Publié aux éditions 10/18,
Fanny Price est issue d'une famille pauvre qu'elle quitte à l'âge de dix ans pour vivre avec son oncle et sa tante, Sir Thomas et Lady Bertram, à Mansfield Park. Sir Thomas désire en effet aider Mrs. Price, la mère de Fanny et la sœur de Lady Bertram, en prenant en charge l'éducation de Fanny. Celle-ci est donc élevée avec ses cousins, légèrement plus âgés qu'elle, Tom, Edmund, Maria et Julia, mais il lui est presque constamment rappelé qu'elle leur est inférieure. Seul Edmund fait preuve de gentillesse à son égard; Maria et Julia la méprisent, Tom ne lui prête pas attention. Fanny maintient une correspondance régulière avec son frère William, officier de la Royal Navy. Elle acquiert en grandissant, notamment au contact d'Edmond, un sens moral qui lui sert de guide pour toute chose. La gratitude et l'affection qu'elle éprouve à l'égard de son cousin se transforment au fil des ans en un amour qu'elle garde secret.C'est avec un très grand plaisir que j'ai lu ce roman en lecture commune avec Bénédicte du blog La bibliothèque de Bénédicte. Nous nous sommes laissés quelques semaines pour dévorer cette belle brique, ultime roman achevé par Jane Austen. Si j'ai aimé l'intrigue du livre, ce n'est cependant pas un coup de cœur pour moi.
L'héroïne Fanny Price est issue d'un milieu plutôt modeste. Aînée de neuf enfants, elle est accueillie à Mansfield Park par son oncle Sir Thomas, sa tante et ses deux cousins Edmund et Tom. Ceux-ci vivent dans l'opulence et Mansfield Park est un domaine magnifique et immensément grand. Fanny débarque donc dans un univers qui ne lui est pas du tout familier. Introvertie et timide, elle découvre les codes d'un univers dans lequel ses cousins et cousines évoluent avec grâce. La jeune Fanny est vite cantonnée à tenir compagnie à ses tantes qui ne peuvent se passer de ses services. Pourtant tout va changer quand les Crawford s'installent dans le voisinage. Fanny, en bonne observatrice, sera aux premières loges des intrigues amoureuses qui se feront et se déferont.
Si Mansfield Park n'est pas un coup de cœur pour moi c'est parce que l'héroïne Fanny est bien trop disciplinée et timide à mon goût. J'avais même parfois l'impression d'avoir affaire à une cruche, une empotée même si le dessein de Jane Austen n'est pas du tout celui-là. C'est un personnage qui subit plus qu'elle n'agit, attendant que les événements tournent en sa faveur. On pourrait dire que cette Fanny est bien brave. Malgré tout, elle garde une certaine candeur touchante.
Si je suis assez sévère avec Fanny c'est aussi parce que l'époque dans laquelle elle vit ne lui laisse que peu de choix. Mal née, elle ne peut qu'espérer faire un bon mariage. C'est assez désespérant de constater qu'à l'époque, une femme n'a point de salut hors mariage. Fanny sert de dame de compagnie à ses tantes tandis qu'autour d'elle le monde s'agite. Ses cousines font des rencontres amoureuses mais Fanny reste secrète et en retrait. Quand un jeune homme semble tomber amoureux de Fanny, son oncle Thomas tente par tous les moyens de la pousser dans les bras de ce prétendant qu'elle n'aime et n'estime pas! La scène paraît choquante aujourd'hui mais tellement banale à l'époque.
Loin de dénoncer ces travers qui étaient sont lot quotidien, Jane Austen nous montre une héroïne droite dans ses bottes, fidèle à ses principes et à son premier amour qu'elle garde secret. La fin du roman m'a même déconcertée car en trois pages, l'auteur résout tous les problèmes de son personnage.
Le personnage qui m'a finalement le plus conquis est la tante de Fanny, Mme Norris. C'est l'équivalent féminin du révérend complètement stupide d'Orgueil et préjugés. La retrouver à chaque chapitre était un régal tant sa bêtise était grande. En bonne observatrice de la société, Jane Austen ne laisse rien passer pour le plus grand plaisir de son lecteur.
Mansfield Park n'est donc pas mon roman austenien préféré. L'héroïne trop effacée du roman ne m'aura pas contentée. Cependant, voir évoluer les personnages dans l'Angleterre cossue du 19ème siècle est toujours un régal pour moi!