Le déjeuner des barricades est une réal-fiction de la situation parisienne lors du mouvement étudiant de mai 1968, versus les salons prestigieux des hôtels haut de gamme. Sous les pavés, l'inquiétude grandit chez les bourgeois : tout fout le camp ! Le personnel du palace Meurice a décidé l'autogestion : plus besoin de directeur donc plus de directeur ! Tout se décide collégialement. On fait le ménage devant les clients et clientes s'il le faut. Bref, à bas les habitudes bourgeoises et vive la vraie vie ! Sauf que les étrangers fortunés commencent à déserter tout Paris et qu'il serait bon de faire face, de faire comme-ci le vide ne s'était pas installé. Alors s'il faut maintenir un déjeuner, ce sera celui-là : le repas offert par Florence Goult, regroupant toutes les huiles littéraires et courtisans conservateurs, à l'honneur du lauréat de Prix Nimier. Et justement, ce lauréat encore jeunot, dont l'acte de naissance diffère de celui de son époque d'écriture, déjà stigmatisé par son éloquence peu assurée mais remarqué par son style sublime, se fait attendre tout comme les rares invités. La rébellion, s'il y a, saura gagner en sagesse et en diplomatie...
Éditions Grasset
emprunté à la bibliothèque de mon nouveau chez-moi
Image captée sur le site Babélio
Le déjeuner des barricades est une œuvre vraiment sympa à lire et apporte le même plaisir de lecture que Le chapeau de Mitterand d'Antoine Laurain : les personnages historiques ne sont pas omis, tout comme les questions sociétales ; le style est fluide, instruit sans être pompeux ; l'humour est distillé à bon escient et par fines touches. Pauline Dreyfus dont je découvre ici l'univers a marqué un point et ma curiosité. Il n'y a pas de méchants, pas d'imbéciles mais plutôt des peureux, des subtils et une grosse dose d'empathie, ce qui n'est pas pour me déplaire. Surtout, le Déjeuner des barricades est un hommage délicat à un grand monsieur de la littérature française, primé à cette occasion puis distingué internationalement, dont je tais volontairement le nom, afin de ne rien dévoiler. Pauline Dreyfus maîtrise son intrigue ; chaque personnage est utile et relance l'histoire au bon moment ; le rythme ne s’essouffle jamais et la pirouette finale entre un grand malade et l'auteur reconnu est certes un moment un peu mâché mais juste adorable. Une lecture plus que recommandée car complète !Éditions Grasset
emprunté à la bibliothèque de mon nouveau chez-moi