Urban Comics fête ses cinq premières années d'activité, avec de gros mastondontes enrichies de pléthores de bonus, comme c'est ici le cas avec La Cour des Hiboux, qui reprend l'équivalent des deux premiers tomes précedemment publiés en aformat "normal", plus scripts et planches préparatoires à foison. Bref, les fans de Batman, qui souhaitent acquérir un fort bel objet (mais qui a tendance à craquer sinistrement si vous l'ouvrez trop largement) ou offrir un récit rondement mené, ont toutes les raions du monde de se pencher sur cette sortie.
Lorsque Dc comics décide d'effectuer la refonte en profondeur de l'intégralité de ses titres, c'est ce qu'on appelle la déferlante des New 52, du nombre de séries mensuelles produites. Elle survient de surcroït en parallèle avec la naissance d'Urban Comics. Si certains héros perdent au change, d'autres entament ainsi une nouvelle existence. Pour Batman, les lecteurs ne sont pas lésés : c'est Scott Snyder qui est aux commandes, lui qui s'est déjà illustré avec brio les mois précédents durant Sombre Reflet. Ici, il poursuit son travail d'appropriation complète du personnage, en le mettant en scène face à une organisation criminelle de tout premier ordre, inédite et en apparence triomphante. Les Hiboux ont toujours existé dans le folklore de Gotham, mais on les connaissait avant tout comme une sorte de légende fantasmagorique, pas comme cette secte de notables et milliardaires issus des grandes familles de la cité, bien décidés à s'emparer définitivement de leur proie. Après des décennies à tramer dans l'ombre, les voici qui pointent le bout du nez au grand air, poussés par un vaste plan immobilier lancé par Bruce Wayne, et qui les force à agir. Cette menace est de suite ancrée à la perfection dans le quotidien des Wayne, de Gotham, et ses ramifications s'étendent jusqu'au cirque Haly, là où les parents de Dick Grayson ont trouvé la mort et a grandi le futur Nightwing (et premier Robin). Il faut imaginer cette Cour des Hiboux comme une gigantesque métastase qui a prospéré sans que personne ne puisse s'apercevoir de la maladie, et qui touche désormais à tous les points sensibles de Gotham. La symbolique entre la chauve-souris et le hibou coule de source, et explique probablement la dualité et la cruauté de cette confrérie envers un héros aux abois.
D'emblée, on (re)fait la connaissance avec une méchante galerie de vilains liés à l'univers de Batman. Celui ci est de retour à Gotham, et il intervient pour sauver les meubles à l'asile d'Arkham, lors d'une tentative d'évasion collective. Effet d'optique ou pas, la sensation que le Joker lui même vient prêter main forte à son ennemi de toujours est saisissante. Sauf que non : merveille de la technologie, c'est Dick Grayson, le premier Robin, désormais rebaptisé Nightwing, qui se cache sous les traits pixélisés du cinglé par excellence. S'ensuit une revue des troupes, avec tous les anciens et nouveaux Robin réunis autour de Bruce Wayne, un discours tire larmes de ce dernier, lorsqu'il affirme vouloir faire de Gotham une ville projetée vers le futur, et une scène de meurtre perverse, où notre justicier recueille un peu d'Adn sous les ongles de la victime, horriblement lardée à coups de couteaux. Une enquête complexe débute, qui va aboutir à la découverte, cachée dans une dent creuse, d'un sceau en forme de hibou stylisé, la chouette athénienne, symbole de pouvoir et de richesse dans la Grèce antique. De là, Batman en arrive à l'Ergot, à savoir la main armée du clan des Hiboux, qui de légende urbaine commence à assumer une forme bien trop tangible...
Vous souhaitez voir Bruce en pyjama contre des assaillants que rien (ou presque) ne semble pouvoir arrêter? Les Ergots, bras droits opérationnels des Hiboux, sont ultra résistants et ont plus du zombie pré-programmé que de l'être humain. Ce sont des assassins méthodiques et au delà de la mort, et ils déferlent contre toutes les huiles de Gotham, lors d'une nuit mémorable (Night of the Owls, la Nuit des Hiboux) où le pouvoir risque fort de changer de main. Bien sur, Batman survivra à cet angoissant événement, et en tant que détective de talent, nous le verrons par la suite s'intéresser à l'orphelinat de Willowhood. Un institut qui abritait autrefois des enfants dans des conditions terribles, et qui pourrait renfermer en son sein la clé du mystère pour atteindre le coeur de la Cour des Hiboux.
Greg Capullo est au sommet de sa forme et entraîne le héros dans une impressionnante descente aux enfers, avec des pages tout en maîtrise, alternant angles de vue et scènes spectaculaires, jouant aussi avec la composition des planches mêmes (il en renverse le sens normal de lecture) lorsqu'il s'agit d'immerger le lecteur dans la folie qui assaille Batman, drogué et prisonnier des Hiboux. Un récit qui plaira tout autant aux fans de la dernière heure, qui comprendront l'essentiel sans grande difficulté, et les admirateurs de toujours, qui auront entre les mains un petit classique moderne. Bref, un des cadeaux de Noël de l'année.
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