Bien le bonjour les amis ! Aujourd’hui c’est l’heure de la chronique littéraire. Début du mois, Maxime Chattam a sorti son nouveau thriller et c’est avec une très très grande impatience que je l’attendais ! Après une lecture laborieuse, il est temps d’en parler, alors zou’ c’est parti !
Titre : L’appel du Néant
Cycle : Ludivine Vancker ( La conjuration primitive – La patience du diable)
Éditeur : Albin Michel
Nombre de pages : 515
Thème : Polar, thriller, policier et…. Chuuut
La première de couverture est dans la lignée des deux tomes précédents :
La ténèbres ont la part belle dans cette trilogie, il faut bien le dire. Mais j’ai particulièrement aimé l’effet de la flamme verte avec la tête de mort à l’intérieur. J’apprécie aussi la cohérence de la trilogie. Bref, même si ça reste assez basique, je trouve cette couverture plus travaillée que les deux précédentes :).
Par contre, la 4e de couverture…On en parle ? Non parce que la tête de Maxime Chattam avec cette coloration verte c’est très franchement raté. On dirait un martien !
Tueur en série…
Traque infernale.
Médecine légale.
Services secrets.
… Terrorisme.
La victoire du Mal est-elle inéluctable ?
Ce thriller va détruire vos nuits et hanter vos jours.
Je n’ai qu’une chose à dire…
Une seule.
Monsieur Chattam, qu’est-ce qu’il vous arrive ? …
D’habitude, je suis absorbée par chacun de vos romans, ils m’aspirent dans les ténèbres les plus profondes du début à la fin, et je n’en sors pas indemne. Ils me donnent même l’envie de réécrire, de me relancée alors que j’ai abandonné l’écriture depuis au moins 10 ans.
Tous, sans exception, même le Coma des mortels que j’avais un peu moins aimé.
Tous, sauf celui-ci.
Parlons de l’introduction sans en dévoiler plus, une sensation de déjà lu. Elle me fait cruellement penser au début du roman « La maison au clair de lune » de Marie Higging Clark. Peut être un clin d’œil ? Pourquoi pas ! Là n’est pas le problème… Non, le problème c’est le roman en tant que tel, dont on a l’impression qu’il a été réalisé en deux temps… Voire même trois. Si je dois résumer en trois mots le rythme de ma lecture, je résumerais comme ceci:
Intriguant – Palpitant – Chiant (et c’est en rythme)
Tout d’abord, le roman part sur une affaire de meurtre et de tueur en série. Un sujet cher à Chattam et on le voit dans son écriture : les scènes sordides sont décrites dans les moindres détails. Je retrouve là le Chattam addictif que j’adore lire lire et relire (enfin, dans une cinquantaine de pages…). Enfin, avant ça, vient la phase de l’explication, la mise en place du cadre. Chattam s’est documenté, c’est indéniable (il le précise d’ailleurs dans son postscriptum), mais le démarrage est assez lent voir un peu soporifique (bon, mon état de santé y était pour beaucoup, mais quand même, j’arrive à me concentrer plus de 10 minutes si le contenu est palpitant, mais là…). Bref, sur les 300 premières pages j’ai réellement « scotché » (et encore, c’était un grand mot) environs… 100 pages (plutôt moins d’ailleurs)… et le passage le plus trépident se situe en milieu de roman et puis après… C’est fini.
Le livre aurait d’ailleurs dû s’achever à la 310e page.
En 310 pages, Maxime Chattam a su nous faire basculer entre un sentiment de curiosité et d’angoisse, de stresse et de dégoût. Je regrette cependant le fait que l’identité du tueur en série soit balancée à la figure du lecteur comme un détail. Car c’est un détail. On est loin du « bordel j’en reviens pas !! » ou du « Mais oui ! J’aurais du le voir, j’aurais du m’en douter ! » non, rien de rien,.. C’est un détail, c’est pas le sujet !
Énorme déception à mes yeux.
Mais alors, la suite n’arrange rien !
Car le principal thème du roman, c’est la radicalisation et le terrorisme. Alors attention gros spoiler mais,[spoiler] le fait que le tueur en série soit en fait un radicalisé qui lutte contre ses pulsions en vain, c’est excellent, j’adore ! C’est une idée de génie.[Spoiler]
Mais Chattam aurait du s’arrêter là pour signer un roman sympa.
Non, il a décidé de continuer.
Monsieur Chattam le dit dans son postscriptum, ce roman a eu 2 premiers jets abandonnés car trop proches de notre réalité. Si sur le fond il a raison, j’estime que le recul qu’il a prit est trop insuffisant. C’est pour ça que je fuis beaucoup les romans qui parlent de terrorisme : on a pas le recul nécessaire sur le sujet pour ne pas l’aborder avec des clichés. J’ai l’impression de revivre l’ère du 11 septembre 2001 aux USA : à l’époque (les années qui ont suivi – et même encore maintenant ! -) les américains n’ont eu de cesse d’aborder le sujet dans TOUTES leurs productions artistiques… Et je vais pas vous faire un dessin : les clichés sont là à la pelle, le manichéisme aussi d’ailleurs, et la ressemblance à des faits qui ont existé est trop présente. Bref, nous avons tendance à tomber dans les même travers et L’Appel du Néant ne fait pas exception.
J’ai donc lu en rapide cette fin de roman, mais je l’ai lue. Et je n’ai pas accroché du tout.
C’est tellement commun pour être du Maxime Chattam.
Du positif ? Bien sur, il y en a. Notamment le lien d’amitié qui existe entre Ludivine et Segnon est bel et bien présent. Une (même deux) scène m’ont particulièrement touchée. J’ai aussi apprécié l’évolution du personnage de Ludivine, bien que [spoiler]sa relation avec le deuxième héros de l’histoire est vraiment tirée par les cheveux et un peu…cliché?[spoiler].
Certaines scènes sont palpitantes, mais c’est terriblement temporaire. On n’est pas face à un récit haletant du début à la fin.
Dans l’aspect positif, rappelons quand même le message qu’essaye de faire passer l’auteur à travers son roman. Celui de la tolérance envers l’Islam, qui n’a strictement rien à voir avec le terrorisme. Il rappelle aussi, à tous, que si le terrorisme existe, si la radicalisation existe c’est qu’un dysfonctionnement dans la société le permet. Car si Chattam dépeint des endoctrinés perdus dans leurs existences, il oublie que le terrorisme ce n’est pas que ça. Et qu’on manque hélas de recul pour en connaître les vraies sources.
Les passages en italique raconte l’ascension du mal, j’ai apprécié ces parties, [spoiler]notamment, car elle dresse le portrait de celui qui va être le cerveau de l’acte terroriste. Un homme assez intelligent pour en manipuler beaucoup d’autres (ce qui n’est pas propre au terrorisme, la manipulation est aussi vieille que l’être humain). Ils nous permettent aussi de réaliser que son basculement vers le mal s’est joué à très peu de choses, à des événements malheureux dans sa vie… Mais aussi à de mauvaises rencontres à des moments de fragilités.[spoiler] Bref, on ne naît pas mauvais, on le devient.
En conclusion ? Que dire, si ce n’est que l’Appel du Néant reste un livre tout à fait correct dans son ensemble, mais cependant, il n’est pas du tout à la hauteur du talent de Chattam. C’est un peu comme s’il avait été pris de court, qu’il avait du vite l’écrire pour répondre à des exigences et qu’il n’a par conséquent pas su savourer son écriture ! Dommage ! Car même si le thriller est là, l’ambiance et le suspense n’y sont pas dans la même intensité. Bref, c’est comme une bonne soupe qu’on a oublié d’assaisonner.