Hélène Cixous à la Nationale : rêve et révolution

Hélène Cixous à la Nationale : rêve et révolution

C’était Hélène Cixous, le 19 décembre 2017, qui était invitée dans le cadre de la master-class mensuelle de la bibliothèque François Mitterrand. Il y avait foule : tous les âges étaient représentés, hommes et femmes, surtout les femmes. Toutes les places étaient prises, on s’asseyait sur les marches, certains restèrent debout une heure et demie pour l’écouter.

Elle répondait aux questions de Caroline Broué, elle-même romancière à ses heures. L’échange sera diffusé sur France Culture l’été 2018. En attendant, voilà quelques points que j’en ai retenu :

  • Cixous a insisté sur les conditions matérielles et physiques de l’écriture : la  nécessité d’un corps sain, d’outils adaptés pour « peindre la page », d’une musique ou d’un bruit de brise ou d’oiseau qui ne perturbe pas et même encourage l’inspiration.
  • Elle « travaille toujours en collaboration avec ses rêves », et pour ce faire, garde un carnet sur sa table de nuit où elle note, la nuit durant, les rêves qui lui sont venus. Le matin, avant même de s’occuper de ses chattes, elle met ses rêves au propre. Ses rêves sont magiques : « je crois à la magie », dit-elle très simplement.
  • Avocate, entre autres, de l’écriture inclusive, Hélène Cixous invente parfois des mots : car la langue française est « faite pour jouer », ou comme elle dit, une langue « etcétérante ».
  • En allant la voir, je croyais rencontrer une femme de lettres du vingtième siècle. Après tout, elle-même « fait ses comptes », elle est née en 1937, et toute sa formation intellectuelle se situe en rapport, parfois en conflit, avec l’existentialisme triomphant. Mais au contraire j’ai perçu chez elle ce qui est arrivé aussi à Vénus Khoury-Ghata : un tardif renouvellement de toute son œuvre, accompagné du reniement de certains monuments de celle-ci, comme Le Rire de la Méduse (1975). Jamais immobile, jamais « assise » (pour reprendre son mot), elle est pleinement notre contemporaine. Ainsi c’était un bonheur de l’entendre appeler la jeunesse à la révolution, et en attendant, à « former des cercles d’illuminé·es ».

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