Tous les mois, nous allons vous présenter les chiffres de vente des comics outre-Atlantique et analyser le marché dans son ensemble.
Cela fait un moment que j'ai l'idée en tête : partagez avec vous les ventes de comics sur le marché américain. Avant de rentrer dans les chiffres et, surtout, l'analyse qui en découle, il faut préciser quelques détails.
Tout d'abord, il s'agit d'estimations de vente des comics sortis entre le 1er et le 31 octobre 2017, uniquement ceux-là. Les estimations sont données par Diamonds Comic Distributors, Inc., le principal fournisseur de comics sur le direct market, c'est à dire qu'il distribue les comics aux comic shops et assimilés. Il peut y avoir des marges d'erreur mais cela indique une tendance fiable du marché américain.
Les classements sont séparés en deux. D'un côté, il y a un classement en fonction de la quantité vendue, tout simplement on additionne le nombre de comics sortis pendant la période vendu. De l'autre, il y a un classement en fonction des revenus engendrés. Là encore il s'agit d'estimation puisque les bénéfices engendrés par un éditeur dépend du pourcentage qu'il touche retranché à celui qu'il investit et ces chiffres varient en fonction de la maison d'édition. Ainsi pour faire simple, Diamonds prend le nombre de comics vendus et le multiplie par le prix de vente. Encore une fois, cela n'est qu'un ordre de grandeur.
Ces deux classements peuvent paraître redondants mais, il n'en est rien puisqu'un éditeur peut vendre moins de comics mais engendré plus de revenus notamment parce qu'il vend ses comics plus chers ou parce qu'il arrive à placer plus de titres dans le classement global.
Et, justement, dernier point, ces chiffres ne prennent en compte que les 300 premiers comics vendus en single. Donc les Graphic Novels et les Trade Paperbacks ne sont pas pris en compte dans ces classements.
A noter que je ne diffuse pas de classement sur les albums parce que les chiffres ne montrent que des tendances assez vagues vu que certains livres sont distribués par d'autres moyens. en plus, avec la vente en ligne, les chiffres ne sont plus aussi fiables qu'avant.
Maintenant, place aux chiffres.
TOP 10 des éditeurs en quantité
Il s'agit des 10 meilleurs éditeurs de la période en fonction du nombre de comics vendus.
TOP10 des éditeurs en revenu engendré
Il s'agit du classement des éditeurs qui ont gagné le plus d'argent durant la période.
TOP 10 comics
Voici les 10 comics single qui se sont le mieux vendus pendant la période.
Nombre de titres publiés
Classement des éditeurs qui ont en fonction
Analyse des chiffres
La chute des ventes se confirme
Au mois de septembre, il y a eu une hausse importante des ventes de comics de près de 240 000 d'unités en plus. C'était la tendance qu'on observait depuis quelques mois déjà ce qui rassurait pas mal sur le marché global.
Sauf que ce mois-ci, nous avons le droit à une chute de 1,10% d'unités vendues, revenant à un nombre de comics vendus assez proche de la moyenne annuelle. Ce qui est assez bas puisque l'année dernière, à la même période, il s'était vendu 21,05% de comics de plus, ce qui revient tout de même à 1,7 million d'unités.
Une chute importante des ventes s'est amorcée en octobre 2016 d'abord chez Marvel et DC puis s'est généralisée sur les petits éditeurs. Clairement le mois de novembre de l'année dernière a été catastrophique. Vu qu'il s'agissait d'une période électorale, les revenus des divertissements diminuent ; c'est un phénomène constaté généralement. Sauf qu'il n'y a pas eu de véritable reprise. Si les events des Big Two (Marvel et DC donc) ont redressé les ventes avec Secret Empire, Generations, les one-shot Dark Days, Dark Nights: Metal et le numéro spécial Marvel Legacy, il semble que ce n'est qu'un phénomène temporaire.
Cette baisse est d'autant plus inquiétante vu la situation éditoriale des Big Two qui ont chacun lancé des événements ce qui avait tendance habituellement à booster les ventes. Cela n'empêche qu'avec que 36% des publications sorties en octobre, ils détiennent 74% des unités vendues et 66% des revenus. Vu le grand nombre d'éditeurs sur le marché, la part restante n'est pas très grosse pour chacun.
Marvel toujours un peu d'avance
Tout comme le mois dernier, Marvel Comics est donc devant tout le monde en nombre d'exemplaires vendus et en revenus engendrés. L'écart reste tout de même serré avec son rival concernant les unités écoulées. L'écart niveau revenu est justifié par le fait que sa plus grosse vente est Mighty Thor #700, épisode de 56 pages vendu à $5.99 et Star Wars #37 qui est dans le top 20 est vendu à $4.99.
Les ventes de ses séries phare - à savoir Iron Man, Avengers, Spider-Man, X-Men, Deadpool, Spider-Gwen, Hulk, Wolverine et Venom - sont dans les tranches hautes des ventes, à savoir entre 80000 et 60000 unités écoulées.
Il faut aussi compter la différence de prix avec les single de DC, ce dernier vendant un numéro entre $2.99 et $3.99 sauf numéros spéciaux alors que Marvel a pour prix unique $3.99, le prix du catalogue de la Maison des Idées est forcément plus élevé donc naturellement se détache de celui de son concurrent même lorsque les deux éditeurs sortent quasiment le même nombre de revues dans le mois.
Par contre, Marvel Legacy ne crée pas un grand mouvement dans les ventes. Habituellement, avec un phénomène de telle ampleur suscite la curiosité et l'engouement. Il suffit de voir le boost des ventes de All-New All-Different Marvel en 2015. Sauf que comme je l'expliquais dimanche, Legacy n'est pas vraiment un phénomène du même acabit et, apparemment, même si dynamise certaines ventes, le lectorat n'est pas dupe. En revanche, et là c'est plus inquiétant, l'année dernière le micro-événement Marvel Now! avait eu plus d'influence sur les ventes.
DC Comics domine le Top 10 mais...
La stratégie de DC de mettre un maximum de série avec Batman dans le titre fonctionne très bien puisque l'éditeur domine largement le Top 10. Mais, sincèrement, c'est inquiétant de voir qu'il réalise 3% de moins de ventes que Marvel.
Les titres tie-in à Dark Nights fonctionnent très bien, la mini-série culmine à nouveau les ventes - le mois dernier le numéro 2 rivalisait avec le bulldozer Marvel Legacy, il y a aussi la grosse sortie de Batman: White Knight de Sean Gordon Murphy, et la série régulière Batman confirme son intérêt auprès du public. Par contre, le mini-événement qui introduit le prochain event de la firme déçoit, en effet les épisodes Action Comics avec ses covers lenticulaires gravitent autour des 60000 exemplaires ce qui reste très bien mais DC semblait s'être mis les moyens pour susciter l'envie sur ces épisodes mais n'arrive pas à percer parmi les titres de la concurrence.
Conclusions
Si le marché s'est assainit ces derniers mois avec des écarts pas trop importants entre Marvel et DC, il n'en reste qu'il reste en crise. En plus, nous voyons que les techniques d'antan - events, renumérotation massive, micro-événements - ne fonctionnent plus comme ils le devraient. Si Marvel Legacy arrive à donner de l'avance à son éditeur, ce dernier n'arrive pas non-plus à s'écarter, et les ventes sont globalement en baisse. Du côté de DC, c'est un autre phénomène puisque les grosses sorties et l'event semblent vampiriser le reste des publications.
Le marché des petits éditeurs aussi connait sa crise. Représentant 64% des publications sorties, il ne représente que 25% des comics écoulés. En sachant que Image et IDW Publishing cannibalisent ce qui reste, certains de ces éditeurs sont loin de rentrer dans leurs frais.