Son œuvre est interdite jusqu’à la réhabilitation de l’écrivain en 1954, au moment de la déstalinisation. Les manuscrits saisis lors de son arrestation n’ont jamais été retrouvés. Il nous reste des nouvelles et du théâtre, principalement. La présente édition réunit la majeure partie des récits écrits par Isaac Babel entre 1923 et 1937. Nous avons donc Les Contes d’Odessa (4 nouvelles), puis 21 textes regroupés dans le chapitre Nouvelles et enfin 2 autres sous le titre de Souvenirs.
Je ne tournerai pas autour du pot, je ressors déçu – globalement - de cette lecture. Le bouquin était noté dans mon carnet des livres à lire depuis de longues années et peut-être m’en étais-je fait une montagne inconsciemment ? Certes il y a de bons textes, certains tirés de la vie de l’écrivain et de ses expériences, tous en tout cas se réfèrent à des évènements réels. Les Contes d’Odessa, ce sont les quartiers mal famés de la ville avec ses truands et toutes les petites gens y vivant. C’est d’ailleurs le registre social de ces gens du peuple qu’explore ou fait vivre sous nos yeux Babel à travers toutes ses nouvelles. Babel enfant étudiant le Talmud, petit juif échappant à un pogrom, adultes truculents ou farfelus qui l’entourent, de jolis portraits ne manquant pas d’humour discret mais parfois une nouvelle sait être dure (« Le voyage »). Au moins ne sont-ils jamais larmoyants.
J’ai dit que j’avais été déçu, c’est particulièrement le cas avec la section Les Contes d’Odessa. Il n’est pas question de contester la qualité littéraire des écrits d’Isaac Babel, mais son style m’a dérouté. Trop. Ellipses, non-dits, j’ai peiné à lire comme si je me trouvais devant des scènes sorties d’un « grand tout » dont j’ignorais en quoi il consistait. Incompréhension, perplexité, obligation de recoller les morceaux ne m’ont pas laissé le loisir de m’attacher aux personnages et à leurs histoires.
Heureusement – pour moi – plus on se rapproche de la fin du recueil, meilleurs sont les nouvelles et pour l’écrivain comme pour le lecteur, c’est un plaisir de le voir recevoir les encouragements de Gorki « … pour un honnête homme, un littérateur honnête et un révolutionnaire, s’engager dans cette voie est un grand honneur ; accomplissez donc, monsieur, cette lourde tâche avec ma bénédiction… »