215 pages
Éditions Pygmalion (2017)
Après un parcours classique, Rachel est devenue une épouse modèle. Terne, fatiguée, elle sur(vit) et s’efforce péniblement de suivre les traces de sa mère, bourgeoise fortunée de la banlieue de Washington D.C. Jusqu’au jour où cette dernière se suicide. Sans raison apparente. Sa mort, l’enterrement, le défilé des oiseaux noirs, la jeune femme les subit dans un état second, comme au spectacle. Elle passe une journée à errer dans la maison parentale, se rend compte que sa mère n’a laissé aucune trace – comme si cette dernière n’avait jamais existé. Sur le chemin du retour, Rachel voit des chevaux dans un champ. L’un d’eux, un grand palomino, se cabre au moment où la voiture les dépasse. Cela lui rappelle un rêve inachevé. Un rêve de voyage et de liberté.Extrait :
« “Tu ne peux pas.”
“Tu ne seras jamais.”
Je ne veux pas de cette existence-là.
J’étais bien partie, pourtant. Appliquée à suivre les traces de ses pas. À m’y fondre.
Et puis, tu es morte : tout a basculé.
Et puis je l’ai rencontré, ma vie a commencé. »
Mon avis :
Sans raison apparente est un récit très différent de ce que je m’attendais à découvrir. J’ai eu l’occasion auparavant de lire plusieurs récits de Charlotte Bousquet : Fanny, Le jour où je suis partie, Si j’étais un rêve… Autant d’ouvrages très différents les uns des autres que j’ai pris plaisir à parcourir. Mais, j’avoue avoir été déroutée par celui-ci.
L’intrigue démarre directement lorsque Rachel débute son road-trip. En cinq pages, un mois s’est écoulé sans qu’on ait une vision nette de la situation de l’héroïne. C’est rapide et déstabilisant. Si je n’avais pas parcouru le résumé avant de commencer ma lecture, je n’aurais pas su où je mettais les pieds. Les protagonistes ne sont pas présentés : qui, comment, pourquoi, cela reste assez flou. Nous faisons simplement la connaissance de Djinn, un animal solitaire, un pur-sang mordant qui ne semble pas apprécier le contact humain. Les éléments donnés par la quatrième de couverture arrivent peu à peu dans le récit. Nous comprenons que Rachel se fait appeler Becky par les différentes personnes qu’elle croise. On ne sait que peu de chose d’elle : qu’elle souhaite voyager seule sur son cheval et qu’elle ressent une certaine aigreur envers sa mère qui l’aurait abandonnée et avec qui elle ne semblait pas s’entendre. Qu’est-ce qui a poussé Rachel à partir seule avec un cheval ? Que cherche-t-elle dans son voyage ? Qu’espère-t-elle ? Autant de questions que l’on se pose tout au long du récit.
On peut dire que la relation qu’entretient Rachel avec Djinn est particulière. Le cheval a beau la repousser et se montrer agressif, elle persiste dans son objectif : parvenir à le rendre assez docile pour pouvoir le monter. Si elle vient en aide au cheval, ce dernier lui apporte également un certain réconfort, un but. Le cheval devient un personnage à part entière. À travers les mots de l’auteure, ses descriptions, on sent que Charlotte Bousquet a une connaissance approfondie du milieu équestre et de la manière de prendre soin d’une monture. Même si cela aurait pu être intéressant à parcourir, j’ai vraiment été déstabilisée par la manière dont l’histoire est amenée. Je suis restée totalement en retrait de ce qui s’y déroulait, ne parvenant pas à m’attacher à Rachel. Je ne la comprenais pas, et les indices qui auraient pu m’apporter un semblant de réponse arrivent beaucoup trop tard dans la narration. Si bien que, là où j’aurais mis peu de temps pour parcourir un ouvrage si court, il m’a fallu quatre jours pour terminer celui-ci. J’ai éprouvé plus de sentiments envers Djinn qu’envers notre héroïne.
★★☆☆☆
Stéphanie
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