Après Liberati revisitant le meurtre de Sharon Tate par les disciples de Charles Manson, Lola Lafon s'attaque à l'énigme Patty Hearst... Les faits divers américains ont le vent en poupe, et ce n'est pas forcément déplaisant !
Libres pensées...
La narratrice s'adresse à Gene Neveva, universitaire chargée de prouver, lors du procès de Patty Hearst, que cette dernière était sous l'emprise de la SLA, en dépit des déclarations de cette dernière affirmant le contraire dans les vidéos tournées alors qu'elle était enlevée. Pour cela, Gene sollicite l'aide de Violaine, qui l'assiste dans ses recherches et découvre l'histoire de Patty Hearst, jeune adolescente sans histoire, fille d'un magnat des affaires, enlevée par la SLA, et arrêtée alors qu'elle prend part aux côtés de ses ravisseurs à un hold-up, visiblement acquise aux thèses défendues par ce mouvement d'extrême gauche.
Le sujet choisi par Lola Lafon ne manque pas d'attrait, et s'il a déjà fait l'objet de recherches en tous genres, n'étant pour ma part pas encore tombée dessus, il avait à mes yeux l'intérêt de la nouveauté.
On part donc à la rencontre de trois protagonistes, à commencer par Patty, mais aussi Gene, à l'humeur changeante et aux idées arrêtées, et Violaine, douce et conciliante, qui peine à se faire une idée sur Patty.
Patty, donc. Patricia, héritière, qui développe lors de son enlèvement un discours auquel, sans doute, ses proches ne s'attendaient pas, puisqu'elle les accuse de ne pas faire assez pour la libérer, et surtout, pour lutter contre la misère qui accable le pays, et dont ils sont complices, travaillant exclusivement à leur enrichissement personnel. Elle qui n'avait jamais exprimé d'idée politique, elle révèle soudain un visage engagé, militant, sûr d'elle et de la cause pour laquelle elle veut se battre à son tour, obligeant son père à venir en aide aux démunis, à nourrir ceux qui ont tout perdu dans le monde merveilleux de la société capitaliste.
Arrêtée, elle retrouve sa famille, qui s'empresse de lui bâtir une défense solide, arguant d'un embrigadement moral et d'une emprise des militants sur la jeune fille.
Aux côtés de Gene, Violaine découvre le contexte politique et économique dans lequel Patty est enlevée et détenue par la SLA, les opérations menées par la police pour la localiser et la libérer (qui passeront par la destruction d'une maison dans laquelle elle aurait pu se trouver...), les enjeux de la prise de position de Patty, et son impact en particulier sur les jeunes générations, marquées par le message qu'elle envoie.
Cette analyse maintient le lecteur en haleine, néanmoins la structure du récit m'a semblé peu pertinente, du fait du choix des protagonistes qui, à mon sens, apportent peu au récit, lui apportent une complexité qui n'était pas nécessaire (tout comme le choix de créer une narratrice s'adressant à Gene lui disant "tu"), et contribuent à "embrouiller" la lecture.
Si l'on fait exception de ce point, on se laisse facilement absorber par l'histoire de Patty Hearst, et l'on comprend la fascination qu'elle a pu exercer depuis lors.
Pour vous si...
Morceaux choisis
"Vous venez de dénicher quelque chose d'amusant dans Newsweek : quand elle avait seize ans, Patricia a écourté son voyage eu Europe car elle avait le mal du pays, elle trouvait que Venise sentait mauvais. "J'en ai marre des statues aux pénis circoncis", écrit-elle à sa meilleure amie dans une lettre qu'elle termine ainsi : "L'idéal serait d'être mariée l'année prochaine, d'avoir deux enfants, un chien et un break". Merveilleuse et étonnante Miss Hearst, concluez-vous d'un sourire."
"Pour un exposé dont le sujet est "l'envers du décor", face à une professeure de français perplexe, je raconte la brutale mise à nu du monde-cocon de l'héritière, la façon dont, en se convertissant, Patricia met fin à quelques mythes tenaces. Non, les parents n'aiment pas leurs enfants inconditionnellement, pas s'ils endossent une autre identité que celle qu'on leur destinait, non, la police n'est pas là pour nous secourir, qui n'a pas hésité à mitrailler une maison dans laquelle Patricia aurait pu se trouver. Aux élèves, je lis des extraits de ses messages, persuadée de me trouver des alliés, mais c'est un tollé, une milliardaire qui prétend s'intéresser aux pauvres, qu'a-t-elle fait ma Patricia pour changer le monde, un hold-up ? J'argumente, que font-ils, eux, à part se tenir soigneusement à l'écart de ce qui pourrait ralentir leur route, et vers quoi se dirigent-ils avec tant de ferveur, j'écope d'un 5/20, mon travail déclaré "hors sujet"."
Note finale3/5(cool)
Libres pensées...
La narratrice s'adresse à Gene Neveva, universitaire chargée de prouver, lors du procès de Patty Hearst, que cette dernière était sous l'emprise de la SLA, en dépit des déclarations de cette dernière affirmant le contraire dans les vidéos tournées alors qu'elle était enlevée. Pour cela, Gene sollicite l'aide de Violaine, qui l'assiste dans ses recherches et découvre l'histoire de Patty Hearst, jeune adolescente sans histoire, fille d'un magnat des affaires, enlevée par la SLA, et arrêtée alors qu'elle prend part aux côtés de ses ravisseurs à un hold-up, visiblement acquise aux thèses défendues par ce mouvement d'extrême gauche.
Le sujet choisi par Lola Lafon ne manque pas d'attrait, et s'il a déjà fait l'objet de recherches en tous genres, n'étant pour ma part pas encore tombée dessus, il avait à mes yeux l'intérêt de la nouveauté.
On part donc à la rencontre de trois protagonistes, à commencer par Patty, mais aussi Gene, à l'humeur changeante et aux idées arrêtées, et Violaine, douce et conciliante, qui peine à se faire une idée sur Patty.
Patty, donc. Patricia, héritière, qui développe lors de son enlèvement un discours auquel, sans doute, ses proches ne s'attendaient pas, puisqu'elle les accuse de ne pas faire assez pour la libérer, et surtout, pour lutter contre la misère qui accable le pays, et dont ils sont complices, travaillant exclusivement à leur enrichissement personnel. Elle qui n'avait jamais exprimé d'idée politique, elle révèle soudain un visage engagé, militant, sûr d'elle et de la cause pour laquelle elle veut se battre à son tour, obligeant son père à venir en aide aux démunis, à nourrir ceux qui ont tout perdu dans le monde merveilleux de la société capitaliste.
Arrêtée, elle retrouve sa famille, qui s'empresse de lui bâtir une défense solide, arguant d'un embrigadement moral et d'une emprise des militants sur la jeune fille.
Aux côtés de Gene, Violaine découvre le contexte politique et économique dans lequel Patty est enlevée et détenue par la SLA, les opérations menées par la police pour la localiser et la libérer (qui passeront par la destruction d'une maison dans laquelle elle aurait pu se trouver...), les enjeux de la prise de position de Patty, et son impact en particulier sur les jeunes générations, marquées par le message qu'elle envoie.
Cette analyse maintient le lecteur en haleine, néanmoins la structure du récit m'a semblé peu pertinente, du fait du choix des protagonistes qui, à mon sens, apportent peu au récit, lui apportent une complexité qui n'était pas nécessaire (tout comme le choix de créer une narratrice s'adressant à Gene lui disant "tu"), et contribuent à "embrouiller" la lecture.
Si l'on fait exception de ce point, on se laisse facilement absorber par l'histoire de Patty Hearst, et l'on comprend la fascination qu'elle a pu exercer depuis lors.
Pour vous si...
- Vous voulez savoir qui diantre étaient Mercy et Mary.
Morceaux choisis
"Vous venez de dénicher quelque chose d'amusant dans Newsweek : quand elle avait seize ans, Patricia a écourté son voyage eu Europe car elle avait le mal du pays, elle trouvait que Venise sentait mauvais. "J'en ai marre des statues aux pénis circoncis", écrit-elle à sa meilleure amie dans une lettre qu'elle termine ainsi : "L'idéal serait d'être mariée l'année prochaine, d'avoir deux enfants, un chien et un break". Merveilleuse et étonnante Miss Hearst, concluez-vous d'un sourire."
"Pour un exposé dont le sujet est "l'envers du décor", face à une professeure de français perplexe, je raconte la brutale mise à nu du monde-cocon de l'héritière, la façon dont, en se convertissant, Patricia met fin à quelques mythes tenaces. Non, les parents n'aiment pas leurs enfants inconditionnellement, pas s'ils endossent une autre identité que celle qu'on leur destinait, non, la police n'est pas là pour nous secourir, qui n'a pas hésité à mitrailler une maison dans laquelle Patricia aurait pu se trouver. Aux élèves, je lis des extraits de ses messages, persuadée de me trouver des alliés, mais c'est un tollé, une milliardaire qui prétend s'intéresser aux pauvres, qu'a-t-elle fait ma Patricia pour changer le monde, un hold-up ? J'argumente, que font-ils, eux, à part se tenir soigneusement à l'écart de ce qui pourrait ralentir leur route, et vers quoi se dirigent-ils avec tant de ferveur, j'écope d'un 5/20, mon travail déclaré "hors sujet"."
Note finale3/5(cool)