Bonjour,
J’ai eu la chance de croiser à plusieurs reprises Mélanie Talcott lors de rencontres d’auteurs à la bouquinerie En Forme de Graal…et ce fut toujours un vrai plaisir. Mais bon, je ne suis pas là pour vous parler de l’auteur mais de son livre, enfin de l’un d’entre eux.
4ème de couverture
Exit le Taj Mahal, le nirvana et autres foutaises pour touristes en mal d’imagination. C’est à une plongée plein pot dans la crudité de l’Inde à laquelle nous convie Mélanie Talcott. Sous couvert de l’enquête policière déclenchée par le meurtre d’une grande figure de l’humanitaire, l’auteur nous immerge dans une Inde moderne et moins attrayante que l’image classique que l’on en a : celle de la corruption ordinaire, de la violence, des meurtres, de la prostitution, de l’humanitaire travesti en tourisme sexuel. Un livre sans complaisance, mais d’une tendresse caustique et un excellent thriller. Extrait : « Vijay Ramalingam avait tellement vu de corps de suicidés, des femmes surtout qui se donnaient la mort en se pendant à un ventilateur, qu’il eut l’immédiate certitude qu’elle s’était pendue avec un foulard ou un linge quelconque, avant que l’évidence ne chasse la logique des apparences. Quelqu’un avait pris la peine non seulement de déposer son corps sur un linceul de fleurs, mais aussi de répandre autour quelques pièces de monnaie et du riz safrané. Quelqu’un qui avait assisté ou organisé ce suicide et qui connaissait les rudiments des rites funéraires indiens et s’était efforcé de respecter, du moins à sa manière, la défunte dont le visage exprimait étrangement plus la sérénité que la peur. Il soupira, se demanda pourquoi cela ne l’étonnait jamais que bien des personnes que l’on qualifiait avec une vénération non dénuée d’envie d’extraordinaires, finissent un jour ou l’autre par se retrouver dans une poubelle, sortit son mobile indien BSNL et appela son supérieur, Ravi Kumar. »
Mon avis
On quitte nos idées préconçues, notre vision purement occidentale du monde et on plonge dans l’Inde que nous propose Mélanie Talcott … pas celle de Bollywood (qui fait rêver) ni celle de La Cité de la Joie (qui fait frémir) mais un entre deux réalistes, durs, forts.
Mélanie alterne le récit entre :
- le suicide assisté de Amra Amrita. Les enfants qui l’accompagnent dans ses derniers instants lui expliquent qui ils sont et pourquoi elle est là. C’est important une identité, une histoire
- l’enquête (officieuse bien sûr) de l’équipe franco-indienne. Les pressions politiques et financières sont importantes… beaucoup vivent grâce aux pots de vins, parfois seul moyen de sortir la tête hors de l’eau, de ne pas seulement survivre.
À travers cette enquête, nous découvrons les enfants objets dont le seul intérêt est de pouvoir se défouler où engranger des roupies sans s’inquiéter de leur avenir. C’est l’occident qui s’installe et détruit le pays pensant que les « pauvres » sont inter-changeables. Mais c’est aussi ces derniers qui se soumettent parce que « c’est comme ça ! ».
Je peux vous dire que cette plongée en Inde (sans filet) remet en perspective notre vision de ce pays mais aussi du rôle que nous y jouons… ainsi que celui de notre « petit confort personnel »
Conclusion
Un polar différent, noir qui nous pousse à réfléchir, mais aussi une histoire d’amour pour un pays dans lequel l’espoir n’est pas mort.
Pour voyager c’est par ici , et pour découvrir un peu plus cette auteure qui ne mâche pas ses mots (et perso j’adore
Bonne lecture !
PS : comme d’habitude j’ai fureté dans la blogosphère … j’y ai croisé une super chronique sur ce roman, je vous mets le lien ici