Jules Verne : Paris au XXe siècle

jules verneJules Verne (Jules-Gabriel Verne de son nom exact), né en 1828 à Nantes et mort en 1905 à Amiens, est un écrivain français dont les livres sont, pour la plus grande partie, constituée de romans d'aventures utilisant les progrès scientifiques propres au XIXe siècle. En 1863 paraît chez l'éditeur Pierre-Jules Hetzel son premier roman, Cinq semaines en ballon, qui connaît un très grand succès y compris à l'étranger. Jules Verne nous a légué une œuvre immense, plusieurs dizaines de romans dont quelques chefs-d’œuvre comme Vingt mille lieues sous les mers (1870) pour n’en citer qu’un et mon préféré. Populaire dans le monde entier, il vient au deuxième rang des auteurs les plus traduits en langue étrangère après Agatha Christie.

Paris au XXe siècle est un roman d'anticipation écrit probablement en 1860 mais paru seulement en 1994, à titre posthume, car refusé par son éditeur sous prétexte qu'il nuirait à la réputation de l'auteur en devenir « On ne croira pas aujourd'hui à vos prophéties. » On lira à ce sujet, avec beaucoup d’intérêt, la préface de Piero Gondolo Della Riva, le grand spécialiste italien de Verne, sur l’histoire et la découverte du manuscrit.

Paris en 1960. Un Paris futuriste, inventé/imaginé par Jules Verne, une métropole splendide autant que délirante, symbolique d’un monde où la Finance et la Technique règnent en maîtres. La capitale est désormais reliée à la mer par un canal, on se déplace grâce à des métros propulsés à l'air comprimé ou bien en voitures à hydrogène, on utilise des machines qui semblent être nos futures photocopieuses et surtout, la fée Electricité est partout présente. Un avenir qui serait fascinant s’il n’avait sa contrepartie négative : l’Etat régente tout et s’évertue à rayer des connaissances et des mémoires, les arts et la littérature. Seuls, quelques pauvres fous, comme le jeune Michel, héros du roman, tentent contre vents et marées de faire survivre poésie ou musique. Une marginalité qui les voue à la plus grande misère et à la faim. Un combat désespéré…

Autant le dire tout de suite, ce n’est pas du grand Jules Verne si on s’arrête au simple plaisir de la lecture, d’autant que la fin n’est pas terrible. Par contre, si on considère ce roman comme un document, il ne manque pas d’intérêt. Souvent on nous présente l’écrivain comme un fou de modernité, voyant dans le progrès la clé du succès pour un monde meilleur, ici il n’en est rien ! Au contraire même, et son héros en fera la cruelle expérience. Sa vision critique de la société ne manque pas non plus de pertinence divinatoire, « la Parisienne, sa tournure gracieuse, son regard spirituel et tendre, son aimable sourire (…) firent bientôt place à des formes longues, maigres, arides, décharnées, émaciées… » on croirait qu’il nous parle des anorexiques du mannequinat d’aujourd’hui ? A moins qu’il n’envisage la fin du mariage, « à une époque où la famille tend à se détruire, où l’intérêt privé pousse chacun de ses membres dans des voies diverses (…) le mariage me paraît une héroïque inutilité. » Bref, la plume de Verne trempe dans un pessimisme sombre, tempéré de temps à autre, de répliques ne manquant pas d’humour, « - Est-ce qu’il n’était pas athée ? – Pas du tout ; il croyait en lui. »

Quant à l’écriture de Verne, elle préfigure ce qui en fera sa marque de fabrique, des précisions techniques en veux-tu, en voilà, et ses sempiternelles listes d’exemples quand il veut étayer son propos.