Pourquoi ce livre ? Choisi par Castiel96 dans mon challenge Choisir la prochaine lecture de sa PAL, je dois dire que j’ai connu une longue histoire avec ce livre. Je l’avais sélectionné pour un challenge, finalement remisé, je me suis inscrite à une lecture commune que je n’ai pu honorer… Bref, tant de difficultés pour un livre dont la plupart des lecteurs n’en disent que du bien.
C’est peut-être pour ça que je fus déçue par l’ensemble. Le livre me semblait pourtant plein de promesses. Aristote, Dante, deux identités fortement évocatrices pour qui a un minimum de connaissances dans les classiques de la littérature. Des secrets au pluriel, l’univers pour infini, autant de possibilités pour rendre ce livre jeunesse unique. Dans un sens, je me doutais des sujets abordés par l’ouvrage. Aristote et Dante sont deux adolescents âgés de la quinzaine qui se cherchent dans leur identité, leur croyance, etc. Solitaires dans l’âme, ce sont deux êtres opposés qui vont se trouver et se découvrir. Dit ainsi, on sent le point de chute venir à cent à l’heure, et ça n’a pas manqué. Ce fut surtout cela qui m’a déçu. Je me répète, les possibilités d’intrigue étaient infinies et l’auteur s’est cantonné aux simples problèmes relationnels de deux adolescents en pleine crise. Rien de novateur, rien de transcendant. Si je concède avoir passé une bonne lecture, j’ai du mal à comprendre l’engouement suscité par cette œuvre.
Le début est sincèrement sympathique. L’auteur présente le contexte, les deux personnages principaux par le regard d’Aristote, les familles, les lieux. Il faut admettre qu’à ce moment, rien n’est encore fixé sur les raisons du titre, l’intérêt est donc pleinement tenu en haleine, on attend de voir ce qui va se dérouler dans la suite de l’intrigue. Celle-ci rencontre finalement un moment où la platitude règne. Aristote broie du noir et la plume nous fait parfaitement ressentir cet état d’esprit. La lecture patine, rien n’avance et j’ai résisté à l’envie de refermer ce bouquin sans un au revoir. Et finalement je fus contente d’avoir persévéré. La fin est prévisible à souhait, c’est certain, mais elle ne manque pas de souffrance, de beauté, de courage.D’une perspective plus éloignée, l’intrigue ne trouvera aucun intérêt aux yeux d’un adulte pour peu que ce dernier ne soit pas ouvert à un retour au pays de l’enfance, dans des souvenirs peut-être difficiles. Mais dans les mains d’un adolescent voire d’un pré-ado, ce livre peut faire des miracles, les préparant à ce qu’ils affronteront peut-être : la fameuse crise existentielle. Et sincèrement, je regrette de ne pas avoir eu ce livre à une certaine époque, je pense qu’il m’aurait bien aidé (dans le sens où je me serai sentie moins seule, mal dans ma peau).
Du point de vue des personnages, je n’ai pas vraiment apprécié Aristote. Qu’il soit mal dans sa peau ou dans le déni n’excusent en rien le comportement qu’il adopte auprès de sa famille ou de son ami Dante. D’accord, on concède qu’il ait eu une enfance difficile, sans ami, sans échange avec son père revenu de guerre. Mais ça ne lui ouvre aucun droit pour faire sa loi et réagir comme il le fait parfois.A l’inverse, Dante est un personnage entier et ouvert, convaincant et attachant. Il a une vision de la vie vraiment naturelle et belle, simple, on a envie de se joindre à lui pour admirer cette beauté simple et éphémère du monde. Cela ne l’empêche en rien de faire des âneries, comme tout enfant digne de ce nom, mais il a cette capacité de prendre son courage à deux mains pour tenter des expériences inédites, que la société jugerait malsaines alors que tout dépend de la personnalité de chacun. De ce fait, il paraît plus fort qu’Aristote, et c’est en cela que je le préfère à lui, il ne se laisse pas influencer par le regard des autres, même si la crainte du rejet n’est – bien sûr – jamais loin.J’ai également beaucoup aimé les parents, d’Aristote comme de Dante. Ils ont cette présence vraiment puissante et rassurante. Du côté d’Aristote, l’évolution familiale est vraiment flagrante, on passe d’un silence pesant entre certains partis à des échanges ouverts, chaleureux. C’est pour moi le meilleur point du livre car cela se gradue en douceur, avec cohérence. Pour Dante, c’est différent : fils unique, les parents sont très doux avec leur fils, on perçoit réellement leur amour et le filet de sécurité que leur statut incombe auprès de Dante. Ainsi, on assiste en tant que lecteur à deux familles qui fonctionnent totalement différemment, et pourtant on est tenté de voir le meilleur des deux possibilités pour ne retenir que cela.A côté de cela, l’auteur ne s’attarde pas trop sur les personnages annexes. Si certains apparaissent sur une page ou deux, rien n’est jamais surfait et tout est incorporé dans la trame historique, si bien que la cohérence est toujours de mise.
La plume est en revanche neutre à tendance lourde. J’ai pris conscience que l’auteur préférait les dialogues à la narration et quand celle-ci s’étendait trop, l’atmosphère devenait pesante, comme si on étalait du plomb sur des pages et des pages. Ca n’a pas aidé à vouloir continuer plus loin lors des moments creux vers le milieu du livre. Après, l’intrigue est suffisamment accrocheuse pour tirer malgré cette plume qui ne me convenait pas du tout – mais qui conviendra sûrement à d’autres !
15/20