- Lait et miel de Rupi Kaur (Charleston - 22/09/2017)
- Les huit montagnes de Paolo Cognetti (Stock- 23/08/2017)
L'un est observateur, taiseux et réfléchi, l'autre est agile et sensible. L'un est fort, l'autre futé. Pas d'ambiguïté entre eux, ils partagent une amitié simple et sincère. Une amitié fraternelle, fusionnelle et amoureuse. Ensemble, ils vont parcourir la montagne, vivre mille et une aventures. Ils vont tout partager et puis se perdre de vue, pour mieux se retrouver.
On assiste à la naissance d'une amitié qu'on jalouse aisément.
On assiste à la construction d'un homme, celle de Pietro avec ses souvenirs de jeunesse, ses choix, ses questionnements et les prémisses de son émancipation. Son rapport à la vie. Ses relations avec ses parents, notamment son père. Un père incroyablement inspirant… Enfin, ça, c'est ce qu'il projette. Pietro, lui, le voit plutôt un homme envahissant, despote et pénible. Il ne se reconnaît pas dans le regard de son père et d'ailleurs, lui-même ne connaît pas son père. La grande question de ce roman ? Vont-ils avoir le temps de se découvrir ?
On assiste à l'histoire d'amour entre un homme et la montagne. Histoire d'amour qui se transforme rapidement en triangle amoureux... Parce que le lecteur, lui aussi, est invité à tomber amoureux au fil des pages. Je suis tombée amoureuse.
Ce roman, c'est un bout d'héritage. C'est une histoire de filiation. C'est une histoire de construction, de réalisation de soi. C'est une histoire de rencontre. C'est une histoire de solitude. C'est une histoire de rupture et de réparation. C'est une histoire de souvenirs. C'est une histoire d'homme. C'est une histoire de père. C'est une histoire de fils.C'est un roman mélancolique, plein de nostalgie. D'une beauté à couper le souffle. Il m'a donné des envies de montagne, des envies de neige... C'est une prouesse pour l'amoureuse du soleil que je suis.
- Looping d'Alexia Stresi (Stock - 08/03/2017)
- La porte du ciel de Dominique Fortier (Editions les Escales - 05/01/2017)
- Monsieur Origami Jean-Marc Ceci (Gallimard - 25/08/2016)
- Ecoutez nos défaites de Laurent Gaudé (Actes Sud - 17/08/2016)
- Mon autopsie de Jean-Louis Fournier (Stock - 30/08/2017)
Dans Mon autopsie, je dois dire qu'il est au sommet de son art, il n'est pas juste dans la dérision, il est dans l'auto-dérision. Et bon sang, le résultat est truculent !
Le sujet du roman, c'est lui et il a décidé de tailler dans le vif, au sens littéral. En effet, il s'avère que Jean-Louis Fournier est mort, ayant fait don de son corps à la science, il est actuellement sur une table d'autopsie et une étudiante en médecine s'apprête à étudier le corps, le coeur et le cerveau. Avec elle, nous allons analyser l'homme.
Des chapitres courts qui s'enchaînent avec une fluidité digne d'un tour de magie. Ce roman se lit d'une traite, sans le vouloir, juste parce qu'on ne peut pas s'arrêter, il se lit tout seul. Un chapitre, un sujet.. Ou presque, à chaque fois mis en lumière par des titres hauts en couleur.
L'auteur se raconte et il est loin d'être tendre avec lui-même. Aucune fausse modestie, pas d'humilité mal placée. Il se raconte, travers et défauts en première ligne. Il partage de page en page un peu de son intime à la fois physique et surtout, suuuurtout émotionnel et intellectuel. Son passé, son présent, ses pensées, ses regrets, ses remords, ses incertitudes, ses faiblesses, ses questionnements sur la vie, sur la mort, sur la religion, sur l'amouuuur, sur la politique, sur la famille, sur l'écriture, sur la séduction, sur la jalousie.
Il nous parle de tout, de rien, sans jamais s'y perdre. Il enrobe le tout d'un éclat de subtilité, une grande dose d'élégance et de grâce. C'est passionnant et pourtant si ordinaire. La force de ce texte ? Sa simplicité. Ce roman, c'est de la poésie ordinaire, la poésie la plus accessible, la plus concrète et la plus douce.
Séducteur dans la vie, séducteur dans la mort.. j'ai été complètement séduite dans ma lecture. L'auteur jongle avec les mots, et il est brillant. C'est touchant, émouvant, drôle, surprenant, jubilant et plus encore.
- Sa mère de Saphia Azzeddine (Stock - 23/08/2017)
Marie-Adélaïde, c'est une héroïne à mi-chemin entre Fidèle du roman Dysfonctionnelle de Axl Cendres, Paloma du roman L'Élégance du hérisson de Muriel Barbery et Holden L'Attrape-cœurs de J. D. Salinger.
Une héroïne remuante qui n'a pas sa langue dans sa poche, à qui la vie n'a pas fait l'effort de lui faire de cadeaux, et cela, dès sa naissance. Une naissance sous X, sous mauvais augure. Une adoption avortée, un passage en prison, aucune perspective d'avenir... Loin d'être en échec, elle est en questionnement et à force de questions, elle s'y perd.
À la recherche d'un point d'ancrage, elle va se lancer dans la quête et l'enquête de l'identité de sa mère. Mère, dont elle s'est fait une image très précise.
De chapitre en chapitre, elle se lance dans des diatribes et de disgression en digression, elle se raconte en toute sincérité et de façon spontanée : son quotidien, ses décisions (bonnes ou mauvaises), ses doutes, ses raisonnements, ses rencontres. À aucun moment, elle ne tombe dans l'étalage de sentiments et le pathos. Elle ne tente pas de nous attendrir.
Elle nous parle d'elle, mais aussi de la société. Dont elle fait une critique cinglante et cynique, notamment sur le comportement des gens. Un brin moralisatrice, elle tient néanmoins des propos qui ne laissent pas de place au faux-semblant et à l'hypocrisie. C'est vivifiant.
Marie-Adélaïde, elle est piquante et mordante. Elle est drôle, parfois grinçante, un peu cynique et surtout authentique. Elle mord tout ce qu'elle touche. Concrètement, elle n'a pas foi en l'humain et pourtant elle est indulgente et bienveillante avec tous ceux qu'elle croise. Impossible de ne pas s'attacher à ce bout de jeune femme et lui souhaiter de trouver les réponses à ses questions et surtout des lendemains plus doux.
Ce roman se lit à mille à l'heure. Pour en savoir plus sur l'héroïne, son crew farfelu et son enquête fatidique. J'ai l'ai lu avec les yeux exorbités d'un bout à l'autre, pour deux raisons : à chaque réflexion sociétale ou géopolitique, je me suis dit "non elle n'a pas osé ?!". À chaque avancée dans l'enquête de Marie-Adélaïde j'étais comme une groupie qui soutient sous poulain. Évidemment, j'avais le cœur qui battait la chamade. Ce roman ne se lit pas, il se vit.
Saphia Azzeddine boxe avec les mots. Sans jamais nous perdre, l'auteur nous propose une histoire intéressante d'un bout à l'autre. Une histoire portée par une enquête, mais au final, c'est tellement plus que ça. C'est une histoire de place dans la société, d'équilibre et de réalisation de soi. C'est aussi et surtout, une vive, très vive, critique des rapports humains pollués par le paraître, la position sociale et l'argent.
- Arrête avec tes mensonges de Philippe Besson (Julliard - 05/01/2017)
- La daronne de Hannelore Cayre (Métailié - 09/03/2017)
Et vous, quels sont les meilleurs romans de votre année 2017 ?Au plaisir.