le même. Voyeurisme quand tu nous tiens...
Vous l'aurez compris, notre opinion sur ce tome 3 est très positive. Reste que Charles Soule n'explicite pas véritablement les pouvoirs et les motivations de la Muse. Un ennemi au look d'enfer, au modus operandi original et qui amène bien des interrogations, mais qui conserve aussi une grosse part de mystère. Une sorte de joker artiste peintre, sur les bords. Bonne pioche au dessin avec le retour de Ron Garney. Toujours aussi bon sur ces pages, avec un découpage nerveux, un Daredevil qui semble se fondre avec les ombres, se mouvoir admirablement bien dans ce contexte, bref c'est du bel ouvrage. Autre point fort, le traitement de Blindspot. Le gamin n'est pas qu'un faire valoir et accède peu à peu à un autre statut, certes un peu idéalisé, mais qui prouve que l'héroïsme, le vrai, n'est pas encore mort chez Marvel. Surtout épargnez-vous de lorgner sur la dernière page de l'album avant la lecture, car vous vous priveriez du destin du faire-valoir de Daredevil, qui va commencer dans ce tome à comprendre que tout a un prix, surtout de jouer aux redresseurs de torts en free lance. Vous trouverez aussi les Inhumains, avec notamment Medusa et Karnak, et ces derniers n'en finissent plus de paraître antipathiques.
Sans entrer de plein droit dans la légende du personnage, voilà un tome 3 qui se lit avec plaisir, et revendique avec raison une intelligence narrative qui peut se ressentir à plusieurs niveaux de lecture.
A lire aussi :
Le Tome 2
Le Tome 1
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Vous l'aurez compris, notre opinion sur ce tome 3 est très positive. Reste que Charles Soule n'explicite pas véritablement les pouvoirs et les motivations de la Muse. Un ennemi au look d'enfer, au modus operandi original et qui amène bien des interrogations, mais qui conserve aussi une grosse part de mystère. Une sorte de joker artiste peintre, sur les bords. Bonne pioche au dessin avec le retour de Ron Garney. Toujours aussi bon sur ces pages, avec un découpage nerveux, un Daredevil qui semble se fondre avec les ombres, se mouvoir admirablement bien dans ce contexte, bref c'est du bel ouvrage. Autre point fort, le traitement de Blindspot. Le gamin n'est pas qu'un faire valoir et accède peu à peu à un autre statut, certes un peu idéalisé, mais qui prouve que l'héroïsme, le vrai, n'est pas encore mort chez Marvel. Surtout épargnez-vous de lorgner sur la dernière page de l'album avant la lecture, car vous vous priveriez du destin du faire-valoir de Daredevil, qui va commencer dans ce tome à comprendre que tout a un prix, surtout de jouer aux redresseurs de torts en free lance. Vous trouverez aussi les Inhumains, avec notamment Medusa et Karnak, et ces derniers n'en finissent plus de paraître antipathiques.
Sans entrer de plein droit dans la légende du personnage, voilà un tome 3 qui se lit avec plaisir, et revendique avec raison une intelligence narrative qui peut se ressentir à plusieurs niveaux de lecture.
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