Pourquoi ce livre ? Pour faire simple, nous avions commencé de regarder l’adaptation en série tv avec mon copain et… le premier épisode était tellement spécial que j’ai préféré découvrir le livre pour savoir dans quoi je m’embarquais avant d’aller plus loin (une vérification sur si ça valait véritablement le coup d’œil ou si je pouvais éviter de perdre dix heures de ma vie). Et comme Monsieur avait le bouquin, j’en ai légèrement profité !
J’appréhendais énormément cette lecture, pour avoir déjà lu Coraline et L’océan au boutdu chemin du même auteur. Je savais que le style est particulier, que l’action manque tout le long de la lecture, que c’est surtout l’ambiance décalée et la morale de l’ensemble qui confèrent un souffle prodigieux à l’œuvre, au sens large du terme, de Neil Gaiman.
Contrairement à mes appréhensions, le style de l’auteur me semble nécessaire dans American Gods. Les personnages le demandent, l’intrigue le réclame, la finalité de tout ce fameux projet l’oblige.Si le style est facile à lire, il faut tout de même savoir qu’il faut être plongé dans un certain état d’esprit pour savourer pleinement cette œuvre, et il faut savoir dans quoi on met les pieds, au risque sinon de passer totalement à côté. Sachez aussi que vous ne ressortez pas totalement indemne de cette lecture, le style si particulier et personnel à cet auteur plonge dans un état d’esprit assez étrange, sans que je trouve le véritable mot à ce ressenti. En tout cas, ce fut aussi ce qui a fait le charme de cette lecture.
Comme l’insinue le titre, American Gods relate une guerre entre les anciens Dieux, tout panthéon confondu (égyptiens, norrois et j’en passe) et les nouveaux dieux, issus des nouvelles technologies (médias, internet, etc). Neil Gaiman propose ainsi un conflit entre croyances ancestrales et outils du quotidien. Sans trop spoiler, ce livre m’a marqué par rapport auxdites croyances. D’un côté nous avons les anciens dieux, dont les fidèles se comptent sur les doigts de la main. Leur pouvoir dépendait de ces derniers, autant dire qu’ils sont quasiment ramenés au rang basique d’un mortel, néanmoins dotés d’une longue vie. En face, on retrouve les nouveaux dieux, balayés au fur et à mesure des progressions en matière de technologie. Ce rapport aux croyances m’a beaucoup plu car il interroge notre personnalité et notre interactivité avec les outils qui nous entourent.
Au milieu de cette guerre est coincé Ombre, mortel tout juste sorti de prison. Pourquoi Voyageur, Dieu étrange par son comportement et ses diatribes, l’a-t-il choisi en guise de chauffeur ? Est-ce simplement parce qu’il est capable du pire et du meilleur ou bien cache-t-il quelque chose de plus sombre ? La réponse à cette question, bien que tardive, m’a grandement convaincue. Située à la fin de l’ouvrage, elle donne plus encore envie de terminer ce livre pour connaître la direction prise par l’auteur.
Je dois dire que le livre m’a convaincu du début à la fin. Les personnages sont forts, mon seul regret les concernant repose sur leur nom imprononçable et, par conséquent, difficile à retenir et resituer. L’intrigue est géniale même s’il a manqué une petite dose de piquant à un moment, en emmenant Ombre à Lakeville l’auteur a choisi la carte de la tranquillité, ce choix a manqué de peps. Toutefois ce défaut, qui a conduit à passer à côté du coup de cœur, fut rapidement éclipsé par cette fin magistrale. Je m’attendais à quelque chose de fort et par certains côtés je ne fus pas déçue. Bref, ce fut une lecture plaisante, passionnante, de A à Z.
En dernier mot, je souhaite simplement souligner que mon personnage préféré est Voyageur, et je pense que Neil Gaiman comptait là-dessus, vu tout ce qu’il réserve à ce personnage odieux mais ô combien passionnant. On ne sait jamais à quoi s’attendre avec Voyageur, il est aussi imprévisible qu’une puce et aussi insaisissable que le vent. Un personnage mémorable, que j’ai grande hâte de retrouver dans l’adaptation !
17/20