Au décès inopiné de l’ingénieux philosophe Josip Brik, grand spécialiste d’Hitler, Friso de Vos, son admirateur et élève qui travaille sur l’œuvre de son maître à penser depuis des années, découvre avec étonnement que Philip de Vries, un illustre inconnu, envahit les plateaux télé et se hisse au faîte du monde intellectuel, n’hésitant pas à se faire passer pour l’héritier spirituel de Brik…
Ainsi, il participe à un colloque à Vienne, où il démontre avec conviction qu’il est le seul et unique capable de parler de l’œuvre de Brik, puisqu’il en est l’héritier.
L’auteur use et abuse de références littéraires, historiques, avec une incontestable érudition. Les renseignements et la documentation relatifs à Hitler sont saisissants mais n’apportent pas grand-chose ici, si ce n’est d’enseigner le lecteur ou de lui remémorer les cours d’histoire d’antan. L’auteur pose aussi la question essentielle à laquelle on s’attend en fin de récit à trouver quelque éclaircissement : peut-on s’identifier à son mentor, jusqu’à usurper son identité et survivre après sa disparition dans un monde intellectuel qui ne fait pas de cadeau et où grouillent dans la pénombre quelques traîtres anonymes ?
Joos de Vries livre un récit à la fois insensé et dompté, qui laisse le lecteur dans un état un peu migraineux mais le fait sourire parfois et grincer les dents par tant de mensonges et de prétextes qui s’immiscent entre les lignes. Une fable décapante sur le milieu universitaire et ses arcanes d’orgueil et de vanité.
À lire jusqu’au bout… ou pas, selon que vous soyez en pleine forme ou sujet aux céphalées récurrentes.
L’Héritier de Joost de Vries, éd. Plon
Date de parution : 07/09/2017