Le Presbytère, Ariane Monnier

Depuis sa parution à l'automne, je guettais le roman d'Ariane Monnier, au titre aguicheur et au synopsis intriguant à souhait...
Le Presbytère, Ariane Monnier
Libres pensées...
Dans les années 1970, un médecin, Balthazar Béranger, s'installe avec sa jeune épouse dans un presbytère. Ils y élèvent leur quatre enfants à l'écart de l'agitation citadine, leur prodiguant une éducation stricte dans un environnement préservé. Le principal contact qu'ils ont avec l'extérieur est incarné par Tanguy, un jeune homme soigné par Balthazar, simple mais brave au premier abord, que les parents apprécient beaucoup, et qui noue une relation privilégiée avec les enfants.

Le Presbytère est de ces romans qui se caractérisent par une atmosphère très particulière, qui s'instaure dès les premières pages, au point de presque en constituer un personnage à part entière.
Ce lieu retranché semble distiller une sensation de confinement, d'angoisse, bien vite on sent une menace poindre dont la nature est d'abord indécise, et dont les contours se précisent peu à peu.
Aux jeux d'enfants se mêlent les mots d'adulte, les châtiments infligés par le père, l'indifférence de la mère, la sollicitude appuyée de Tanguy, sa présence entêtante et l'absence criante de quiconque pour protéger les enfants, eux qui se trouvent là où on les croyait à l'abri de tout mal.
J'ai été sensible à l'écriture de l'auteur, à sa façon de verser peu à peu dans l'abject que l'on redoute, sans pour autant utiliser les mots qualifiant ce qui se passe dans le Presbytère, sous les yeux des parents, des enfants, et qui va se perpétrer des années durant, faisant au fil des ans de nouvelles victimes, à mesure que les enfants grandissent et que de plus jeunes naissent.
Le Presbytère est un roman glaçant, mené d'une main de maître, à la fois subtil et redoutable, qui laisse un goût de fer dont on se souvient longtemps. 
Pour vous si...
  • Les tentatives d'éducation en marge du monde vous intéressent.

Morceaux choisis
"Ah... ajoute-t-il en inclinant la tête, la séduction... C'est quelque chose de terrible, vraiment terrible, cette manière de faire de la séduction devant les adultes. Lui, dès que ce sentiment commence à l'effleurer, qu'un enfant cherche par son attitude à le séduire, à capter son intérêt, le regarde de façon à l'anéantir. Sans ça dit-il, sans ça on prépare des monstres."
"Elle voulait donner un coup de pied à l'endroit où sa mère l'avait portée, elle voulait la traverser tout entière ; et elle se rendait compte que sa mère n'était qu'une petite fille, vieillie dans le corps d'une femme infiniment seule et triste. Elle détournait son regard. Pauvre petite maman, je ne veux pas que tu aies de la peine."
Note finale4/5(très bon)