Jerry Grey, la cinquantaine, est un auteur reconnu de romans policiers qui aurait pu continuer à vivre heureux entre sa femme Sandra et leur fille Eva, s’il n’était atteint de la maladie d’Alzheimer, ce qui oblige à le placer en maison de santé. Bientôt il se retrouve soupçonné d’un, voire plusieurs crimes et sa mémoire lui faisant défaut ou lui jouant des tours, il en vient à se persuader qu’il est devenu un monstre. Mais un polar où le criminel est montré du doigt dès les premières pages, tss tss tss, est-ce vraiment crédible ?
Si les intrigues convenues des polars ou des thrillers vous lassent, venez faire un tour par ici. Paul Cleave avec ce nouveau bouquin réussit à nous entrainer dans une histoire « prise de tête » qui agace au début, intrigue ensuite et finit par accrocher le lecteur jusqu’à la fin car jamais on ne sait vraiment ce qui se passe.
Nous savons déjà que Jerry est atteint d’Alzheimer ce qui induit des pertes de repères, des souvenirs tronqués ou falsifiés. Jerry Grey écrit ses romans sous un pseudonyme, Harry Cutter, or voilà que dans l’esprit perturbé de notre héros, Jerry et Harry vivent côte à côte, deux voix, deux façons de penser, deux mémoires différentes. Inutile de vous dire que lorsque Jerry est en phase perturbée, c’est un joli bazar dans sa pauvre tête, et quand il reprend temporairement ses esprits, il ne sait plus quoi en penser. Les chapitres alternent le passé et le présent, incluant des extraits d’un carnet disparu où Jerry anticipant sa future perte de raison totale, notait des éléments de sa vie.
Plus le récit avance, plus les cadavres de femmes s’empilent. La police aux trousses de Jerry cherche à élucider ces crimes, le personnel de la maison de santé tente d’aider Jerry, puis Hans, son vieux copain pas trop respectueux des lois va lui donner un coup de main. Mais quelque chose cloche, Jerry le sent bien, coincé entre ses crises de démence et ses courts moments de lucidité il va essayer désespérément de se sortir de ce cauchemar. Mais n’oubliez pas qu’il ne faut faire confiance à personne… même à soi-même ?
Crises de paranoïa où Jerry et Harry conversent avec Harry et Jerry, le tourbillon machiavélique semble sans fin et le lecteur tout aussi égaré que Jerry ne peut que s’abandonner au fil de l’écriture de Paul Cleave, en espérant que l’épilogue éclaircisse cet embrouillamini ?
Ajoutons à tout ce qui précède, une mise en abyme passionnante où l’écrivain réel (Paul Cleave) imagine un écrivain fictif (Jerry) aux prises avec son double (Harry) dans ce qui s’apparente à un montage genre poupées russes… Prise de tête je vous avais dit, vous ne suivez pas ?