Libres pensées...
Sayed raconte les femmes qui ont marqué sa vie, depuis sa mère, les femmes du quartier, celles qu’il a croisées, jusqu’à celles qu’il a aimées, ou avec lesquelles il a vécu sans les aimer, et qui ont laissé en lui leur empreinte, depuis son enfance jusqu’à l’âge adulte.
Le roman se présente comme une série de portraits de femmes, avec, en creux, celui de Sayed, et le récit des événements qui ponctuent sa vie.
Il y a bien entendu une évolution chronologique, dans la mesure où Sayed part de son enfance pour revenir vers des temps plus actuels, toutefois le fait que le roman soit constitué de chapitres associés chacun à une femme rend la progression malaisée par moment.
Cette approche peut avoir pour effet d'effriter l'intérêt du lecteur au bout de quelques portraits,.
Néanmoins, l’auteur peint avec beaucoup de sensibilité et de sensualité les portraits de ces femmes colorées, vives, qui lui ouvrent leur intimité et partagent avec lui (et, à travers lui, le lecteur) leur quotidien, leur fragilité et leur force. Ces personnages suscitent l’empathie de par leurs réactions ambivalentes, nuancées.
Par ailleurs, certaines scènes mettent en relief des sujets intéressants : la solitude de la femme courtisée qui a épousé un homme alcoolique qui la délaisse, l'assurance de la femme qui est certaine que sa foi est fidèle au Coran et qu'une interprétation plus progressiste que celle, stricte, qu'on lui a enseignée, est erronée...
Aux femmes est donc un texte raffiné et poétique, dont émane une grande tendresse à l’égard des différentes protagonistes, du fait des anecdotes qui les montrent « nues », dans toute leur humanité (la colère, la solitude, la passion, le rejet…).
Pour vous si...
- Vous êtes sensible à une écriture délicate et sensuelle.
Morceaux choisis
"Et à présent il faut que je rencontre mon amour, l'amour de ma vie, la femme de mon imagination et celle qui serait mienne. Cela ne s'est pas encore produit et je suis toujours à attendre son apparition, sa venue ; j'aspire à la voir, je rêve qu'elle est là. Je suis toujours à vouloir aimer."
"Est-il vraiment devenu un homme, un "vrai", celui qui est toujours habité par la peur, qui ne peut cesser de penser à Abd al Zahir et à son chien, alors qu'il est allongé à côté du corps nu de sa femme ?
Est-il devenu un homme, celui qui se tourmente toujours au sujet des femmes, qui songe toujours à ce qui a pris fin, ce qui n'est plus, ce qui est passé comme un long rêve étrange, et qui jamais ne pense pas à changer ?"
Note finale3/5(cool)