Je Me Suis Tue

Je Me Suis Tue
EDITIONS POINT
Auteur : Mathieu MENEGAUX
Nombre de pages : 137
Un dîner en ville. Au menu, nourriture bio, affaires et éducations des enfants. Claire s'ennuie et décide de rentrer seule à vélo. Elle ne le sait pas encore mais sa vie vient de basculer. Tour à tour victime puis criminelle, Claire échoue en prison et refuse obstinément de s'expliquer. A la veille de son jugement elle se décide enfin à sortir de son mutisme ... Ce roman est écrit à la première personne. De suite, j'ai eu comme la sensation d'une ressemblance avec le roman La femme du monstre. Un style bien marqué et atypique à la Jacques Expert. En écrivant un roman sous la forme du "je", l'auteur nous met directement dans la peau de son personnage, ici de Claire, une femme de la quarantaine un peu bourgeoise, qui aime contrôler sa vie.
Un soir lors de ce repas auquel elle n'avait aucune envie d'aller, elle décide d'écourter la soirée et de rentrée seule. Là sera son erreur, car sa vie va basculer de façon tragique.
J'ai eu énormément d'empathie pour le personnage de Claire, jusqu'au moment fatidique où tout bascule. Mais plus tard on peut comprendre malgré tout le geste qui la conduira à la prison de Fresnes. La torture psychologique de la victime névrosée, la scotomisation sont mis en avant tout au long de ce roman. L'auteur ne cesse par la forme de la première personne, de nous rappeler que nous sommes au premier plan de cette vie, de ces événements que Claire cherche à contrôler.

Je me suis tue, est un page turner condensé mais terriblement efficace. Une tragédie dans laquelle l'auteur ne mâche pas ses mots. Il utilise un vocabulaire parfois élaboré, ce qui renforce ses phrases et la puissance des messages qu'il souhaite faire passer. Au fur et à mesure que l'on avance dans le roman, les événements deviennent parfois prévisibles, on voit le cheminement se construire comme une évidence, un découlement logique des choix de Claire, mais au fond de nous on refuse d'y croire (nous aussi nous sommes un peu Claire, on est dans le déni). On se dit que non, c'est vraiment trop horrible, ça ne peut pas arriver. On arrive à se persuader que Claire à raison, on vit, on pense comme Claire. Pourtant l'auteur nous propose un final claque. Un final auquel personne ne peut s'attendre.

Il serait tellement facile d'arriver à poiler ce roman tellement il court et direct. En aucun cas, je dois vous raconter plus de la vie de Claire. Le résumé de la quatrième de couverture est vraiment mystérieuse, car elle parle juste le début du roman. Juste de quoi mettre l'eau à la bouche pour prendre ce roman et ne plus le lâcher jusqu'au point final.