Editions du Jasmin, collection "Jasmin littérature Poche", 2012
Thèmes : Guerre, famille, identité, quête, onirisme, le temps qui passe, polyphonie
Ce petit roman au format intimiste (10,6 x 13,2 cm), à la couverture aussi sobre que délicate, et au titre si poétique, renferme dans ses pages une histoire à la fois dure et sensible.
Polyphonique, son personnage central est Nour.
Nous la découvrons petite fille, puis adolescente, puis jeune femme.
Chaque chapitre fait parler un personnage différent, pour la plupart qu'une seule fois. Tous évoquent Nour et ce qu'ils ressentent vis-à-vis d'elle.
En bordure d'un désert, mais dans un village encagé, Nour est la seule survivante de sa famille sans qu'elle ne le sache encore.
Le village a été décimé, sa population massacrée, au nom du pouvoir, par la force de la guerre.
"Sauvée" par son cousin, amenée à son oncle, elle fut confiée à un homme qui la confia à un autre, avant qu'elle ne s'enfuie et trouve une autre famille dans le pays voisin (et ennemi).
Elle grandit sans rien savoir de son passé, sans vraiment se souvenir, si ce n'est ces étranges phénomènes, fantastiques, qui se produisent autour d'elle et la font s'évanouir.
Nour ne sait pas qui elle est, et cette absence d'identité se fait entendre et voir.
Le chemin pour la recouvrer est vital.
Non seulement pour elle, mais aussi pour tous ceux qui la côtoient et qui l'aiment...
Amel Isyès livre ici un récit absolument fascinant !
Je ne suis pas sûre de trouver les bons mots pour faire ressentir toute sa beauté et l'émotion qui m'a emprise !
Ses mots sont délicats et poésie, ce qu'ils décrivent est souffrance et onirisme pour mieux dire le besoin de savoir qui nous sommes, d'où nous venons, pour savoir où nous allons.
Ainsi que les multiples facettes que revêtent notre identité, notre " soi/moi " intérieur.
Elle écrit une guerre, des épreuves, des affrontements, quelques étincelles de bonheur.
Une recette de conte, des contours flous, des éléments d'ici et d'ailleurs, quelques couleurs, beaucoup de sable, un brin de fantastique...
Cette guerre décrite, à mon sens n'est pas réelle.
Elle est intérieure, elle est celle de l'âge, ou plutôt des âges, comme du temps qui passe et qui en s'écoulant, nous construit.
Ces âges par lesquels nous passons inévitablement, du besoin puis du rejet de l'autre, et notamment de la mère.
Se détacher, adhérer à un autre groupe, pour mieux revenir vers ce qui nous (a) fait.